Après Niamey, la capitale du Niger, en mai 2015, Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso, a abrité, du 26 au 27 avril 2018, le grand conclave des ministres du G5 Sahel ayant en charge les Affaires religieuses. Il s’agit d’examiner, de fond en comble, le phénomène de la radicalisation et de l’extrémisme violent dans l’espace sahélien, ainsi que les réponses les plus idoines pour y faire face, en prenant notamment en compte les 17 recommandations issues justement de la réunion de Niamey.
Panel des ministres en charge du culte du G5 Sahel, à Ouagadougou, Burkina, 26 avril 2018. (VOA/Issa Napon).
Le ministre malien des Affaires religieuses et du Culte, Thierno Amadou Omar Hass Diallo, a pris part à cette rencontre de Ouagadougou où il a invité ses collègues du G5 Sahel à “sortir de la laïcité béate”, sans doute héritée de la colonisation française, pour une “conception et une pratique de la laïcité en conformité avec nos réalités sociopolitiques et culturelles”.
L’Etat ne doit pas abandonner le champ religieux aux seuls religieux, sans droit de regard ni devoir de vigilance, au risque de voir ledit espace investi, le plus souvent, selon le ministre Diallo, par des gens “incultes ou mal intentionnés” pour véhiculer des messages tronqués et/ou contraires aux valeurs fondamentales de la religion, de toutes les religions, à savoir : l’amour du prochain, le respect de toute vie, l’esprit de pardon, le droit à la différence, le devoir de solidarité ou de partage, etc.
Au contraire, a plaidé le ministre Diallo, les Etats du G5 Sahel doivent revoir leur copie en la matière, en considérant la religion comme “un facteur de paix et de développement”, dont la sphère fait partie intégrante de l’espace public dans une démarche holistique et transversale, c’est-à-dire les deux faces d’une même médaille : l’épanouissement individuel et le bien-être collectif.
Il a cité, à l’appui, l’expérience malienne pour la formation et l’encadrement de 500 imams, en partenariat avec le Royaume chérifien du Maroc, dont 400 ont déjà regagné le Mali.
En plus de la formation théologique suivant le rite malékite qui privilégie “l’islam originel du juste milieu”, sans oublier l’enseignement des autres religions monothéistes, pour favoriser le dialogue interreligieux, ni celui de la philosophie pour développer leur esprit critique, les imams qui séjournent au Maroc bénéficient également d’une formation en informatique et autres métiers pratiques pouvant faciliter leur insertion professionnelle dans le tissu économique et social du pays, a ajouté le ministre malien des Affaires religieuses et du Culte.
Le ministre Diallo a emporté l’adhésion de ses homologues du G5-Sahel pour la pertinence de ce double choix, la formation théologique en tandem avec la formation professionnelle, la conviction étant définitivement établie parmi les ministres que les chars, les avions de combat, les drones et autres engins de la mort ne seront jamais déterminants dans la victoire finale contre la radicalisation et l’extrémisme violent dans l’espace sahélien, ni ailleurs dans le monde.
Source : CCOM/MARC