Après la présentation du rapport du Secrétaire général des Nations unies sur l’évolution de la situation au Mali, lors de la rencontre des membres des Nations unies à New-York, le Représentant permanent du Mali auprès de cette organisation, Issa Konfourou, a, à son tour, fait des mises au point sur la situation au Mali.
Issa Konfourou, dans son intervention, a fait savoir que la nécessité du retour à l’ordre constitutionnel évoquée dans le rapport du Secrétaire général figure parmi les priorités du gouvernement de la transition. Car, dit-il, « les Maliens et les Maliennes tiennent à la démocratie ». Il a, cependant, souligné qu’il est important de se rappeler que l’instabilité politique et institutionnelle chronique au Mali prend son origine dans les élections mal organisées et dans la mauvaise gouvernance. C’est pourquoi, affirme-t-il, le gouvernement de la transition tient à faire quelques réformes majeures visant surtout à assurer une stabilité des institutions et un avenir meilleur aux populations.
Le Représentant permanent du Mali auprès des Nations unies, Kanfourou, a affirmé qu’il y a également lieu de créer les conditions minimales pour permettre la tenue des élections. Le diplomate malien a informé ses pairs que le gouvernement de son pays reste engagé dans le dialogue avec la CEDEAO, y compris sur la durée de la transition, et qu’il demande la levée sans délai des sanctions qu’il qualifie d’injustes, illégales, illégitimes et inhumaines prises par la CEDEAO et l’UEMOA.
Issa Konfourou affirme en outre que le gouvernement de la transition du Mali constate avec regret, qu’en dépit de la double notification qui a été faite aux chefs d’État et gouvernement de l’UEMOA, par le Mali et la cour de justice de l’organisation, à la suite de l’ordonnance du 22 mars 2022 de la même cour de justice ordonnant le sursis à l’exécution des sanctions, malgré l’impact humain et social sur les populations, la commission et la conférence des chefs d’État de l’UEMOA n’ont daigné exécuter l’ordonnance de la cour de justice.
- Konfourou a expliqué que cette posture est influencée par des agendas et pressions extérieurs à peine voilés pour punir un peuple pour ses choix politiques et obtenir un changement de régime et qu’il y a lieu de s’interroger s’il ne s’agit pas d’une politique de deux poids et deux mesures, motivée par un acharnement visant à asphyxier le peuple malien.
Il affirme aussi que le gouvernement de la transition continuer d’intensifier des efforts pour renforcer les capacités opérationnelles des FAMA qui donnent des résultats très encourageants sur le terrain. Il soutient ainsi que les différentes opérations des FAMA, depuis décembre 2021, ont permis d’infliger de lourdes pertes aux terroristes et de renforcer le sentiment de sécurité des populations entraînant aujourd’hui le retour dans leur localité d’origine de plus de 80000 personnes déplacées internes.
- Konfourou a ajouté que le gouvernement de son pays est déterminé à poursuivre les actions militaires avec l’objectif ultime de protéger les populations et leurs biens et de rétablir progressivement l’autorité de l’État, les services administratifs et sociaux de base sur l’ensemble du territoire national.
« Ce qui contribuera à créer les conditions indispensables pour la tenue d’élections crédibles et inclusives » a-t-il poursuivi. Il a par ailleurs apporté un démenti aux informations selon lesquelles le gouvernement du Mali recourt à une société de sécurité privée en insistant que le Mali n’entretient qu’une relation de coopération fructueuse d’État à État avec la Russie, et cela depuis 1960. Il précise que c’est à la faveur de cette coopération avec la Russie que le Mali continue de se procurer du matériel militaire pour sa sécurité et c’est ainsi que des formateurs et instructeurs russes se trouvent actuellement au Mali pour conseiller et former les militaires maliens à l’utilisation de ce matériel.
Il a également précisé que son pays est disposé et ouvert à coopérer avec chacun de ses partenaires, ayant la volonté de l’aider à rétablir la paix et la sécurité, dans le respect de sa souveraineté, de son unité nationale et de son intégrité territoriale.
Parlant de la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, issu de l’Accord d’Alger, le représentant permanant malien a souligné que le gouvernement malien reste pleinement engagé dans sa mise en œuvre diligente et intelligente.
Contrairement aux informations du Secrétaire général de l’ONU au Mali, concernant les questions de développement prévues dans l’Accord, dit-il, le gouvernement malien reste engagé dans les programmes de développement du Nord et cela s’illustre à travers le lancement de 16 projets retenus le 21 octobre dernier dans ce cadre.
Concernant les préoccupations exprimées pour la situation des droits de l’homme, Issa Konfourou souligne que le gouvernement malien reste très attaché à respecter et à faire respecter les droits de l’homme, aussi par les forces nationales qu’internationales et qu’il n’y a aucune volonté délibérée des autorités maliennes d’accorder des primes à l’impunité, s’agissant des cas de violation des droits de l’homme. Ainsi, « la justice malienne est systématiquement saisie chaque fois que des cas de violation des droits de l’homme sont signalés ».
Parlant des opérations militaires de la zone de Moura, le diplomate malien précise qu’elles font suite à des renseignements bien précis qui ont permis de localiser la tenue d’une rencontre entre différents katibats.
Il a fait savoir que le président de Tabital Pulaku, Association représentative de la communauté peule, reçu le 06 avril par le Premier ministre, a souligné que Moura était bien un sanctuaire terroriste avant d’affirmer que les allégations portées contre les FAMA étaient fausses. Tout en informant de l’ouverture d’une enquête par la gendarmerie nationale sur instruction du procureur militaire, l’ambassadeur malien appelle toutes les parties prenantes à la retenue, à éviter des qualificatifs de massacre, les allégations et autres accusations sans fondement, proférées à l’encontre des FAMA, dans un dessein inavoué avant les conclusions de l’enquête.
Issa Konfourou a enfin affirmé que la crise au Mali a un impact majeur sur la stabilité de l’ensemble de la région de l’Afrique de l’Ouest et du Sahel et sa résolution durale est de la responsabilité principale des Maliens et des Maliennes. Selon lui, le gouvernement du Mali reste déterminé à jouer sa partition pour le retour de la paix et de la sécurité sur l’ensemble du territoire national, en faisant recours aux leviers politique, sécuritaire, du développement socio-économique, de la justice et de réconciliation. « Cependant, la réalisation de ce chantier ambitieux requiert la compréhension et l’accompagnement de l’ensemble des partenaires du Mali », a-t-il ajouté.
Fadiala N. Dembélé/Stagiaire