Police, gendarmerie, justice… Quand l’insécurité change de visage au Mali

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Trois mois ou presque, après la nomination de nouveaux directeurs à la police et à la Gendarmerie nationales, rien ne se passe comme prévu. L’on assiste plutôt à la naissance d’une nouvelle forme d’insécurité où les acteurs sont paradoxalement, les garants de la sécurité publique.

La revue de la presse courant semaine dernière donne ceci : A Sogoniko en commune VI, des loubards ouvrent le feu sur des jeunes qui jouaient au football…  Au même moment,  deux gangs rivaux de Bagadadji et Niaréla échangent des tirs. A Kalabancoro, deux tueurs forcenés abattent un époux avec une arme à feu avant de violer la femme. On déplore plusieurs blessés lors de la fusillade.

Mardi 19 juillet : des éléments de la police nationale passent à tabac les membres du mouvement des jeunes sans emplois (MODEM). Des blessés et de nombreuses interpellations, sans motif, s’il  vous plaît !

Dimanche 24 juillet  à San, région de Ségou: Des éléments de la gendarmerie sont cités dans des cas de bavures et de tortures. On déplore 1 mort et plusieurs blessés dont quatre gendarmes ; ils ont essuyé des tirs des villageois. Une cinquantaine de personnes interpellées.

Le constat est tout simplement révélateur d’un profond malaise au sein de nos forces de sécurité, moins de trois mois après la nomination de nouveaux directeurs au niveau de la police et de la Gendarmerie nationales.

En clair, l’on constate amèrement un silence gênant plutôt des autorités face à la résurgence du banditisme d’un côté, et paradoxalement des exactions des garants de l’ordre public de l’autre.

Et en réponse à ce banditisme exacerbé par un manque de riposte, les populations décident, en maints endroits de se faire justice. Toute chose se traduisant par le retour de « l’article 320 » consistant à bruler vif les auteurs de délit ou de crimes pris en flagrant délit ou par  un lynchage en règle.

Paradoxalement et au même moment, des policiers, pourtant plus ombreux que les manifestants (au mois 3 policiers pour un manifestant), décident quand même d’utiliser la manière forte face à des marcheurs aux mains nues et nullement coupable d’un quelconque délit.

Et personne ne songe à faire appel à la justice comme à San, où sans mandat d’arrêt, la Gendarmerie et l’administration décident de régler elles-mêmes leurs comptes avec les autochtones. 

La justice ! Elle aussi, a hélas, donné un aperçu de ses limites. Le saviez-vous: le verdict le plus lourd prononcé par la dernière cours d’assises contre les auteurs avérés  de vols de motos avec agression à main armée, voire, de blessure volontaire, ne dépasse pas 5 ans et avec sursis.

Aussi, l’on constate avec amertume qu’au mois deux malfrats sur cinq sont des récidivistes et dont la peine n’est pas totalement expirée.

A la lumière de toutes ces défaillances du système, doit-on s’étonner de voir les populations prendre elles-mêmes leur sécurité en main ? C’est, en tout état de cause, la pire des choses qui puissent arriver. Et pourtant !

Jean pierre James  et Oumar Diakité.

 

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