Peulh au Nord du Mali : De la frustration au Mujao ?

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La question Peulh n’est pas neuve dans la Région de Gao.  Elle est même la tragédie silencieuse du Nord. D’où cette question :  l’ enrôlement des Peuls dans le  Mujao partcipe t-il plus d’une volonté d’autoj-justice que de l’endoctrinement salafiste ? 

 

Des militants du groupe armé islamiste Mujao dans le Nord-Mali le 10 septembre 2012. REUTERS
Des militants du groupe armé islamiste Mujao dans le Nord-Mali le 10 septembre 2012. REUTERS

Dans les cercles de Gao et Ansongo, la guerre de 2012 avait mis sous veilleuse le long conflit qui opposait les éleveurs peul et des groupes Touareg notamment Imrad. En 2010, ce fut le ministre de l’Administration Territoriale lui-même, Kafougouna Koné qui s’est déplacé à Ansongo pour y célébrer la flamme de la paix, une cérémonie qui devait amener la paix entre les groupes belligérants Peuls et Imghad. Depuis, il y eut une certaine accalmie jusqu’au 22 mars 2010 où une dizaine de Peuls seront arrêtés à Ouatagouna pour avoir attaqué la caserne locale.

 

 

 

Les peuls ripostaient à l’arrestation d’un des leurs emprisonné par l’armée pour détention d’arme de guerre. Il s’agissait d’une Kalachnikov dans une zone où l’exception était de ne pas posséder ce jouet. Auparavant, à travers plusieurs délégations, les communautés Peuls avaient saisi les autorités de Bamako sur les vols de bétail dont ils étaient les victimes. Abdoul Aziz Sy leur dernier représentant à Bamako ainsi que le Lieutenant Diallo n’avaient eu de cesse d’attirer l’attention de l’Etat sur la tragédie qui se déroulait à Ansongo et qui était, selon les propos des Peuls d’Ansongo, une source d’enrichissement pour l’administration locale et régionale, de même que les milices armées Imghad sous les ordres de l’actuel Général Gamou. Novembre 2011, une vingtaine de peuls étaient tués par ces milices et la mission Peul envoyée à Bamako pour y rencontrer les autorités estimait à plus dix milles têtes de vaches, le troupeau volé aux communautés Peul. La lettre envoyée par un berger à Att en novembre 2011 et que nous reproduisons ci-dessous donne une idée du désordre qui régnait.

 

 

L’affaire des Peul Nigériens

 

De novembre 2010 à juillet 2011, les attaques et représailles ont fait 28 morts. Des mesures sont prises pour mettre rapidement fin à cette situation. Pour la deuxième fois en une année le ministre de la Sécurité intérieure et de la Protection civile, le général Sadio Gassama s’est rendu à Ansongo en aôut 2011 poyr y discuter de paix avec les communautés belligérantes. Selon le reporter de l’Essor, cette mission comprenait : le chef d’état-major de la Garde nationale, le colonel-major Yamoussa Camara, le colonel Mady Boubou Kamissoko, directeur général de la Gendarmerie, le colonel Mamadou Traoré, directeur général de la Protection civile, et Georges Togo le directeur de cabinet du gouverneur de la Région de Gao. En fait, de novembre 2010 à juilet 2011, les attaques et représailles impliquant Peuls, surtout du Niger et groupes Touareg et Dawsaq  maliens avaient fait 28 morts.  Dans le Hawsa, la visite cherchait à mettre fin au conflit opposant les Dawsaq aux  peulhs Tolobé du Niger. « Un différend qui dure quarante ans », rappelle le reporter de l’Essor.
Avant Sadio Gassama, Oxfam était passé par là dans les années 1990. Les razias existaient mais avaient atteint un seuil alarmant avec la prolifération des armes légères. Des rencontres intercommunautaires avaient été initiées, sous l’égide cette Ong et avaient permis quelques années d’accalmie..

 

 

 

Du massacre de Tamkoutat

 

Ce 6 février est signée une nouvelle horreur.Trente et un Touareg de la communauté Imghad sont massacrés par des assaillants qui seraient des Peul.

 

 

A la télévision malienne, le ministre de l’Administration Territoriale, donnant le bilan des atrocités dénonce un acte terroriste. Le Mujao est pointé du doigt.

 

 

Les victimes, seraient des forains surtout Imghad familiers de la foire hebdomadaire  de la commune rurale de Tamkoutat. Les circonstances de la tuerie divergent autant que les mobiles. Seules certitudes partagées : l’origine peul des meurtriers et l’horreur absolue du forfait.  Le 7 novembre 2013, une vingtaine de forains sont arrêtés par des hommes armés se réclamant du Mujao et qui les auraient détroussés de quatre millions Cfa. Plus sanglant, à Djebock, le 19 novembre d un vieillard de 70 ans et une petite fille de 3 ans sont assassinés par des hommes armés. Une femme d’environ 70 ans et une petite fille d’une dizaine d’années sont également blessées.  Le Général Gamou est visé : les défunts sont de sa famille et il voit la signature du Mujao.

 

 

Ces informations sont partout y compris sur Wikipedia.

L’information rare, soigneusement ignorée des médias est pourtant celle qui circule sur les téléphones portables des peuls de la Région. Ainsi un humanitaire, après investigation, confirme ceci : « le 25 novembre 2013, la « milice » a fait 53 morts parmi les peulh à la frontière du Niger vers Menaka, suite au meurtre des parents de Gamou ». C’est dire l’urgence d’une enquête impartiale et vraiment républicaine.

 

 

Adam Thiam

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7 COMMENTAIRES

  1. Je suis vraiment desolé de voir que les gens essaye de justifier cet acte barbare et ignoble par le fait les peulhs sont victimes de ceci ou cela. Qu’on nous dise alors quel est le mobile immediat de ces assassinats ignoble. Combien de betes ont été volé quand ou et et par qui ces dernieres semaines ayant declencher cet acte terroriste. Personnes tuée sont elle vraiment les resposables des vols et tuerie (chez les peulhs) passés il y’a des mois? Sinon comment etre sur que les assassins et voleur touareg (Responsables des vols et tueries passés) vont etre dissuadé par cet acte terroriste. Rien ne justifie ni meme n’explique ces tueries barbares. C’est juste du terrorisme et doit etre traité comme tel. A ce que je sache il n’y a pas de milice touareg ( la troupe du Gal Gamou) Ce sont des militaires maliens. A l’etat de les utilisé de facon judicieuse.

  2. Bonjour Thiam, avec tout le respect que j’ai pour vous, est ce votre origine Peulh qui vous a poussé à écrire cet article? car dans ce cas votre analyse n’est t il pas mis en cause?
    Sinon c’est problème sérieux auquel le Gouvernement doit s’emparer sans plus attendre. Qu’Allah bénisse le Mali.

  3. Les peuls n’ont d’autres choix que s’organiser et se defendre. Depuis plusieurs années les milice imrad de l’armée nous attaquent nous volent nous tue sans que celà n’emeuve personne. Maintenant la done a changé. Nous allons tuer ceux qui nous tuent, nous allons piller ceux qui nous pillent, personne n’a le monopole des armes et de la violence. Nous avons appris à nous defendre, nous nous sommes armés et on ne retera plus jamais les bras croisés. Un homme averti en vaut deux. Ce n’est pas fini ça ne fait que commencer

  4. Merci Adam pour cet excellent article. En effet, on se demande fort d’où tire l’origine de la reconversion des peulhs du Gourma dans le MUJAO? Il n’est secret pour personne que la majorité des combattants de ce mouvement terroriste sont de cette ethnie et affichent leur aversion envers les touareg qu’ils considèrent comme des flibustiers du désert. La genèse faite dans cet article est très édifiante et prouve à nouveau la complaisance du pouvoir ATT qui a toujours fait montre de laxisme dans le traitement des conflits sociaux. En son temps, le lieutenant DIALLO avait pris les armes et s’était insurgé dans les confins du triangle Menaka, Ansongo-Ouatagouna. Des affrontements se succédaient et devenaient de plus en plus meurtriers. Avec la débâcle des islamistes du MUJAO, les arrondissements de Tessit, Talataye, Intillit et Ouattagouna sont devenus le refuge des cellules dormantes du MUJAO. Alors, une enquête impartiale s’avère urgente pour élucider cette affaire fulminante.

    • Le MNLA a une peur bleu du MUJAO essentiellement composé de noirs. N’eût été son aventuriste irrédentiste, les autres communautés ont toujours vécu en symbiose avec les fractions touareg et arabes dans le septentrion malien. Maintenant on peut se poser la question de savoir si le MUJAO ne joue t-il pas involontairement un rôle d’équilibriste entre l’Etat malien et les prétentieux du MNLA? Un adage bambara dit: quand deux ennemis s’entre-tuent, on ne peut que s’en réjouir. VIVE LA REPUBLIQUE

  5. Merci Adam et merci encore… c’est ça le métier et du vrai… A chaque fois qu’ on parle du Nord et du Touareg certains tirent la couverture sur eux… Cette crise doit être traitée avec un très grand sérieux de la part des médias et surtout de l’Etat.. Il faut dire non aux voyous et aux médias pourris qui s’autoproclament spécialistes du Nord.. et qui sont prêts à tout pour attiser le feu en nous balançant des communiques merdiques du MNLA. Ils sont champions dans la déformation, le mensonge, la manipulation, l’intox, etc… tous les maux sont propres à eux.. Le plus étonnant, c’est le crédit qu’ on continue à leur accorder.. 😯 😯

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