OPA islamiste sur le MNLA au Nord Mali

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La milice islamiste Ansar Dine s’apprête à absorber le groupe touareg indépendantiste.

Faut-il redouter le scénario d’une afghanisation du Nord Mali et, peut-être, de toute la bande sahélo-saharienne ? Une telle éventualité nourrit l’inquiétude, alors que la confusion politique règne toujours à Bamako, où les fragiles autorités de transition peinent à s’imposer.

Ces derniers jours, dans le nord du pays contrôlé par les groupes armés, les pourparlers se sont poursuivis en vue d’une fusion entre le groupe djihadiste, Ansar Dine, et les indépendantistes du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), alliés de fait lors de l’offensive éclair qui a chassé l’armée malienne de la région, à la faveur du coup d’État militaire le 22 mars. Iyad Ag Ghali, une ancienne figure de la rébellion touareg des année 1990, aujourd’hui chef d’Ansar Dine, s’est entretenu, vendredi, à Gao, avec Bilal Ag Cherif, secrétaire général du MNLA.

Les discussions entre chefs des deux groupes armés avaient donné corps, le 26 mai, à un protocole d’accord sur la création d’un conseil transitoire de l’État islamique de l’Azawad. Compromis aussitôt contesté par une frange du camp indépendantiste, qui craint de voir la revendication territoriale et identitaire éclipsée par le projet de société des islamistes, partisans de l’instauration de la charia au Mali. « Nous ne sommes pas prêts à nous retrouver enfermés dans la charia », a fait valoir Moussa Ag Ettahar, un porte-parole du MNLA basé en France. Si la contestation vient surtout de cadres du MNLA en exil, elle témoigne de profondes divisions au sein du mouvement, menacé d’implosion, marginalisé sur le terrain par les groupes djihadistes (Ansar Dine, mais aussi le Mujao et Aqmi). D’autres groupes armés, hostiles à l’indépendance comme à la mainmise islamiste sur le Nord, sont entrés en scène ces dernières semaines. Le désert malien s’installe durablement dans le chaos.

Rosa Moussaoui

humanite.fr /  le 5 Juin 2012

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