Les élus des régions du nord-Mali ont, au cours d’une conférence de presse, évoqué leurs inquiétudes face à la lenteur de l’Etat malien et de la CEDEAO dans la reconquête du septentrion malien, aux du MNLA et de ses alliés : Ançar dine et Aqmi. Mais aussi, face au calvaire que vivent les populations dans ces régions. C’était vendredi dernier à l’hôtel Nord-Sud de Bamako.
La conférence était animée par l’honorable Baba Haïdara dit Sandi, député élu à Tombouctou. Il était assisté du maire de Gao, Sadou Diallo et d’autres élus des régions nord du Mali.
Au cours de cette conférence de presse, les élus du nord-Mali n’ont pas caché leur indignation face à la négligence dont font l’objet les populations du nord de la part des autorités de la transition. Depuis l’occupation des trois régions du nord par les assaillants, la situation sécuritaire et humanitaire est catastrophique. Mais force est de constater qu’à Bamako, les autorités se préoccupent peu de cette situation. Les discours ne sont pas suivis d’actes concrets pour recouvrer l’intégrité territoriale, encore moins venir en aide aux populations qui ne savent plus où mettre de la tête. Pire, les assaillants, en l’occurrence, les islamistes d’Ançar dine profitent de cette situation pour endoctriner les populations. N’ayant pas d’autre choix, les populations, qui se sentent abandonnées se voient obligées de faire allégeance aux islamistes. «Chaque jour qui passe, des chefs de tribu se rallient aux rebelles », s’inquiète le conférencier. Selon lui, la situation est indescriptible dans les régions de Tombouctou et de Gao où, les droits fondamentaux de l’homme sont foulés au pied. Cette situation fait dire aux élus du nord que l’armée malienne ne peut pas, à elle seule, reconquérir et sécuriser les régions du nord. C’est pour ces raisons qu’ils réclament, haut et fort, l’appui de la CEDEAO. «Nous demandons à la CEDEAO d’intervenir très rapidement. Elle ne doit pas subordonner son intervention à la requête du gouvernement malien qui peine à prendre une décision par rapport à la question du nord», déclare le député de Tombouctou. Selon lui, l’heure n’est plus à la réflexion, mais aux actes car il y a urgence.
Les élus des régions du nord-Mali jugent incompréhensibles les réactions des membres du CNRDRE et certains leaders politiques qui s’opposent à l’envoie des troupes de la CEDEAO au nord du Mali. «Nous ne comprenons pas le fait que le CNRDRE s’oppose à l’envoie des troupes de la CEDEAO au Mali, alors même qu’ils reconnaissent l’incapacité de l’armée à faire face à la situation. Ce que nous ne comprenons pas aussi, c’est le fait qu’ils ne posent aucun acte allant dans le sens de la sécurisation et de la récupération du territoire national», indique l’honorable Baba Haïdara.
Parlant de l’insécurité alimentaire, l’honorable Haïdara se dit ébahi par les réactions du Premier ministre, Cheick Modibo Diarra, qui n’a pas hésité à mettre toutes les régions du Mali au même niveau. Autre inquiétude des élus du nord : l’absence, de plus en plus, de la question des régions nord du Mali dans les discours des autorités de la transition et des leaders politiques.
Les élus du nord-Mali sont-ils pour une éventuelle négociation avec les rebelles ? L’honorable Baba Haïdara est formel : «négocier avec des assaillants, sur quelle base ? Nous ne voulons autre chose que de bouter ces bandits hors de notre territoire».
Abou Berthé