Des propositions pour lutter contre le terrorisme et pour le retour définitif de la paix au Mali

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Pr. Issa N'Diaye

«La lutte contre le terrorisme est en réalité un champ d’affrontement et de complicité entre deux impérialismes, l’un occidental et l’autre arabo-salafiste. L’impérialisme arabo-salafiste est celui où les cadres arabophones servent de relais pour le financement des pétromonarchies du Golfe. Ceux-ci distillent un Islam réactionnaire et sectaire dans la conscience de la jeunesse malienne désorientée par la crise économique, la faillite de notre système éducatif, la dégradation de nos cultures et valeurs de civilisation. Les tentatives de substitution de l’arabe à nos langues nationales jusque dans les salutations donnent une idée des tentatives d’acculturation au Mali. La prolifération des medersas et des mosquées d’obédience salafiste, surtout dans les quartiers déshérités, constitue un des leviers. Le paysage idéologique malien est saturé par les sectes et par les leaders religieux. L’argent des pétromonarchies du Golfe circule sans aucun contrôle jusque dans les villages les plus reculés. On parle de djihadisme dans le Nord du pays alors que la menace couve partout dans le Sud. Il faut donner un coup d’arrêt à l’arabisme agressif et sectaire.

La prolifération des regroupements à base ethnique un peu partout dans le pays, sous des patronymes divers, constitue elle aussi une menace dangereuse pour la cohésion nationale. Seules nos cultures endogènes et nos langues peuvent nous en protéger. Les langues d’un peuple constituent sa racine, sa sève de vie. Y renoncer conduit inévitablement au suicide collectif. Il nous faut aussi sortir des analyses réductrices sur la lutte contre le terrorisme. Derrière ce vocable se cache une stratégie de chaos, de dislocation et d’émiettement de nos pays. Les mouvements djihadistes et leurs leaders sont sortis, pour la plupart, des laboratoires des services secrets occidentaux. On le sait depuis longtemps.

D’un côté, on crie au terrorisme, de l’autre, on vend des armes et on ferme les yeux sur les financements colossaux qui alimentent les forces djihadistes utilisées comme fantassins dans des guerres d’agression qui ne disent pas leur nom. La collusion entre ces deux impérialismes est stratégique même si quelquefois apparaissent des contradictions. Il nous faut sortir de ces prétendues guerres contre le terrorisme. Elles nous enferment dans un cercle de dépendance sans fin et nous plongent dans un cycle infernal de violences inouïes.

Avec la base militaire française de Tessalit, la France a obtenu un avantage stratégique décisif qui permet de tenir dans sa ligne de mire, tous les pays de la région, surtout l’Algérie, principal obstacle à la domination française dans cette partie de l’Afrique. Il est clair qu’il n’y aura pas de paix au Mali sans une coopération au minimum avec l’Algérie. Les errements politiques du Mali et ses renversements d’alliance à répétition tantôt avec la Lybie, tantôt avec le Maroc ou avec l’Algérie, voire avec d’autres pays, ont largement contribué à décrédibiliser l’Etat malien. Le rétablissement de la paix et de la sécurité au Mali passe nécessairement par une alliance stratégique avec l’Algérie.  Il ne s’agit pas d’être bêtement pro-algérien ou anti-français. Il s’agit de faire ce qui est dans l’intérêt du pays. Il ne faut pas se leurrer. Il n’y a pas d’autre alternative. Il convient d’en discuter avec l’Algérie directement et en toute franchise en tenant compte des impératifs nationaux des deux pays. La condition essentielle à cette alliance stratégique passe par la fermeture de toutes les bases étrangères au Mali. Il n’y aura ni de souveraineté nationale ni de paix avec des troupes étrangères sur notre sol. Il revient au Mali d’en créer les conditions. Et cela ne relève pas du miracle. Aux Maliens d’aimer le Mali et de s’en soucier réellement. Pas uniquement dans des discours mais par des actes posés.»

Professeur Issa N’DIAYE

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6 COMMENTAIRES

  1. JE suis d accord de faire partir toutes les forces étrangères du Mali dès aujourd’hui hui, mais je ne vois pas pourquoi discuter avec l Algérie le Mali est indépendant souverain ou pas ?

  2. Professeur Issa dans votre analyse je suis parfaitement d’avis avec vous . Mais dire que la solution est Alger je suis diamétralement opposé. Souvenez-vous du FIS premier terroriste algérien dont il ont renvoyé chez nous avec leurs armes et munitions, souvenez-vous de la bande 400 km de large que notre ami nous a coupé lors du bornage de notre frontière, souvenez-vous aussi que chaque fois que notre chère Mali veut extraire son pétrole notre ami Algérie réveille une rébellion dormante contre nous.

  3. Tapez votre commentaire ici :M. le professeur,expliquez nous un peu l obligation pour notre pays de discuter avec l Algérie.Je ne comprends rien.Quand j etais au primaire,j ai dessiné la carte du Mali pointu au nord.Arrivé au college cette partie est devenue plate sans explication.Et maintenant on doit traiter avec ce pays?Je ne comprends pas ,expliquez nous en large svp au prochain journal.

    • Mr Samake’, ne cherchez pas a’ comprendre car ” …. ce sont des masques qui tombent.”

  4. Cher professeur, l’Algerie ne joue pas le franc jeu avec le mali sinon le pays ne serai pas dans ses problèmes . Est ce que le fait que l’Algerie ait dit que leur intervention sera juste leur frontière ne te dit rien. Il ne veux pas notre bonheur sinon la France ne serait pas là. Professeur, même le pays qui n’est pas le mali ne peut trouver des moyens nul part pour faire face aux djihadistes ,voyez ailleurs comme en syrie, au yemen, en Iran en irak ils sont aidés par d’autres pays et pourquoi tu veux que le mali cherche seul sa solution. Professeur cesser d’amener la population qui te croit vers cette porte de sortie obscur. Tu a été courageux de dire non a cette situation nous sommes d’accord mais dire qu’il faut que le mali trouve la solution après le départ des forces étrangères veux dire que toi aussi tu veux un état islamique au mali. Tous ceux qui parlent du départ des troupes étrangères (journaux,personnes) sont tous,proches des djihadistes.

    • Vous êtes tous tombés dans la stratégie de communication tracée par les occidentaux.
      On fait créer un problème avec les jihadistes pour ensuite se porter secours aux pays victimes.
      L’ Algérie n’a pas envoyé ses troupes chez nous.
      Ce sont des jihadistes en débandade qui sont venus se réfugier chez nous.
      Nos autorités avaient le choix soit de les chasser là où ils sont venus,soit de les accueillir à bras ouvert avec toutes les conséquences notamment celles d’exporter leurs idéologies au MALI .
      Le choix de les accueillir a été fait par ATT.
      On les aurait chasser le MALI aurait connu un autre destin que ce qu’ on vit aujourd’hui.
      ATT aussi.
      Et pourtant Algérie a plusieurs fois mis en garde notre ancien président .
      Son entêtement a même énervé notre grand voisin qui voyait une manière de lui porter un coup.
      C’est pourquoi quand les jihadistes se sont retournés contre leurs «amis »l’Algérie a laissé ATT assumer son irresponsabilité.
      Il n’y a pas de doute qu’ Algérie collaborera dignement avec un président nationaliste qui pense réellement à l’ intérêt du MALI comme il l’a fait efficacement avec MODIBO KEITA .
      Seuls l’Algérie et le MALI peuvent mettre fin à ce conflit.
      La France n’a pas intérêt à voir la sécurité s’installer à court terme.
      Tous les esprits évolués savent que si la France veut la paix dans cette partie de notre territoire ,elle l’aurait fait depuis longtemps.

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