Lors des récentes opérations conjointes entre le Mali et la Mauritanie, nos forces armées ont été surprises de découvrir que des forces étrangères combattaient auprès des éléments d’AQMI dans la forêt de Ouagadou. Ces étranges combattants mieux entraînés, seraient venus du Nigéria. Faut-il donc craindre une nouvelle connexion entre AQMI et «Bokoharam» du Nigéria, après les «Djindjawids» du Tchad. Décidemment, le terrorisme n’a plus de frontière.
Si le Mali est désormais connu pour être la plaque tournante du narco-trafic, les premiers acteurs en sont, sans aucun doute, d’origine nigériane. Mais, dans la bande sahélo-saharienne, les seigneurs nigérians de la drogue n’avaient jamais eu autant d’influence. Mais, ces derniers temps, on les voit inscrits sur les registres de la police internationale. Ils sont soit appréhendés, soit recherchés activement pour commerce et détention de stupéfiants. C’est le cas d’un des co-pilotes du plus célèbre cargo de la drogue, appelé désormais «Air cocaïne», activement recherché par les services de sécurité maliens. On se rappelle également des dizaines de kilogrammes de métamphétamines saisis par la douane de Sikasso.
Selon nos informations, cette drogue provenait du Nigéria et était en transit par le Mali pour une destination asiatique. Nos sources révélaient à l’époque qu’il s’agissait d’une quantité appartenant à la mafia japonaise, les Yakusas. C’est dire donc que les intérêts entre cette redoutable mafia et AQMI sont extrêmement liés. Les terroristes nigérians ont besoin du couloir de la bande sahélo-saharienne pour acheminer plus facilement leurs drogues. Il se trouve qu’AQMI a le contrôle de ce même couloir qui passe par le Niger, le Mali et la Mauritanie. En plus, AQMI a besoin de ressources humaines pour renforcer sa troupe qui est évaluée à moins de 300 hommes. Du coté nigérian, les «Bokoharam» ont également besoin des armes dont AQMI vient de se procurer en Lybie. Il s’agit des explosifs légers, des missiles et des véhicules. Les «Bokoharam» qui opéraient à moto, veulent désormais changer de moyens, suite à l’interdiction par le Gouvernement des motos taxis.
Où trouver alors les moyens ?
Abou Zeid aurait proposé un deal très alléchant. «Donnez-moi des combattants ou des otages, je vous fournirai la logistique dont vous avez besoin». Un tel accord entre terroristes de bords idéologiques différents, peut produire de redoutables schémas d’opération.
Aujourd’hui, il est plus que jamais nécessaire pour les pays de la bande «maudite» de redoubler d’efforts pour anéantir les moyens d’AQMI.
La solution militaire semble avoir montré toutes ses limites. Et la Mauritanie est mieux placée pour faire la leçon aux autres, elle dont l’armée a été malmenée dans la forêt du Ouagadou par Abou Zéid et ses hommes.
Abdoulaye NIANGALY