Il a tenu à expliquer et donner la position du Mali par rapport à cette attaque terroriste sur les différents médias occidentaux, RFI, RTL9, France24 et bien d’autres. Bref, la voix du Gouvernement a été entendue. Nous vous proposons l’intégralité de son intervention sur France24.
On va revenir sur cette prise d’otages à Sévaré, une ville stratégique, la ville qui abrite le 2ème plus grand aéroport du pays. Ce sont des personnels de la MINUSMA qui étaient dans cet hôtel, comment cette attaque a pu être possible avec autant de présence militaire dans cette localité ?
Choguel Kokalla Maïga : vous savez, la guerre asymétrique a cette caractéristique, c’est que les ennemis ne viennent jamais de là où on les attend. Nous sommes une population diverse, une population multicolore et les ennemis de la paix aujourd’hui, recrutent dans toutes les couches de la population. Au début, les gens pensaient qu’ils recrutent uniquement au nord du pays, mais aujourd’hui ces organisations terroristes recrutent dans toutes les communautés, c’est ce qui fait qu’on ne peut pas sécuriser tous les coins, on ne peut pas imaginer à tout moment que les terroristes sont partout. Mais je dois dire que nos forces armées et de sécurité ont fait preuve de vigilance, parce que dans cette opération, dès que les premières annonces ont été faites, elles ont pris leur responsabilité. Les images que vous montrez en direct, prouvent que les forces armées et de sécurité maliennes sont déterminées à relever le défi que l’histoire leur a imposé.
Malheureusement, cette prise d’otages fait suite à une semaine particulièrement meurtrière pour votre pays, avec cette double attaque de dimanche à Gao, des militaires maliens ont été tués à Gourma Rharous, on sait que le président Ibrahim Boubacar Kéita a annulé son voyage sur l’Egypte, où il devait participer à l’inauguration du nouveau canal de Suez pour raison d’insécurité interne. Est-ce que vous, gouvernement malien, vous étiez particulièrement visés par des menaces ?
Choguel Kokalla Maïga : le Président Ibrahim Boubacar Kéita, dès son installation à la tête de l’Etat malien, a fait sa dédicace pour la paix, et rarement dans l’histoire de notre pays, pour ne pas dire jamais, la question de l’armée malienne n’a été autant au centre des préoccupations du chef de l’Etat au Mali. Comme je le disais tantôt, nous faisons face à une guerre asymétrique qui, par définition est imprévisible dans sa conduite.
Donc, il n’y avait pas de menaces, ces attaques sont survenues de manière fortuite ?
Choguel Kokalla Maïga : le terrorisme menace aujourd’hui partout, dans tous les pays du monde, et le Mali constitue une cible particulière. Le chef de l’Etat, vous venez de le rappeler, a annulé son voyage sur le Caire, malgré l’invitation aimable que lui a adressée le Président égyptien, précisément pour faire face à cette situation. Parce que le même jour où il devait partir, il y a eu une attaque terroriste au nord du Mali avec le bilan que vous savez. Hier, il a été rendre visite aux blessés, demain encore il se rendra dans une école militaire. Cela, pour dire que l’armée est au centre des préoccupations du chef de l’Etat malien, c’est sa préoccupation principale. L’ensemble des chefs de l’Etat de la sous-région lui ont manifesté leur solidarité. D’ailleurs, dans ces deux jours, les coups de fil n’ont pas cessé, venant des chefs d’Etat africains et de la communauté internationale pour exprimer leur solidarité au Mali. Ce qui montre aujourd’hui qu’on a, à la tête du Mali, un Président qui tient bien la barque, qui a fixé le cap pour son armée et pour son gouvernement.
Est-ce que le Mali connait ses ennemis ? Il y’a eu des tensions, des attaques entre les groupes armées, les attaques récentes ont été revendiquées par Aqmi, ce soir on ne sait pas encore qui est à l’origine de ces prises d’otages. Est-ce que le Mali connait vraiment ces personnes qui l’attaquent ?
Choguel Kokalla Maïga : le Mali est en guerre contre le terrorisme. Et le terrorisme a plusieurs facettes. Je dois, d’ailleurs, saisir cette occasion pour lancer un appel à nos frères des groupes armés qui ont signé l’accord de paix, issu du processus d’Alger, pour qu’ils se démarquent par des prises de position très claires, aujourd’hui pour dire qu’ils n’ont rien à voir avec le terrorisme. Parce qu’il s’agit, aujourd’hui, de faire la part entre ceux qui veulent la paix et ceux qui ne veulent pas la paix. Ceux qui veulent la paix, c’est le Mali, la Communauté Internationale, la population malienne, toute la classe politique (opposition et majorité) et plus, naturellement, nous sommes convaincus, les mouvements qui viennent de signer l’accord de paix. Il faut donc que ceux-ci se retrouvent du même côté, pour que notre peuple parle de la même voix contre le terrorisme qui est dans notre camp.
Voilà donc, comment la situation se présente aujourd’hui.
Vous en appelez donc à l’unité nationale ?
Effectivement, l’unité nationale pour parler d’une seule voix. Pour cela, nous comptons sur le soutien de la Communauté internationale avec le Chef de l’Etat, qui a décidé de faire de la pacification du Mali sa priorité.