Depuis dimanche, les réseaux sociaux sont inondés par des événements survenus dans le village de Bounti dans le cercle de Douentza (Mopti/centre du Mali) suite à un raid aérien de la force Barkane à l’aide d’helicoptères faisant des dizaines de morts et de nombreux blessés. Face à ces accusations les autorités militaires françaises ont donné plus de détails.
Selon les explications du l’état-major français, la Force Barkhane a bien mené une opération dans la région de Douentza, non loin du village de Bounti, dimanche 3 janvier. Vers 15h, après une longue manœuvre de repérage, des soldats ont guidé une patrouille de Mirage 2000 dont les tirs ont permis de neutraliser plusieurs dizaines de terroristes.
Par ailleurs, l’état-major nie formellement le récit d’un bombardement sur une fête de mariage à Bounti et cela ne correspond en rien aux observations effectuées par la force Barkhane. Les ciblages sont des opérations parfaitement maîtrisées, rodées, aucune erreur n’est possible, martèlent les autorités militaires françaises.
L’objectif était même identifié depuis plusieurs jours dans une zone caractérisée par la présence avérée de groupes terroristes, dit l’armée française, avant de préciser qu’aucun hélicoptère n’est intervenu lors de cette opération.
Des villageois de Bounti joints par l’Agence France-Presse assurent en revanche avoir été frappés par les tirs d’un hélicoptère lors d’une noce. Il y aurait 19 morts dont des enfants, affirment-t-ils. RFI a eu confirmation que quelques femmes et des enfants originaires de Bounti sont bien actuellement soignés à Douentza. Certaines victimes ont été évacuées vers Sévaré à 150 kilomètres au sud-ouest de Douentza pendant que d’autres ont succombé à leurs blessures.
Cette thèse a été confirmée par certaines sources locales qui disent que la frappe n’a pas visé le village, mais une forêt située aux alentours. Les mêmes sources indiquent que le village est cartographié comme zone rouge depuis quelque temps. Ceux qui ont été pris pour cibles, ont été taxés de terroristes déguisés en civils poursuivent les memes sources. Le bilan serait de 16 morts et non 100.
Selon l’organisation de la jeunesse Tabital Pulakuu, une association qui promeut la culture peulh, les bombardements auraient touché un mariage célébré à Bounti. Les témoignages recueillis par notre source à Douentza parlent d’hélicoptères qui auraient tiré depuis une très basse altitude.
Mais pour l’heure, il est difficile de savoir ce qui s’est réellement produit dimanche après-midi dans cette zone reculée du Gourma malien. Aujourd’hui la situation reste encore très confuse. Par le passé l’opération Barkhane s’est déjà trouvée dans une position similaire. C’était en 2017, après un bombardement à Abeibara, dans le nord-est du pays, où des militaires maliens étaient tenus en otages par des jiadistes. L’état-major avait alors assuré sans équivoque qu’il s’agissait d’un camp d’entrainement terroriste.
Bréhima DIALLO
Source Rfi