Pour lutter efficacement contre l’avancée du désert vers le sud du continent : Les Etats du Sahel font front commun

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sommet-mauritanieLe palais des Congrès de Nouakchott, a servi de cadre, le lundi 27 juillet dernier, à la cérémonie de clôture de la 3ème session de la Conférence des Chefs d’Etat et de gouvernement de l’Agence panafricaine de la Grande Muraille Verte sous la présidence du Chef de l’Etat mauritanien, Mohamed Ould Abdel Aziz. Les travaux de cette importante rencontre ont démarré, le samedi 25 juillet dernier, avec la réunion des experts et la journée du lendemain dimanche 26 juillet a été consacrée à la 4ème session du Conseil des ministres de l’Agence.

armi les personnalités ayant effectué le déplacement dans la capitale mauritanienne, on peut noter les Chefs d’Etat du Mali, Ibrahim Boubacar Keïta, du Soudan Oumar Hassan El Béchir, du Sénégal, Macky Sall, du Tchad, Idriss Déby Itno et du Burkina Faso, Michel Kafando. A ceux-là s’ajoutent le Premier ministre du Niger, Brigi Rafini, le ministre éthiopien de l’Environnement, Belete Tafere Dessa, l’Ambassadeur du Nigéria à Nouakchott, Godwin O. Agamah, en plus du Secrétaire exécutif de l’Agence panafricaine de la Grande Muraille Verte, de plusieurs membres du conseil exécutif ainsi que des partenaires techniques et financiers.

Il convient de signaler que d’importantes résolutions ont été prises à l’issue de ce sommet. Il s’agit, notamment du recrutement d’un nouveau secrétaire exécutif pour l’APGMV en remplacement de l’actuel, le maintien du niveau de contribution financière annuelle des Etats à 50 millions de FCFA.

Aussi, a-t-il été demandé au président mauritanien de continuer à assurer la présidence en exercice de l’APGMV pour un mandat de deux ans et à la levée des sanctions qui pèsent sur l’un des Etats membres, en l’occurrence le Soudan dont le président Oumar Hassan el-Béchir est sous le coup d’un mandat d’arrêt délivré par la CPI. Les dirigeants présents à ce sommet ont noté avec satisfaction les réalisations accomplies par l’Agence telles que la mise en place de 6 agences nationales sur les 11 prévues, l’entame des démarches pour l’accréditation de l’APGMV auprès de l’Union africaine et des Nations unies ainsi que la volonté de faire de la grande muraille verte une initiative salvatrice pour la bande sahélo-saharienne. A celles-ci s’ajoute l’acceptation de la proposition du Soudan de mettre en place une banque carbonne qui pourrait jouer un rôle dans le financement de la Grande Muraille Verte.

Dans un mot prononcé pour la circonstance, le secrétaire exécutif, Abdoulaye Dia a constaté quelques insuffisances, notamment la non certification des comptes de l’agence, l’inexistence de personnel chargé de la comptabilité et des finances, l’inopportunité de rehausser la cotisation annuelle, etc. Avant d’appeler les dirigeants à faire de cette agence une priorité et une référence. Pour cela, il a été recommandé à l’APGMV de poursuivre sa mission de reboisement et de préservation de la biodiversité dans la bande sahélo-saharienne qui va du Sénégal à Djibouti. Ainsi, il apparait clairement que cette alternative est la seule à même d’apporter une réponse adéquate au défi écologique dont est confronté l’espace sahélo-saharien. C’est dans ce cadre que le président mauritanien, Mohamed Ould Abdel Aziz a appelé à une implication effective des populations vivant dans cet espace pour assurer un franc succès au projet dans la mesure où il peut leur garantir une sécurité alimentaire et une amélioration de leurs conditions de vie. Il s’est, en outre, félicité du fait que c’est une initiative africaine et réalisée par des Africains.

Les partenaires déterminés à soutenir le projet

Apparemment, les discours prononcés et les requêtes formulées au cours de ce sommet ne sont pas tombés dans les oreilles d’un sourd. En Effet, à l’entame de son propos, le secrétaire exécutif de l’APGMV, le Pr Abdoulaye Dia, a recommandé aux dirigeants de faire en sorte que chaque personne vivant dans l’espace de cette agence plante un arbre fruitier dans sa maison qu’elle arrosera régulièrement.

Pour montrer sa détermination à faire avancer le projet, il a plaidé pour un soutien financier plus conséquent des Etats membres ainsi que des partenaires à l’institution et l’instauration d’une “Caravane verte” conduite par les jeunes de cet espace pour sensibiliser davantage les populations sur l’importance de ce projet ainsi que son impact sur l’amélioration de leurs conditions de vie. C’est ainsi que le représentant de la Banque Africaine de Développement (BAD), le Mauritanien Lamine Ndongo, a insisté sur la nécessité de clarifier les relations entre l’APGMV et l’Union Africaine. Avant de préconiser une synergie d’actions avec les autres initiatives en cours en Afrique dans le domaine de la lutte contre les changements climatiques.

Quant à son compatriote, Ibrahima Thiaw, directeur exécutif adjoint au programme des Nations unies pour l’environnement, il a proposé trois axes prioritaires pour faire de ce projet un franc succès: transformer la chaleur et les vents en énergies renouvelables, développer l’agriculture en milieu aride et adapter la petite et moyenne agriculture aux réalités de la zone sahélo-saharienne. Avant de marteler qu’aucun pays n’a, à lui seul, les moyens de faire face aux défis des changements climatiques, d’où l’idée de la mise en place de cette initiative. Pour joindre l’acte à la parole, tous les chefs d’Etat présents à cette rencontre ont planté des arbres dans l’enceinte du palais des congrès de Nouakchott.

Des dirigeants salués pour leur contribution dans la réussite de ce projet

Au cours de ce sommet, les dirigeants des pays-membres ont reçu des symboles de reconnaissance de l’APGMV pour avoir contribué au succès que le projet connait actuellement. Parmi ces dirigeants, le Président mauritanien, Mohamed Ould Abdel Aziz, dont le pays abrite le siège de l’APGMV et son homologue tchadien, Idriss Deby Itno ont été chaleureusement félicités pour avoir cru au projet et pour avoir accompagné ses premiers pas à travers des activités concrètes dans le cadre des axes stratégiques de l’Agence.

Cinq autres pays expriment leur volonté d’adhérer au projet

Au cours d’une conférence de presse tenue en marge des travaux, le ministre mauritanien de l’Environnement, Amédy Camara s’est félicité du déroulement de la 3ème session du sommet des Chefs d’Etat et de gouvernement des pays membres de l’Agence qu’il qualifie de “succès à tous les niveaux”. Il estime que l’occasion a été mise à profit pour discuter des acquis réalisés dans le cadre des engagements du plan quinquennal de l’APGMV. Selon lui, la Mauritanie qui a été la pionnière dans la ratification du protocole d’accord de création de cette importante institution panafricaine, a enregistré des avancées notoires dans ce sens. Pour sa part, son homologue soudanais, Dr Abdel Ghahar Hilal, a salué les résultats obtenus au cours de ce sommet qu’il considère comme le plus réussi. Il a précisé que toutes les recommandations formulées par le Conseil des ministres ont été approuvées. Avant d’ajouter que son pays qui dispose d’expertises en matière de changements climatiques et de lutte contre la désertification ainsi que bien d’autres domaines qu’il peut partager avec les autres membres de l’Agence. Il a aussi fait savoir qu’à la lumière de cette rencontre, cinq pays à savoir l’Egypte, la Libye, le Cameroun, la Centrafrique et l’Algérie ont formulé des demandes d’adhésion à l’Agence. Ce qui dénote de l’intérêt accordé à cette structure qui vise à procurer le bien-être aux populations, à ouvrir de nouveaux marchés pour les produits agricoles, à créer des centres de santé et à libérer les Africains du sous-développement. Quant au ministre sénégalais en charge de l’environnement, Abdoulaye Baldé, il a rappelé que ce sommet intervient à la veille de deux évènements majeurs qui seront organisés cette année. Il s’agit du sommet de New York en septembre où sera adopté un nouvel agenda international relatif aux objectifs du développement durable et la 21ème conférence sur le climat qui sera organisée en décembre prochain à Paris. Avant d’indiquer que l’APGMV a un grand rôle à jouer dans ce cadre en tant qu’outil d’atténuation.

L’APGMV un véritable outil de partenariat régional

Créée le 10 juin 2010, sous l’égide de l’Union africaine et de la CEN-SAD, par les Etats sahélo-saharien, l’Agence panafricaine de la Grande Muraille Verte regroupe la Mauritanie, le Mali, le Sénégal, le Niger, le Tchad, le Burkina Faso, le Nigéria, le Soudan, l’Erythrée, le Djibouti et l’Ethiopie.

Le projet vise à implanter ou à stabiliser une bande végétale en bordure du Sahara à travers tout le continent africain afin d’endiguer la progression du désert vers le Sud du continent africain. Longue de plus de 7.000 km avec une largeur de 15 km, la Grande Muraille verte est un rempart végétal qui va traverser l’Afrique d’Ouest en Est en passant par 11 pays (du Sénégal à Djibouti). Un projet dont la réalisation va permettre de stabiliser les populations tout en tenant compte du triptyque “Paix, sécurité et développement”.

Massiré DIOP

Envoyé spécial

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