Suite à la plainte introduite par le gouvernement du Mali au sujet des atrocités commises dans les régions du nord, le bureau de la Cour Pénale Internationale a accepté d’ouvrir une enquête. Ainsi, pour permettre ces investigations, le gouvernement du Mali avec le bureau exécutif de la Cour pénale internationale ont signé, hier mercredi 13 janvier, un protocole d’accord de coopération judiciaire définissant les cadres et les modalités d’intervention.
La portée de la signature dudit protocole, à travers le Ministère de la justice du Mali et le bureau du procureur de la Cour pénale internationale, vise à définir les modalités d’engagement ou de mise en pratique des actions entreprises dans le cadre de la répression des crimes de guerre commis dans les régions nord du Mali.
Après la signature de ce protocole par les deux parties, le représentant du bureau exécutif de la Cpi non moins chef de la section de la coopération internationale, Amady Ba, a expliqué que l’acte premier qui détermine le cadre des modalités de travail est le protocole d’accord. Selon lui, après avoir recoupé les informations relatives aux crimes commis dans les régions du nord, il s’agit maintenant d’aller chercher des éléments de preuves par rapport à ceux qui ont la plus lourde responsabilité. D’après les renseignements disponibles à ce jour, le bureau se concentrera sur les crimes commis dans les trois régions du nord Mali. Le représentant du bureau exécutif a, par la suite, demandé aux Maliens une coopération soutenue de tous les acteurs afin de parvenir à un résultat souhaité.
A son tour, le ministre de la Justice, Malick Coulibaly, a rappelé qu’après la signature dudit protocole, le Mali jouera pleinement son rôle. «Le Mali a librement consenti à cet accord. Il a librement sollicité l’intervention de la Cpi. A dater de la signature de cet accord, notre pays est lié par cet accord et il jouera sa partition. Nous n’oublions pas également notre rôle dans le cadre du principe de subsidiarité en vertu duquel les autorités judiciaires maliennes sont compétentes pour exercer des poursuites et aller jusqu’à la condamnation si besoin en était», a rappelé le Ministre.
Ibrahim M.GUEYE
La France, le MNLA et le dialogue au Nord-Mali (mise en garde d’un expert français)
La contribution d’un expert français établi en Afrique et qui met en garde l’Etat français dans ses rapports avec le MNLA. Son message va à contre courant de celui d’autres “spécialistes français” tels que Pierre Boilley qui semble se muer en porte parole du MNLA en France.
La France risque de perdre tous les bénéfices de son intervention au Mali, qui a entrainé pourtant une approbation quasi unanime, au Mali, au Niger et dans toute l’Afrique, si elle s’engage, comme elle semble parfois le faire, dans un soutien aux indépendantistes touaregs du MNLA (maladresses ? intoxication ? complaisance ?).
Alors que, de façon générale, les sentiments « anti-français » sont assez prompts à s’exprimer dans les pays africains, pour des raisons multiples (les comptes de la colonisation jamais complètement réglés, les nombreux refus injustifiés et méprisants de visas, la Françafrique, l’arrogance de certains experts, la récente guerre en Lybie…), c’est un enthousiasme quasi unanime qu’ont suscité la rapidité et l’efficacité de la réponse française à la défaite de l’armée malienne à Konna et la décision de libérer le Nord Mali. Quel basculement !
Mais, du jour au lendemain, divers signes malheureux font fortement vaciller ce capital de sympathie.
Alors que les troupes françaises avaient pris jusque-là grand soin, et à juste raison, de se faire toujours accompagner par des troupes maliennes pour libérer les villes, voilà qu’elles sont entrées seules à Kidal. Elles semblaient ainsi cautionner le refus du MNLA de laisser l’armée malienne entrer à Kidal et reconnaissaient en quelque sorte la légitimité de rebelles indépendantistes arrivés la veille dans la ville et qui prétendaient en exclure l’Etat malien !
Qui est le MNLA : un groupe de rebelles indépendantistes touaregs qui a été à l’origine de l’horreur qu’a vécu le Nord- Mali depuis presqu’un an.
Ils ont tout d’abord profité de la guerre en Lybie, et fait croire aux Français qu’en laissant partir vers le Mali avec leurs armes les éléments touaregs de l’armée de Khaddafi ils feraient d’une pierre deux coups : (a) ils n’auraient plus face à eux en Lybie des guerriers bien formés, et (b) ces mêmes guerriers allaient déloger AQMI des montagnes au Nord de Kidal.
On connait la suite, hélas : le MNLA a lancé l’insurrection au Nord, en s’alliant au contraire avec les jihadistes. Il a même proclamé une dérisoire République de l’Azawak. Le MNLA a aussi été directement responsable de nombreuses exactions dans la vallée du fleuve Niger. Mais ses alliés ont vite pris le dessus. Le projet jihadiste d’Ansar Eddine, du Mujao et d’AQMI n’avait que faire du projet indépendantiste du MNLA. Le MNLA a vu beaucoup de ses éléments rejoindre Ansar Eddine. Il a été complètement marginalisé militairement et politiquement, chassé de ses bases de Ménaka et de Kidal. Par deux fois il a tenté de se remettre dans le jeu… en négociant avec les jihadistes (et a même accepté en une occasion la charia !), mais en vain.
Et voilà que ce petit groupe, voyant les succès de l’intervention française, se proclame tout à coup résistant de la première heure aux jihadistes (oubliant ses nombreuses compromissions avec eux), et, apprenant que les jihadistes ont quitté Kidal, se précipite pour occuper la ville avant l’arrivée des troupes maliennes et françaises ! Et entend, contre l’Etat malien, y dicter sa loi !
Diverses déclarations venant de France accroissent le malaise. On présente le MNLA comme « représentant du peuple touareg », voire des « populations du Nord ». C’est totalement faux : le MNLA ne représente que lui-même, et la grande majorité des Touaregs ne le suivent pas. Quant aux populations du Nord, elles sont multi-culturelles (il y a aussi les Songoï, les Peuls, les Arabes, les Bozos, et d’autres encore), et les Touaregs sont minoritaires. On présente le MNLA (pourtant mis en déroute par les jihadistes en quelques brèves batailles) comme seul capable de débusquer les jihadistes des montagnes et des grottes, alors que les troupes maliennes comptent de nombreux militaires touaregs en leurs rangs, et que les Tchadiens et les Nigériens connaissent bien ce genre de terrain ! On présente le MNLA comme un rempart contre les règlements de comptes ou un partenaire privilégié de la réconciliation, alors qu’il est au contraire un facteur profond de déstabilisation et de confusion.
Depuis longtemps la France est accusée, dans les opinions publiques au Sahel, d’une grande complaisance vis-à-vis des groupes indépendantistes touaregs. Certains pensent qu’elle veut toujours ressusciter un vieux projet colonial d’Etat saharien à sa botte, par exemple pour contrôler les ressources du Nord Mali et du Nord Niger. Je ne partage pas ce soupçon, et je crois qu’il s’agit surtout de l’efficacité du lobby pro-indépendantiste en France et d’un manque de connaissances de la classe politique française sur le Sahel. Mais l’attitude actuelle de la France est décryptée en Afrique sur ce fond de méfiance, qu’elle ravive à chaque faux-pas.
On ne peut céder au chantage et au bluff d’un groupe rebelle totalement déconsidéré au Mali ou au Niger.
Certes il faut absolument éviter toute vendetta contre les Touaregs ou les Arabes, tout le monde en est conscient : mais le MNLA n’est pas une solution, c’est une partie du problème, car, par ses rodomontades et ses provocations, il ne fait au contraire que renforcer cette assimilation abusive entre « rebelle » (qu’il soit indépendantiste ou jihadiste) et « Touareg », qu’il faut justement briser.
Certes il faut absolument engager un dialogue politique sur la reconstruction du Nord, mais ce doit être avec tous les représentants du Nord : élus, société civile, chefferies, mouvements divers issus de communautés diverses (et, parmi eux, le MNLA, bien sûr, s’il accepte de déposer les armes et de renoncer à toute revendication d’indépendance).
Enfin, il ne faut pas oublier que, au-delà des jihadistes, c’est le narco-trafic qu’il faut éliminer au Nord-Mali. Or, outre les généraux de l’ancien régime d’ATT, les responsables jihadistes comme les responsables indépendantistes y ont été profondément mêlés.
Jean-Pierre OLIVIER de SARDAN
Directeur de recherche émérite au CNRS, directeur d’études à l’EHESS
Chercheur au LASDEL, Niamey, Niger
Exactement ces prétendus islamistes sont d’abord des narcos-trafiquants comme ceux du MUJAO : Baba Ould Cheikh, Awainat, Mokhtar Bel Mokhtar et ses trublions des signataires par le sang c’est plutôt les signataires par la chnouf !! la cocaine la plus pure à défaut d’avoir de vrais pratiquants…
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