Alertée par le ministère de l’Artisanat, de la Culture et du Tourisme, une importante délégation de l’Unesco, dirigée par la sous Directrice de la zone Afrique, Mme Lalla Aïcha Ben Barka, a séjourné du 18 au 20 mai dans notre capitale. Objectif: chercher les voies et moyens de sauver le patrimoine mondial au Mali. Faisaient partie de la mission, le Directeur central du patrimoine mondial, Kishore Rao et le chef de l’Unité Afrique du Centre, Lazare Eloundou Assomo.
Au terme de la mission de l’Unesco dans notre pays, Mme le ministre Diallo Fadima Touré, a organisé une rencontre avec la presse et a tenu à remercier l’Organisation pour avoir répondu tout de suite à sa requête en alertant l’opinion internationale. Mme Lalla Aïcha Ben Barka a confié aux journalistes que la mission était là pour voir ce qu’ensemble le gouvernement malien et l’Unesco pouvaient faire pour sauver notre patrimoine. Elle a ensuite déclaré qu’en réaction aux évènements récents dans le nord du Mali, la Directrice Générale, Mme Irina Bokova, avait exprimé sa préoccupation quant aux conséquences possibles du conflit armé en cours sur les biens inestimables dont regorgent Tombouctou et Gao. Elle avait aussi exhorté au respect de la préservation des sites et appelé à une action concertée pour éviter la perte des trésors documentaires de Tombouctou.
Mme Ben Barka dira que, dès les premiers jours, l’Unesco a réagi. «Nous avions dénoncé cet acte et attiré l’attention de l’opinion internationale pour la surveillance du patrimoine mondiale». En ce qui concerne les manuscrits du Centre Ahmed Baba, elle ajoutera «nous espérons que nous n’allons pas arriver à un conflit armé. Toutefois, nous avons envisagé d’extraire les manuscrits et de les préserver».
Avant le point de presse, la mission avait rencontré les organisations de la société civile, car la profanation des mausolées interpelle toute l’humanité. «Pour l’Unesco c’est un acte très grave. Aussi notre mission est venue pour écouter toutes les parties prenantes et partager avec vous les conventions. L’Unesco attache beaucoup d’importance à la culture, le cas du Mali va faire école», a-t-elle ajouté.
Le Directeur du centre Ahmed Baba a déclaré que c’est désormais lui qui servait de résidence à Ansar Dine et que les islamistes gardaient les lieux. Il a demandé à tous les pays qui ont contribué à sécuriser les manuscrits de sauver le Centre Ahmed Baba. L’Imam Thiam du Haut Conseil Islamique, a déploré le fait que les Maliens ignorent ce qui se passe à Tombouctou. «Il n’y a pas que la profanation du patrimoine mondial. Toutes les écoles sont fermées», s’est-il indigné.
Pierre Fo’o Medjo