Rébellion touarègue : l’armée malienne dans la tourmente

4
Rébellion touarègue : l'armée malienne dans la tourmente © Baba Ahmed, pour J.A.

La perte du camp militaire d’Amachach, le 10 mars dans la région de Kidal, a installé un climat de méfiance jusqu’au plus haut niveau de l’armée malienne. La distance qui sépare Bamako du théâtre des opérations et la corruption qui y règne n’arrangent rien.

Le général Gabriel Poudiougou, chef d’état-major général des armées du Mali ne décolère pas face au rapatriement par l’Algérie, le 16 mars dernier, de plus de 100 militaires maliens à l’aéroport de Bamako. « Vous allez retourner tout à l’heure à Gao pour rejoindre le poste de contrôle opérationnel de l’armée (QG), ou vous serez radiés », a-t-il dit aux soldats en question, qui ont abandonné sans combattre le camp d’Amachach, à 7 km au sud de Tessalit, pour franchir la frontière algérienne.

Il s’agit du deuxième rapatriement de militaires maliens auquel l’Algérie procède depuis le début de la rébellion du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), le 17 janvier dernier. Et le général n’a pas tort de menacer de sévir, car un vaste murmure de mécontentement commence à se faire jour au sein des troupes.

« Nous n’avons plus le moral. J’ai l’impression que nos frères d’armes originaires du Sud ne se sentent pas chez eux au Nord : ils abandonnent facilement le terrain aux rebelles et nous laissent seuls. On dirait qu’ils viennent seulement pour se faire de l’argent ou pour avoir des galons. Cette situation ne peut pas perdurer », dit un militaire malien originaire Nord.

Réaction tardive

Un manque de motivation qui semble prendre de l’ampleur, d’autant plus facilement que l’information remonte assez mal au sommet de la hiérarchie, qui tarde à réagir. Par exemple, pour expliquer son repli du camp d’Amachach, au début de mars, le colonel major Elhadji Ag Gamou n’a pas évoqué le très mauvais moral des troupes. Il aurait dit que les alentours du camp étaient parsemés de mines. Or en se repliant, les militaires n’en ont rencontré aucune.

Et le climat de méfiance entre Koulouba et les officiers en poste sur le terrain des opérations ne semble pas près de s’améliorer. Comme le montre le cas de ces combattants touaregs venus de Libye et utilisés par Koulouba comme des miliciens contre la rébellion. Ceux-ci seront bientôt intégrés à l’armée. Une liste de ces hommes a été établie, sous le contrôle du colonel major Ag Gamou. Mais elle contient plusieurs noms de déserteurs de l’armée malienne. « Des anciens soldats et caporaux doivent être réintégrés. Mais sur la liste, ils doivent être enrôlés comme officiers », dit un militaire bien informé.

« D’autres officiers supérieurs font pire, ajoute-t-il. Ils détournent l’argent de l’entretien des matériels militaires, et celui des missions de prévention [patrouille, renseignement et contact avec les populations, NDLR]… Et ils monnaient aux militaires l’obtention de grades ». Conséquence, le matériel est en mauvais état et la capacité de prévention de l’armée fortement diminuée. Pourtant, l’argent a bel et bien été dépensé…

_______

Par Baba Ahmed, à Bamako pour JeuneAfrique.com

Commentaires via Facebook :

4 COMMENTAIRES

  1. Enfin, on commence à renter dans le vif du sujet. La coruption au sein de l’armée(detournement de materiels, de carburant, trafic (vente illicite) d’armes et de munitions, detournement des per diem et frais de mission des hommes de troupes, Recrutement tariés (recrutement de fils à Papa)…
    Face à de tel problème qui persistent dans l’armée et que personne (Hommes politiques, société civile, Verificateur general, Controle d’Etat…) ne soulèvent, une petite bande de Vagabonds bien equipée et surtout bien determinée pourra toujours battre notre Armée Republicaine.

  2. Sur le principe, le général Poudiougou (CEMA) n’a pas tord de vouloir radié les militaires déserteurs; mais à ce rythme là est ce qu’il restera encore des soldats au sein de l’armée? Est ce que cette situation surprend les fameux officiers supérieurs et généraux? je suis tenté de dire que s’ils sont honnêtes, ils ne doivent pas être surpris de voir les gars fuir le combat; les militaires maliens ne sont pas formés pour combattre; ça ce n’est pas la faute des soldats mais de leur hiérarchie; trouver un rôle réel et juste pour l’armée et les soldats et former les hommes pour faire le boulot qu’on attend d’eux; le seul fait de penser que nous sommes des descendants de X ou Y ne peux pas faire de nous des hommes vaillants et courageux; seul une bonne formation adapté à la mission à la gage de réussite; Alors arrêtons le laxisme et les louanges et mettons nous au boulot.
    bonne journée à tous

  3. personne n’a la possibilité de verifier les comptes bancaires et le train de vie des officiers qui ne correspond pas à leur salaire ,,??

  4. Pour une fois tu n’as pas tres tord, la corruption et le detournement de fonds tuent notre armee. A qui la faute ?

Comments are closed.