Prise d’otages à l’hôtel Radisson Blu de Bamako : 21 morts dont 2 terroristes et 7 blessés

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Le bilan officiel de l’attaque terroriste contre l’hôtel Radisson Blu de Bamako, le 20 novembre dernier, est lourd : 21 morts et 7 blessés. Face à la gravité de la situation, le gouvernement, à l’issue d’un Conseil des Ministres extraordinaire, a instauré l’état d’urgence pour dix jours. Un deuil national de trois jours a été décrété à compter de ce lundi. Les enquêteurs sont à pied d’œuvre.

C’est un vendredi noir pour les Bamakois. Ce 20 novembre 2015, très tôt le matin, deux terroristes lourdement armés débarquent à l’hôtel Radisson Blu. Très déterminés, ils ouvrent le feu sur les agents de sécurité pour ensuite s’engouffrer dans l’hôtel. Venus pour tuer, les assaillants tirent sur tout ce qui bouge. Le quartier est totalement bouclé par des policiers et militaires qui ont établi un périmètre de sécurité autour de l’hôtel.  C’est aux environs de 9 heures que les forces spéciales maliennes sont entrées dans l’enceinte de l’hôtel pour tenter de libérer les quelques 170 otages composés en majorité d’étrangers. Ainsi, les forces maliennes, épaulées par les forces de la Minusma et les forces françaises, libèrent étage par étage, l’hôtel Radisson Blu. L’intervention des forces spéciales a duré 7 à 8 heures. Au terme de l’assaut avec la neutralisation des deux terroristes, on dénombre 21 morts dont 18 clients, un gendarme malien et 7 blessés, tous admis dans les centres hospitaliers. Concernant le bilan matériel, la direction de l’hôtel Radisson Blu est en train d’évaluer les dégâts causés par cette attaque terroriste. En principe, son rapport doit être rendu public aujourd’hui.

L’attaque a été revendiquée par le groupe terroriste, lié à Al-Qaïda, Al-Mourabitoun de Mokhtar Belmokhtar.

Le Véhicule diplomatique n’a pas été utilisé par les assaillants !

Contrairement à certaines informations, les assaillants ne sont pas venus à bord de ce véhicule 4×4 appartenant à l’Ambassade des USA qui était garé à l’entrée de l’hôtel. L’arrivée du chauffeur à l’hôtel avec quelques personnes à bord a coïncidé avec l’attaque. Le chauffeur et les occupants ont tous pris la tangente devant la fureur des terroristes en laissant le véhicule à cette place. L’équipe de l’enquête, après avoir écouté la version du chauffeur sur le motif de la présence du véhicule sur les lieux, l’a laissé partir avec son véhicule, ce samedi 21 novembre soit 24h après l’attaque.

13 étrangers de cinq nationalités différentes parmi les victimes

A la mi-journée, le Ministre de la Sécurité annonce au cours d’un point de presse, la libération de quatre vingt (80) otages dont 45 Maliens, 2 Ivoiriens, 4 Algériens, 15 Français, 4 Turcs, 4 Chinois, 2 Espagnols, 1 Sénégalais, 1 Allemand, 1 Canadien, 1 Russe. Parmi les otages libérés, figure le chanteur guinéen Sékouba Bambino Diabaté qui se trouvait à l’hôtel : « Je me suis réveillé avec les coups de feu. Pour moi c’était de petits bandits, mais après vingt ou trente minutes de tirs, je me suis dis que ce n’est pas une affaire de bandits », avait-il confié à la BBC.

J’ai fait le mort pour m’en tirer…

De nationalité togolaise, une victime de la prise d’otage sous couvert de l’anonymat a eu la vie sauve en se faisant passer pour mort.  « Quand ils ont ouvert le feu sur nous, je me suis retrouvé couvert de cadavres. Malgré les rafales, par la grâce de Dieu, je n’ai été touché par aucune balle. C’est lorsque les forces spéciales sont venues que je suis sorti de sous les cadavres. Je remercie le bon Dieu ». Le malheureux était à l’hôtel dans le cadre d’une cérémonie sur les énergies renouvelables.

Une quarantaine de gendarmes français du GIGN envoyés en renfort

C’est une lapalissade que de dire que la France de François Hollande appuie le Mali dans sa croisade contre les djihadistes et le terrorisme. Cela se manifeste de plusieurs manières. De l’opération Serval devenue Barkhane, en passant par l’appui, la formation des éléments des forces de défense et de sécurité, la France est présente pour aider et soutenir le Mali dans la lutte contre les forces du mal. Ce soutien s’est manifesté, avec la promptitude qu’il était de mise, ce vendredi 20 novembre, lorsque la France a dépêché une quarantaine d’éléments des forces spéciales, des gendarmes du GIGN pour aider les forces maliennes à neutraliser les bandits.

La Guinée décrète trois jours de deuil national !

Selon le site Guineenews, le Président de la Guinée-Conakry, Pr Alpha Condé, a décrété trois jours de deuil national en guise de solidarité. Pour empêcher tout éventuel cas de terroriste en Guinée qui guette tous les pays, Alpha Condé semble prendre le taureau par les cornes : « Je fermerai toutes les écoles franco-arabes dont les élèves portent des voiles intégrales », menace-t-il.  « Il faut que tous les Guinéens prennent leurs dispositions, quand tu vois un étranger chez toi, tu ne connais pas sa destination, il faut lui demander, s’il ne te donne pas de bons renseignements, fais appel aux autorités. Il faut que tout le monde fasse le policier », a enfin conseillé Alpha Condé.

Bravo aux forces spéciales maliennes !

Héroïques ont été nos forces spéciales dans la riposte réservée à cette lâche prise d’otage de l’hôtel Radisson. Elles se sont illustrées par leur vaillance, leur bravoure, leur détermination et leur engagement total jusqu’au sacrifice ultime pour sauver les quelques 170 clients de l’hôtel. Nos forces ont agi avec le plus grand professionnalisme, elles ont libéré 80 otages. Si les otages libérés, étage par étage, étaient conduits en petits groupes, certains ont été portés au dos par nos vaillants militaires et gendarmes pour être mis à l’abri de la furie des ennemis de Dieu. Cette détermination est un signal donné aux forces du mal. Désormais, les terroristes trouveront sur leurs chemins plus fous qu’eux. La vaillance des descendants de Babemba, de Tièba, de Soudiata Kéïta, de Soni Aliber, est retrouvée. Le peuple malien en est fier. Vous n’avez laissé aucun répit aux adeptes de la terreur avant de les éliminer. Bravo !

Trois suspects recherchés, l’identification des assaillants en cours !

Selon des sources concordantes, trois personnes soupçonnées d’être impliquées dans l’attaque contre l’hôtel sont activement recherchées. Ces personnes auraient été repérées grâce à la vidéo de surveillance de l’établissement hôtelier. Vingt-quatre heures avant l’attaque, elles auraient été aperçues à l’intérieur de l’hôtel. Une source proche de la direction générale de la Sécurité d’Etat nous a confié hier en fin de matinée que leur service technique travaille d’arrache-pied à l’identification des deux assaillants. Les enquêteurs pilotés par le Procureur en charge du Pool terrorisme, Boubacar Sidiki Samaké, sont depuis la fin de l’assaut sur le terrain avec le soutien de nombreux experts nationaux et internationaux.

D. T. Konaté

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