Encore et encore, s’agissant du processus de règlement de la crise malienne, l’on aura tout entendu, tout vu et tout enduré. Ce, tant au plan sécuritaire, militaire, politique et diplomatique que de bon voisinage. Et, pour cause, voilà, au grand étonnement du peuple malien, c’est notre voisine du Nord-ouest, la Mauritanie, qui déploie ses troupes et mercenaires militaires jusqu’aux portes de la ville de Kidal. Ce, en accord tacite avec la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA). Ce mouvement rebelle reconnu être non seulement à la base de la déstabilisation du Mali mais aussi en connivence avec les mouvements terroristes sévissant dans toute la région ouest-africaine. Ce qui constitue, selon un analyste de la crise malienne, une preuve de complicité de Nouakchott avec les groupes autonomistes de l’Azawad. Ce qui constituerait la nouvelle stratégie de la CMA au plan sous-régional pour compromettre davantage le processus de mise en application de l’accord d’Alger signé entre Bamako et les groupes armés du Nord.
Pour des raisons non avouées encore, Nouakchott vient de déployer ses troupes dans la région de Kidal. Et Bamako assiste impuissant à cette violation inadmissible de l’intégrité territoriale de notre pays constituant en même temps un acte de blocage du processus de paix et de réconciliation nationale sur le dos du Mali.
En effet, selon un confrère de la place citant une source sénégalaise, il y a un contingent mauritanien déployé à l’entrée de la ville de Kidal depuis l’approche de l’investiture du président IBK, le 4 septembre dernier. Cela, selon une source concordante, en accord implicite avec la Coordination des mouvements de l’Azawad qui œuvre inlassablement à la création d’un Etat Azawad dans l’Etat malien.
Donc, c’est sur invitation du mouvement indépendantiste touarègue. Selon une source bien informée, l’instance dirigeante de la CMA doit être impliquée dans cette affaire qui fera partie des causes des lenteurs constatées dans la mise en application la teneur de l’Accord d’Alger. Sans détour, un haut fonctionnaire ayant requis l’anonymat estime qu’il y a par là acte de démission diplomatique du Mali face à la rébellion.
En tout état de cause, notons que Bamako doit être au courant de cet envahissement du territoire national. Mais n’ose pas piper mot ou parce que le président mauritanien s’est impliqué personnellement dans la mobilisation de l’électorat des régions du Nord en faveur du de son homologue malien, Ibrahim Boubacar Kéita, qui vient d’y obtenir le record absolu lors du scrutin présidentiel dernier.
Au passage, rappelons que, dès après sa réélection, c’est en Mauritanie que le Président IBK s’est rendu avec une forte Délégation de griots et d’artistes pour remercier son homologue Aziz. Cependant, force est de reconnaître que la Mauritanie a joué, à la fois, le rôle de pyromane et pompier dans cette crise malienne. Car, non seulement elle accueille un nombre important de réfugiés maliens sur son sol, fait partie de la Force du G5-Sahel et avait toujours plaidé auprès de la communauté internationale pour l’opérationnalisation des camps militaires communs (Moc) de Kidal et de Tombouctou, mais, en revanche, Nouakchott a toujours soutenu les mouvements séparatistes touarègues et a toléré la présence des terroristes à l’intérieur de ses frontières contre le Mali. Donc, avec elle (la Mauritanie), ce sont des rapports avec en toile de fond une politique d’hypocrisie et diplomatique laconique que le Mali entretient.
Certes, l’on peut comprendre que le Mali ne puisse pas vaincre militairement les hordes rebelles alliées à leurs compères terroristes. Mais, l’on est en droit demander avec force comment comprendre que les mêmes rebelles dament le pion à un État doté d’un ministère des Affaires étrangères et d’une bonne centaine d’ambassadeurs.
Ce qui présage que la CMA ne compte pas lésiner sur les stratégies diplomatiques pour amener le régime d’IBK à nous faire avaler toutes les couleuvres.
Amadou N’Djim