Mercredi dernier, un accrochage a eu lieu entre les forces armées et de sécurité (FAS) et des bandits armés dans la zone de Léré (région de Tombouctou), non loin de la frontière mauritanienne. Le Haut conseil de l’unité de l’Azawad (Hcua) et le Mouvement national de libération de l’Azawad (Mnla) ont vite fait de dénoncer une « violation des accords de Ouagadougou », intervenus en juin dernier entre le gouvernement malien et les rebelles terroristes. Dans le même temps, un porte-parole de l’armée parle, sur RFI, d’une opération de sécurisation des populations confrontées, dans cette zone, à de récurrents vols de bétail.
En dépit des dénégations du porte-parole militaire sur les véritables objectifs de ces actions, voilà des actions que les populations attendent de leurs FAS, attaquer toutes les positions rebelles terroristes. Dans un pays qui se veut souverain, il ne saurait exister des bandes armées qui se comportent en véritables armées, notamment d’un pays fantomatique dénommé Azawad. Ces bandits se réservent le droit de passer à l’offensive soi-disant en attaquant des positions militaires. Mais la seule chose sensée que ces groupes doivent faire, c’est de désarmer et de se livrer à la justice pour répondre des nombreux crimes et exactions qu’on leur impute. A défaut, ils doivent être traqués et mis hors d’état de nuire. Parce qu’on ne négocie pas avec la racaille, la vermine, ça s’extermine.
C’est bien beau de profiter du couvert et du gîte de certains pays comme la France pour faire des déclarations provocatrices et incendiaires malgré le fait que la plupart de ces individus sont sous le coup d’un mandat d’arrêt international. Le gouvernement de transition, illégitime et faible, a laissé faire sous la pression de la communauté internationale, allant jusqu’à signer des accords honteux, mais le gouvernement actuel, qui peut se prévaloir de la légitimité et de la légalité, doit se montrer plus ferme dans la traque et l’élimination de toutes les menaces, même celles potentielles, à la stabilité et à la paix dans ce pays, en général, dans le septentrion, en particulier.
Une solution au problème récurrent du nord
Ce n’est pas parce que des armées étrangères ont aidé le Mali dans sa croisade contre les groupes islamo-terroristes que les autorités actuelles doivent tolérer une armée de rebelles terroristes. Surtout qu’en l’état actuel des rapports de forces, ces bandits armés, qui n’ont pris le dessus sur les FAS que grâce aux nombreux jihadistes surarmés, ne doivent pas pouvoir tenir tête à l’armée nationale ou la narguer.
Une armée nationale qui doit exercer sa souveraineté la plus totale sur tout le territoire national. En ouvrant, à cet effet, toutes ses bases et garnisons, tous ses camps et bastions notamment dans le nord, et d’en prendre le contrôle afin d’assurer la sécurité nécessaire à la relance des actions de développement programmées dans cette partie du pays.
Pour cette mission, les FAS ont le soutien total de toutes les communautés du nord, nomades et sédentaires, lesquelles aspirent à sortir de la spirale de violence déclenchée par quelques individus au but inavouable. Et pour cela, ces communautés n’ont besoin ni dé fédéralisme, ni de partition, ni même d’autonomie encore moins d’une rébellion qui va les lancer sur les routes de l’aventure. Elles ont juste besoin que le processus de décentralisation prenne un cours normal.
Dans une récente déclaration, le nouveau président de la République, Ibrahim Boubacar Kéita, a souhaité une solution durable au problème récurrent du nord. Or, ce problème du nord n’est pas une question de développement, comme l’a d’ailleurs reconnu Bilal Ag Acherif en personne sur les ondes de RFI. Le président du Mnla est tout de même l’une des voix les plus autorisées et les mieux placées pour invoquer les véritables motivations de lui-même et de ses camarades. Le malheur du nord vient du fait que ces individus ne désespèrent pas de sanctuariser le septentrion malien pour développer des trafics en tous genres dans la bande sahélo saharienne.
Zahabi, rebelle puis diplomate
Ceux d’entre eux qui n’ont pas encore les moyens de se lancer dans ces trafics fructueux ont vu en l’Etat une providence dont il faut se servir le plus possible. Ainsi, sous le prétexte fallacieux de brimades et d’ostracisme, ces individus prennent des armes contre le pouvoir central, avec la menace d’une indépendance qu’ils savent impossible, le véritable calcul étant de faire plier l’Etat à leurs quatre volontés, avec le concours compatissant de la communauté internationale. Et comme par hasard, toutes les rébellions s’émoussent avec la satisfaction de revendications diverses. Or, n’est-ce pas la prime à la rébellion que d’intégrer ou réintégrer dans la fonction publique ou les services parapublics des combattants armés aux mains tachées de sang ? Que de financer à coup de dizaines voire centaines de milliards des projets individuels ou collectifs non viables et voués à l’échec ?
Jusque là, tous les accords de « paix » ont été signés sous la pression voire la menace de la communauté internationale pour des raisons connues d’elle seule. Nombreux sont encore à se demander comment, dans les années 1990, alors qu’il faisait l’objet de poursuites judiciaires pour les massacres de Bamba, Fafa et Ansongo, le chef du Front islamique arabe de l’Azawad (Fiaa) a pu fuir du pays et se retrouver, quelques mois plus tard, dans le système des Nations unies.
Aujourd’hui, ce chef rebelle, Zahabi Ould Sidi Mohamed puisque c’est de lui qu’il s’agit, est le ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale. Va-t-il user de l’influence qu’on lui prête pour faire extrader de présumés criminels de guerre, criminels contre l’humanité qui ont trouvé refuge et protection dans certains pays ?
Rien n’est moins sûr car, il faut le rappeler, cet honorable chef de la diplomatie est le seul, parmi tous les signataires du Pacte national signé en 1992, à avoir violé cet accord de paix, et ce, quelques mois seulement après sa signature. Tous les autres signataires, y compris un certain Iyad Ag Ghaly, ont respecté leur parole et fait taire les armes, certains pendant très longtemps, d’autres depuis toujours.
Cheick TANDINA