Otages nordistes tués au Mali : le scénario d’un fiasco

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C’était hier au tour de la famille d’Antoine de Léocour d’être discrètement « conviée » au ministère de la Défense, neuf mois après la famille de Vincent Delory qui l’avait été le 11 juillet. Elle a eu le droit de voir les images – classées secret défense – filmées par l’armée française lors de l’assaut baptisé “Archange foudroyant” dans lequel leur fils Antoine, l’humanitaire de 25 ans, et son ami Vincent, sont morts. « La Voix du Nord » a pu voir ce film, mais aussi écouter les échanges radio entre les pilotes survolant l’opération.

A gauche, le 4x4 des otages en feu. A droite, un mystérieux avion nigérien survole la zone. REPROS « LA VOIX »

D’abord un. Puis deux. Enfin les trois véhicules du convoi se suivent en file indienne au milieu du désert. Un pick-up beige (celui des ravisseurs), un bleu (celui des gendarmes pris à leur tour en otage), un 4×4 blanc où se trouvent les otages originaires de Linselles : l’humanitaire Antoine de Léocour et son ami d’enfance Vincent Delory.

Ce sont des images aériennes, ressemblant aux images satellite météo lorsque les plans sont larges, balayant l’immensité muette du désert entre le Niger et le Mali, où les ravisseurs d’Antoine et de Vincent remontent vers le nord le long d’un cours d’eau asséché. Évoquant un jeu vidéo martial lorsque la caméra zoome, par exemple sur des bosquets où les ravisseurs tendent à l’aide de bâches secouées par l’harmattan une embuscade aux gendarmes nigériens qui les poursuivent.

Au milieu de l’image couleur sable.

Les coordonnées (longitude, latitude) sont indiquées, ainsi que l’heure. Le film dure 42 minutes et 34 secondes. C’est celui qui a été transmis par le ministère de la Défense à la justice. Mais il aurait dû durer une heure et demie puisque l’intervention a débuté à 9 h 36′ 47” pour s’achever à 11 h 03′ 38”. Ce qui veut donc dire qu’il y a eu davantage de scènes coupées que de scènes transmises. Sécurité des troupes toujours en activité dans la zone oblige ? Ou bavure à cacher ?

Car les interruptions – les plus longues allant jusqu’à cinq minutes – ont lieu à des moments stratégiques. Des trous complétés en partie par le récit des ravisseurs (notre édition du 6 janvier).

On se concentre sur l’assaut. Les trois véhicules viennent de se réfugier sous les arbres, ayant manifestement repéré les forces françaises. 10 h 24′ 40” : les militaires sont déposés par les hélicoptères Cougar au sol. À 10 h 27, des hommes sont tapis dans la végétation à une centaine de mètres du 4×4 blanc. À 10 h 30′ 23”, des points blancs ressemblant à des impacts de tir, puis le pick-up beige explose. À 10 h30′ 50”, un mystérieux aéronef blanc apparaît. Vraisemblablement celui des forces nigériennes : les militaires diront au juge (ci-contre) ne pas l’avoir vu, mais sur la bande-son, on entend une demande de renseignements formulée en anglais par les Nigériens au même moment. 10 h 32′ 59” : les hommes au sol attendent toujours dans les bosquets. Mais à 10 h 33′ 06”, un rectangle blanc « confidentiel défense » envahit l’écran. Dès qu’il disparaît, à 10 h 33′ 13”, le 4×4 blanc est en feu. Sept secondes plus tard, nouvelle explosion du 4×4 blanc. Les plans deviennent alors plus larges, balayant la scène d’où s’élèvent désormais trois colonnes de fumées noires : les trois véhicules. Jamais on ne distingue Antoine et son ravisseur (il a été retrouvé à 200 m, une balle dans la tête).

Ce n’est que 23 minutes après l’explosion, à 10 h 56, que deux militaires parviennent à moins de cinq mètres du 4×4 blanc. Ils marchent calmement, sans chercher à s’approcher. La dernière image, à 10 h 59 montre le véhicule toujours en feu.

Les causes de la mort de Vincent Delory sont toujours indéterminées. Son corps a été retrouvé brûlé en grande partie, à un mètre du véhicule incendié. On ignore toujours pourquoi il n’a pu s’échapper du 4×4 blanc, s’il était déjà blessé ou s’il avait perdu connaissance à cause des impacts de balles des ravisseurs et françaises. •

Une bande-son troublante
Les échanges radio entre l’équipage de l’avion de surveillance et celui de Pégase 105 , de 6 h 30 à 10 h 56, sont parfois déroutants. Celui de 9 h 46′ 22” laisse supposer que, comme l’affirme l’armée pour justifier l’intervention rapide, les ravisseurs attendaient des renforts : – «Groupe armé chef tribal lourdement armé » – «C’est Mokhtar Belmokhtar (parrain du Sahara) » – « Ouais. » Sang-froid ou détachement ? Les heures précédant l’assaut, les pilotes ne se départissent jamais de leur calme, même en tâtonnant pour trouver le bon angle de vue dans le désert. Le ton est même badin : ils commentent le matériel dernier cri (- « C’est une boîte canadienne qui fait ça » – « Ah ouais ? ») ou le confort rudimentaire de l’appareil (« Eh ben ça y est j’ai mal au c… »). Le ton de ces troupes d’élite est léger (« Comme on dit chez nous, on n’est pas à l’abri d’un coup de chance »). Sans doute le sang-froid de forces spéciales rompues à l’exercice. Mais ces militaires ont-ils conscience que la vie de deux jeunes compatriotes se joue à quelques mètres sous eux ? La tension monte à partir du moment où leur camarade « Guston » est blessé à la jambe et « gère » en se faisant « un point de compression ».
10 h 32′ 12” (pas d’image côté vidéo à ce moment-là) : – « 65, de Minou, euh, détruits 3 pick-up, incident de tir en cours de résolution. » Puis, 10 h 34′ 11” (les trois véhicules flambent) : – « Priorité sécurisation du pick-up blanc » – « Reçu pour la sécurisation du pick-up blanc mais le pick-up blanc est détruit, hein. » – «Je sais mais c’est au moins les alentours du pick-up blanc. (les parachutistes vont être largués). » De nouvelles flammes s’échappent du 4×4 blanc. Quelques secondes plus tard : « Si vous avez rens. sur les otages me le donner. » Un pilote commente : « Eh ben, ils ont été aussi loin pour arriver là. Vous auriez pu le récupérer le 4×4 . » Puis : « On ne sait toujours pas s’ils ont ramassé les colis. » De quoi, ou de qui, parlent-ils ?
Source: lavoixdunord.fr – samedi 14.04.2012, 05:02 – PAR CLAIRE LEFEBVRE

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9 COMMENTAIRES

  1. Antoine de Léocour et son ami d’enfance Vincent Delory sont déjà mort !!!! d’autre mourrons a coût sûre si la France et l’Algerie ne profitent pas de la situation actuelle pour aider le mali a nettoyer le Nord comme les nigériens l’ont proposé.

  2. C’est naif de croire que le mnla est different des autres groupuscules s’adonnant à la prise d’otages. mnla, an çardine, aqmi sont les doigts d’une main, chacun joue son rôle mais l’objectif principal demeure le même. C’est naif de croire que l’un va combattre l’autre. Pour l’instant le mnla semble reussir à laver le cerveau de quelques dirigeants Français et Maliens. l’Azawad ne peut être reconnu pour les raisons suivantes entre autres: le mnla et ses amis (an çardine, aqmi…) ne représentent aucune des ethnies locales ( Tuaregs, Sonrhais, Peulhs…) des regions occupées, le respect des frontières internationalement reconnues, les Tuaregs ne représentent que 10% des populations des 3 regions.

  3. c’est très facile de dire que le mali a été vendu que diriez vous des militaires qui on voler les armes et vendre et qui refuse de combattre sur l’ordre de leur capitaine l’ex président a selon vous vendu le mali mais le capitaine a sacrifié le mali a cause de quelque billets d’euros pour permettre au rebelles d’avancé voila le but de son coup d’état

  4. Ils l’ont exigé contre la libération des diplomates algériens enlevés à GaoAlger refuse la requête de libération de 40 prisonniers accusés de terrorisme
    Les négociateurs algériens ont refusé la requête portant la libération de 40 terroristes détenus en Algérie contre la libération des sept diplomates algériens enlevés à Gao dans le Nord du Mali, a indiqué une source qui suit de près le dossier de la lutte antiterroriste au Sahel.

    Les terroristes de la « Jama’at al-Tawhid wal-Jihad », groupe de l’Unification et du Djihad, ont confié les otages algériennes à des personnes armées appartenant aux Salafistes Touaregs, proches du groupe Ansar Dine. Ils ont réclamé via un intermédiaire, la libération de 40 terroristes, dont 4 dirigeants du mouvement, condamnés à la peine capitale et à de lourdes peines. Cette requête a été refusée par les négociateurs algériens qui ont, par ailleurs, insisté sur la nécessité que les nouvelles autorités du territoire Azawad se chargent de la protection des otages et de leur maintien en vie. Les terroristes d’Al-Qaida au Maghreb et le groupe de l’Unification et le Jihad en Ouest Afrique ont présenté un médiateur malien qui négociera en coordination avec une cellule de crise installée par le ministère des Affaires Etrangères et services de Renseignement, la libération de 40 terroristes retenues dans des prisons algériennes, contre la libération des sept otages algériennes enlevées dans le territoire Azawad. Des négociateurs maliens ont reçu, depuis moins de 24heures, une liste nominative des détenus après avoir été accusés d’appartenance à des groupes terroristes en Algérie. Cette liste porte 40 noms, a révélé à El Khabar une source bien informée du dossier de la lutte antiterroriste. Les terroristes ont réclamé la libération de 4 membres dirigeants d’Al-Qaida au Maghreb en Algérie, dont le terroriste Abdelfatah Abou Bassir, émir de la sériate de Réghaia à Alger. Le terroriste Abdelfatah a été interpelé en 2007. Il est la tête pensante de l’attentat suicide qui avait ciblé le bâtiment du palais du gouvernement. La liste contient également des noms d’autres membres dirigeants d’Al-Qaida. Jama’at al-Tawhid wal-Jihad a, également, insisté sur la libération d’un terroriste marocain Bouadji Abderrezak, alias « Abdesselam », de Feraoun Said, ancien des GIA, condamné à la peine capitale, de Bourini El Hadj et de Koumi Djamel Eddine, émir d’un groupe GIA à Bikra. Elle comporte, notamment, les noms de deux noms connus dans es rangs de l’AQMI en Algérie, ainsi que deux terroristes mauritaniens détenus en Algérie pour être accusés de terrorisme, a conclut notre source qui a préféré garder l’anonymat.

  5. la presse malienne n’a rien d’autre à se mettre sous la dent ,parce si on veut parler de fiasco au Mali ,il y a largement de quoi faire !!!!…………je pense aussi que dans la situation ou se trouve actuellement le Mali ,les maliens ont d’autres soucis que de se preoccuper de la mort des deux otages français 😳 😳

    • Tu es sur que c’est un journaliste malien qui a ecrit ce papier’ regardes bien tout en bas la signature!!!

      • Apema ,je n’ai jamais dit que c’etait un journaliste malien qui avait écrit cet article ,c’est un copier coller d’un article de La Voix du Nord ,journal français .Je disais simplement que les maliens ont d’autres soucis que çà 😉

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