Le président français François Hollande a affirmé, ce mardi 13 novembre, lors d’une conférence de presse, que la France n’interviendra « en aucun cas elle-même » au Mali, mais qu’elle apportera son « soutien logistique » à une éventuelle opération. Parallèlement, à Addis-Abeba, l’Union africaine (UA) a validé le plan de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) devant mener à une intervention armée au nord du Mali pour y chasser les groupes islamistes. Enfin, la Cédéao a rappelé que les acteurs de la transition ne doivent pas être candidats aux futures élections maliennes.
C’est un nouveau pas vers une intervention armée au nord du Mali. Le Conseil de paix et de sécurité de l’UA a validé le plan de la Cédéao. Réuni toute la journée, ce conseil a examiné la proposition d’envoyer une force de 3 300 soldats chargés de soutenir l’armée malienne dans la reconquête militaire du nord – opérations élaborées, d’une part par la Cédéao et de l’autre, par le gouvernement malien.
Le Conseil de paix et de sécurité de l’UA a « décidé d’approuver le concept harmonisé d’opérations pour le déploiement planifié de la force (…) conduite par l’Afrique, en soutien au Mali », a déclaré le commissaire à la Paix et à la Sécurité de l’organisation, Ramtane Lamamra.
Ce plan de la Cédéao devra maintenant être transmis à l’ONU, avant la fin novembre, et ce sera au Conseil de sécurité de donner son feu vert aux opérations. Sa réponse est attendue le 26 novembre, au plus tard.
Le président de la commission de la Cédéao, Kadré Désiré Ouedraogo, a pour sa part affirmé que la force serait prête à intervenir dès le feu vert de l’ONU. Cependant, des doutes persistent quant à la capacité des pays engagés à déployer des troupes au plus vite, et sur le plan d’action lui-même. Il est toutefois entendu que ce seront les militaires africains qui dirigeront les opérations. Leurs partenaires internationaux se positionneront, eux, en soutien.
Une mission d’entraînement des forces
Dans le cadre de cette intervention militaire, les ministres de la Défense et des Affaires étrangères de cinq pays européens (France, Espagne, Italie, Allemagne et Pologne) se réuniront à Paris, jeudi 15 novembre, pour discuter de la formation d’une mission d’entraînement des forces africaines. Elle pourrait comprendre entre 200 et 400 militaires.
Quant au soutien logistique des pays occidentaux, et notamment de la France, le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian a évoqué, ce mardi 13 novembre, l’éventualité de frappes aériennes qui « dépendra des difficultés sur le terrain » tout en affirmant que la France n’y participera pas.
De son côté, en fin d’après-midi, le président français, lors de sa grande conférence de presse, a fait des déclarations allant dans le même sens. François Hollande a rappelé que Paris s’est engagé à « soutenir logistiquement » les pays africains.
François Hollande
Président de la République française
La France n’interviendra, en aucun cas, elle-même au Mali.
François Hollande a également évoqué la question des six otages français actuellement détenus au Sahel. Le président français a souligné qu’il faisait tout « pour que les ravisseurs comprennent que c’est le moment de les libérer », tout en ajoutant ne pas vouloir mettre en cause la politique de la France.
François Hollande
Président de la République française
Nous engageons tout ce qu’il est possible de faire, mais nous n’allons pas mettre en cause la politique de la France et donc sa sécurité parce que nous serions sous la pression.
Dans le même temps, les discussions se poursuivent à Ouagadougou où se trouve le représentant de l’ONU en Afrique de l’Ouest. Saïd Djinnit a rencontré, pour la première fois officiellement, ce mardi 13 novembre, des représentants d’Ansar Dine – l’un des groupes islamistes armés occupant le nord du Mali – ainsi que le président Blaise Compaoré. Saïd Djinnit a assuré que le dialogue demeurait « l’option préférée » pour résoudre cette crise au Mali mais il a aussi ajouté que ce dialogue devait avoir des résultats « assez vite ».
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Le dialogue entre les protagonistes maliens devra également prendre en compte le processus électoral interrompu par le coup d’Etat. Le président en exercice de l’Union africaine, l’Ivoirien Alassane Ouattara envisage que le scrutin se tienne d’ici le mois de mars prochain. La Cédéao a rappelé que les acteurs de la transition ne doivent pas être candidats à ces futures élections. Réaction de la classe politique malienne.
Younous Hameye Dicko
Président de la Coalition des organisations patriotiques du Mali
Les Maliens doivent faire une loi qui interdise au président, au Premier ministre, aux ministres, de se présenter aux prochaines élections.
Sidi Bocoum
Secrétaire national du Front du refus, le front anti-putsch
Maintenant que les institutions de la République ont été mises en place, c’est la Constitution qui est en vigueur. L’accord-cadre n’a plus de rôle à jouer.
RFI / 14/11/2012