Si les monuments ne peuvent fuir, souvent les êtres humains doivent le faire pour leur survie. Depuis janvier 2012, le conflit au Mali a contraint plus de 250 000 personnes à trouver refuge dans les pays voisins, notamment au Burkina Faso (107 929), au Niger (55 194) et en Mauritanie (96 484). On dénombre par ailleurs 167 000 personnes déplacées à l’intérieur du Mali.
La situation au Mali empire chaque jour, de nouveaux afflux de population fuient le cauchemar que vit le pays pour franchir les frontières vers les Etats voisins. Le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) n’a pas reçu les financements nécessaires pour répondre aux cinq besoins les plus urgents (eau, sanitaire, protection, abri, soins de première urgence) de ces réfugiés qui sont déjà sous notre protection.
Amnesty International vient tout juste de publier un rapport détaillant les mois de terreur que les habitants du nord du Mali ont vécus. Le rapport dénonce “des séries de violations des droits de l’homme” perpétrées par les acteurs du conflit, qui incluent le viol de femmes et de jeunes filles, la détention arbitraire et des exécutions sommaires.
Je viens de rentrer d’une visite dans le camp de Dembam au nord du Burkina Faso, à 50 kilomètres de la frontière avec le Mali. La plupart des 3 900 réfugiés sont originaires de Gossi, dans la région de Tombouctou, quelques familles viennent de Gao. Ce sont des régions qui sont maintenant sous le contrôle des groupes islamistes.
J’ai parlé avec plusieurs réfugiés sur la situation au Mali et sur les difficultés detenter de reconstruire leurs vies dans les camps ou les installations. Une réfugiée, Aïchatou, Touareg de 62 ans, m’a raconté qu’elle avait été séparée de ses fils, l’un allant vers le Niger, l’autre cherchant refuge à Ouagadougou, capitale du Burkina Faso, et un troisième coincé près de Tombouctou. Elle n’a plus eu de leurs nouvelles depuis des semaines. Elle a emmené avec elle trois enfants de ses voisins. “Malgré les difficultés ici, je suis reconnaissante de ne plus craindre pour nos vies.” Aminaou, 50 ans, a fui vers le Burkina Faso avec ses sept enfants : “J’ai entendu que les attaques avaient lieu dans les villes principales au nord. Il y avait aussi des gangs armés qui rôdaient dans la région. Je ne voulais pas que mes enfants soient exposés à la milice, je voulais les protéger.”
La plupart des réfugiés dans les camps sont des nomades et préfèrent vivre dans des abris faits avec des branches et recouverts de bâches en plastique fournies par le HCR, plutôt que dans des tentes disponibles. Les conditions de vie sont rudes dans le désert, avec des agences comme le HCR se démenant pourassurer les standards humanitaires minimaux pour les réfugiés.
La situation du financement est critique, car le HCR n’a reçu qu’un tiers des fonds nécessaires cette année pour ses opérations au Burkina Faso, au Niger, en Mauritanie et au Mali. Ces insuffisances ont un impact : dans certains camps, au Burkina Faso, les réfugiés ne reçoivent que 9 litres d’eau par jour qu’ils partagent avec le bétail qu’ils ont réussi à emmener avec eux. C’est bien en deçà des standards d’urgence de 15 litres, bien que nous devrions avoir pour objectif 20 litres par jour et par personne.
Le HCR a besoin d’argent pour être en mesure de construire plus de puits ou réhabiliter les sondes. Je ne peux qu’insister sur l’importance de la santé comme mesure de prévention, tout particulièrement pour les enfants qui sont déjà affaiblis par la sécheresse et la faim qui prévalent dans la région du Sahel. Nous ne devons pas permettre à cette situation de devenir encore plus tragique. J’en appelle aux donateurs pour agir rapidement afin que nous puissions aider les réfugiés maliens maintenant.
J’ai travaillé vingt-cinq ans en tant qu’ambassadrice de bonne volonté pour le HCR et en tant que militante des droits de l’homme et de la cause des réfugiés. Malheureusement, mon expérience me force à constater que la communauté internationale est souvent trop lente à réagir pour empêcher le conflit et ne fait quecourir après les urgences alors qu’elles auraient pu être évitées.
Devons-nous toujours attendre une épidémie mortelle, voir le nombre de mortsgrimper vers des chiffres astronomiques ou regarder devant nos écrans de télévision des enfants malnutris avec des ventres rebondis et le voile de la mort dans leurs yeux avant d’agir ?
Faites qu’il nous soit possible d’aider les réfugiés originaires du Mali maintenant : répondez à notre appel. J’en appelle aussi aux dirigeants du monde entier d’exercer la nécessaire volonté politique pour trouver une solution politiquepérenne pour stabiliser la région afin que des réfugiés puissent rentrer chez eux, tels qu’Aïchatou. A long terme, nous devons empêcher le chaos et le conflit de sepropager et de devenir une menace pour la stabilité de toute la région.
Barbara Hendricks, cantatrice et ambassadrice de bonne volonté, à vie, du Haut Commissariat aux réfugiés des Nations unies (HCR)
Depuis cinq mois, le nord du Mali est contrôlé par des islamistes liés à Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI). Ils s’étaient associés aux rebelles touareg du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) dans l’offensive qui avait précipité le coup d’Etat du 22 mars 2012, qui a renversé le président Amadou Toumani Touré.
LE MONDE | 01.08.2012 à 14h09
Et malgré ce constat lamentable et indiscutable, on voit un PM surgonflé qui ose bomber le torse dans les médias, et exprimer toute son autosatisfaction sur son “action” en 100 jours!
Si ce n’était pas aussi dramatique, CMD nous ferait mourir de rire!
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