“On ne peut pas vivre sans Arabes et Touareg”, selon le maire de Tombouctou

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Des habitants de Tombouctou attendent l’arrivée du président François Hollande, le 2 février 2013 au Mali
© AFP

Le maire de Tombouctou, cité emblématique du Nord du Mali, reprise par les soldats français et maliens aux groupes armés qui l’occupaient, en est persuadé: “On ne peut pas vivre sans les Arabes et les Touareg”, en fuite car accusés d’avoir soutenu les islamistes.

Les deux ethnies, surnommées “peaux blanches” par la population noire majoritaire, ont déguerpi face à l’avancée des militaires, craignant des mesures de rétorsion. Le président Dioncounda Traoré a certes promis qu’il n’y aurait pas de “représailles”, mais des pillages visant ces communautés ont eu lieu, notamment à Tombouctou, et des ONG ont fait état d’exécutions sommaires.

Les islamistes étaient majoritairement des Arabes et des Touareg, explique le maire, Hallé Ousmane Cissé: “ils avaient recruté beaucoup de +peaux blanches+ et aussi quelques Noirs”.

“Ce sont nos frères avec lesquels nous cohabitions qui ont fait la sale besogne”, constate tristement l’élu, resté pendant la quasi-totalité des longs mois d’occupation à Tombouctou (900 km au nord-est de Bamako), “jusqu’au 2 janvier”.

“C’était vraiment le calvaire”, assure-t-il, “on ne peut pas vraiment décrire comment la population a eu à souffrir”, châtiments corporels, interdictions multiples, mausolées de saints musulmans détruits…

Les femmes ont particulièrement souffert: impossible de sortir sans être intégralement voilées, sinon “elles étaient emprisonnées une semaine, deux semaines, battues (…) et subissaient des viols à chaque fois”, explique le maire, évoquant “des dizaines de viols”.

“La nuit, quand (les islamistes) surprenaient une fille et un garçon, ils battaient le garçon et violaient la fille”, raconte-t-il.

Peu avant l’arrivée des militaires français et maliens, le 28 janvier, “les Arabes et les Touareg ont fui d’ici. Eux n’ont pas subi ces humiliations, ces amputations, eux n’ont pas été chicottés!” (fouettés), souligne-t-il.

“Tout est à refaire”

Selon une source médicale, une amputation et une exécution publiques ont eu lieu à Tombouctou sous le règne des “fous de Dieu”.

La haine a rejailli mardi, lorsque des centaines de personnes ont pillé des magasins appartenant à des Arabes, des “terroristes” qu’il faut “tuer”, assuraient les vandales.

“C’est vraiment dommage…”, commence M. Cissé. “On ne sait pas ce qu’il faut dire entre ces pillages et ce qu’on a trouvé à l’intérieur de ces maisons (…). Il y avait des munitions, des armes. Qu’est-ce que des armes et des munitions font dans des boutiques?”

Malgré l’amertume, il s’efforce de penser à l’avenir: “Ma mission, en tant qu’élu, est de sensibiliser à beaucoup de retenue, à pardonner. Nous devons cohabiter dans la paix”.

Et “c’est aujourd’hui qu’il faut mettre les gens à l’épreuve, aujourd’hui qu’on saura vraiment qui est quoi. On ne peut pas vivre les uns sans les autres”, martèle-t-il.

Le sexagénaire tique lorsqu’on lui parle de haine ethnique: “Il ne faut pas trop se fier aux déclarations de la jeunesse” – la majorité des pillards -, “c’est à nous de l’encadrer”.

“Je ne dis pas qu’il n’y aura pas de débordements”, poursuit-il, mais “il faut sensibiliser quartier par quartier. Je sais qu’on ne peut pas vivre sans les Arabes et les Touareg”.

La tâche s’annonce rude, car par ailleurs, “tout est à refaire”: réseau d’eau et d’électricité sabotés, écoles tout juste rouvertes après 10 mois de fermeture, “toute l’économie de la ville détruite, pas de commerces”…

“Même si on avait l’administration aujourd’hui, elle ne serait pas fonctionnelle, tout est brûlé, parti. Je suis maire, je n’ai pas une chaise, un ordinateur”, déplore-t-il.

De fait, la mairie est dévastée, portes, vitres et meubles brisés, a constaté un journaliste de l’AFP.

“C’est la catastrophe”, résume le maire, mais maintenant que les jihadistes sont partis, “cette liberté n’a pas de prix (…). S’il plaît à Dieu, nous allons reprendre notre histoire”.

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18 COMMENTAIRES

  1. Parce que ceux-ci importent des produits illégaux de tout genre, lesquels handicapent l’économie nationale.

  2. il faut developper l nord, pardonnons nous!!la decentralisation ne resoud pas tout l problème du nord dans son fonctionnement actuel!la libre administration c’est vrai mais il faut mettre les moyens à la disposition des élus, le transfert reel d competences et d moyens!!il n faut pas orner cette decentralisation avec l verbe slment q nous connaissons d nos dirigeants!!l’Etat doit mettre les moyens à la disposition des organes elus des communes du nord sinon pour celui qui connait l nord profond, honnetement il ya rien absoulument rien!!Pour maintenir une population ,il faut cree certaines conditions!!il faut aussi encourager ls fonctionnaires de l’etat à faire un tour au nord avec des primes !!sinon auj ,un agent des impots qu’on affecte à kidal pense q c’est une punition!!pourquoi il v pas aller labas simplement il n’ya rien à recouvrer comme impot!!tout l monde voit bko, sikasso, segou etc!!!

  3. Le maire de Toumbouctou est un élu responsable qui veut contrecarrer cet extrêmisme qui prend de l’ampleur au Mali . Certes le Mali a été victime d’une bande de mercenaires qui ont semé la discorde dans l ‘Azawad et provoque la dérive de tout un état , cela ne doit pas être un alibi pour taxer toute une ethnie ou composante humaine de racisme .Je crois que la faillite de l’état malien est responsable de toute cette hetacombe à commencer par la pendaison des
    Militaires à Aguholoc puis l’occupation des villes par ces drogues et enfin par la chute du pouvoir à Bamaco .

  4. La page doit être tournée pour une réconciliation nationale . Aussi , nous devons pardonner mais pas oublier .

    • Votre lien ne prouve rien du tout . Au contraire , c’est vous autres qui encouragez la haine en traitant un élu du peuple de menteur . Cet élu n’est_il pas aussi un vieil homme ? Arrêter de profiter de vos claviers pour diffuser n’importe quoi . Surtout , mettez un peu d’eau dans votre vin .

    • As tu entendu parler de photoshop? Petit ignorant… Et comme d’habitude, c’est toujours en Mauritanie que les terroristes et leurs agences de presse inventent leur propagandes diaboliques

      • Je connais tres bien le Photoshop, pour votre connaissance l’image n’est traité. C’est une instantanée prise de video.
        Salutation

  5. Le nom « Tombouctou » viendrait du tamasheq, langue des Touareg qui auraient fondé la ville au XIe siècle, de Tin (ou Tim), qui signifie « puits » ou « lieu », et de Bouctou, nom donné à la femme présente à l’arrivée des Touareg, gardienne d’un puits, et qui désignerait une personne originaire d’Essouk – ce qui donne « le lieu de Bouctou »3. À cette étymologie proposée par Abderrahmane Es Saâdi au XVIIe siècle dans son Tarikh es-Sudan (Histoire du Soudan), l’explorateur allemand Heinrich Barth au XIXe siècle, lui, oppose une origine songhaï du mot Tombouctou qui désignerait une « dépression entre les dunes »

    • L’origine est touareg. On a souvent dit que c’est le puits de la vieille mais en fait cela voudrait dire le lieu de Bouctou, la possession de Bouctou, Bouctou étant supposee être une femme, si c’était un homme on aurait dit In Bouctou.

  6. Mettre des terroristes et leurs complices a l’epreuve pour voir s’ils vont vous trahir encore est une naivité suicidaire! Goutez le et vous verez!

    • Nous sommes d’accord avec vous , mais nous devons pardonner mais sans pour autant oublier . Désormais , nous serons très vigilants et le sursaut national sera permanent . En outre , il faudrait que nous surmontions notre deception pour un Mali meilleur .

  7. Vous avez raison mr le maire que dieu aide notre ville sainte de toute les facons ces brigands ne reviendraient plus .

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