Le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’ouest (Mujao) revient sur la scène médiatique. Son porte-parole, Abou Walid Sahraoui, a, dans un entretien au journal mauritanien basé à Nouakchott, El Akhbar, déclaré : “Alger, en rompant les négociations, a mis en danger ses ressortissants”. Pour sa part, le site Maliba Info a rapporté, ce vendredi, un entretien de Oumar Ould Hamaha, un chef “militaire” du Mujao à une radio privée basée à Bamako, Radio Nièta, qui n’aborde pas la question des otages algériens.
Les élements du Mujao mettent sans doute la pression sur Alger à travers leurs déclarations. Dans son édition de vendredi 5 octobre, le quotidien mauritanien électronique Al Akhbar rapporte des informations de première main sur le sort des otages algériens détenus par le Mujao au Nord-Mali. Selon le quotidien, l'”émir” du conseil consultatif et porte-parole du Mujao, Aboul Walid Sahraoui, dont il a recueilli jeudi les propos sans préciser le canal ni la date, a déclaré : “Alger a mis en danger la vie de ses ressortissants pris en otages par le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao), ce en interrompant les négociations avec le mouvement“. Selon toujours ce quotidien basé à Nouakchott généralement bien informé, le même responsable du groupe terroriste a révélé que “la santé du reste des otages est en perpétuelle dégradation. Ils souffrent, ajoute-t-il, de troubles nerveux de peur de subir le même sort que leur compatriote“, désignant le vice-consul algérien au Mali, Tahar Touati dont il confirme, si ces déclarations venaient à se vérifier, l’exécution par ce groupe terroriste. Alors que du côté du ministère des Affaires étrangères, Mourad Medelci garde un discours elliptique. La dernière qu’il a évoqué le sort de Tahar Touati, il a affirmé qu’il n’a pas de preuve qu’il a bien été assassiné.
Les autres déclarations rapportées d’Abou Walid Sahraoui par Alakhabar portent sur l’intervention armée dans le Nord-Mali qui, selon le médiateur du Mujao est “synonyme de victoire des jihadistes, qui ont tant voulu attirer l’ennemi dans le gouffre“. Fanfarant, le groupe terroriste promet également une “défaite écrasante” aux pays qui se coaliseraient contre les jihadistes dans le nord du pays. Il estime enfin que “les musulmans doivent saisir cette opportunité pour s’unir et combattre les armés des coalisés qui constituent les forces du mal“.
Pourtant, le site Maliba Info qui rapporte ce vendredi un entretien exclusif réalisé par la radio privée basée à Bamako “radio Nièta” avec celui qui est présenté comme le “chef d’état major général du Mujao“, Omar Ould Hamaha, la question des otages algériens n’a, à aucun moment de l’entretien, été abordée. Les questions posées, au-delà de leur naïveté apparente, ont porté tour à tour sur l’application de la chari’a, les amputations faites au nom même de cette chari’a, le dialogue, les armes dont dispose le groupe terroriste et le dialogue avec Bamako et les pays amis. Dans cet entretien, ni Al Qaïda au Maghreb islamique ni Ansar Eddine n’ont été cités nommément par ce responsable “militaire” du Mujao.
A la question de savoir si le Mujao accepte le dialogue (avec les autorités maliennes ou avec les pays qui défendent cette option. NDR), le responsable du Majao le conditionné par l’acceptation de la chari’a sur leur terrioire : “Bien sûr que nous sommes prêts pour le dialogue. Ce que nous avons toujours prêché et sommes prêts à dialoguer avec qui que ce soit ou même négocier et même si Obama venait nous voir, nos portes lui seront ouvertes à plus forte raison nos frères musulmans du Mali” ajoutant, plus loin, que s’il y a dialogue avec Bamako, ” Nous préférons que ce soit le HCI au nom du gouvernement de venir vers nous. Sinon toute autre personne, nous ne le reconnaitrons pas. Comme vous le savez, c’est par le canal du Haut Conseil Islamique qu’on peut dialoguer et négocier avec les autorités.”
Sur le même sujet, une autre question du journaliste implique l’Algérie: “D’autres sources persistantes font état du soutien de certains pays voisins du Mali (La Mauritanie, le Burkina Faso et l’Algérie) à votre mouvement. Quand est-il ?” L’interlocuteur de “Radio Nièta” esquive le sens politique de la question mais il semble suggérer que le “soutien” des pays cités est une question de domination en armements, citant notamment la Mauritanie : “Vous savez pourquoi la Mauritanie s’est rendue compte qu’elle ne peut pas nous affronter après avoir vécue l’expérience des jihhadistes depuis plus longtemps, à plus forte raison qu’on est maintenant surarmé. Le nombre d’armement que les jihhadistes disposent est 20 fois plus supérieur que le nombre des jihhadistes eux mêmes. Nous sommes prêts à affronter n’importe quelle armée terrestre ou aérienne.”
Dans une de ses réponses sur les relations avec les populations de la région ou des pays voisins, le chef du Mujao cite l’Algérie: “Il va de soi que la population nous accepte. D’abord nous leur avons déchargé du fardeau de la douane, parce qu’elle vivait sur le dos de la population, les affaires économiques, les taxations. De nos jours, il n’y a ni douane, ni taxes à payer. Les camions chargés depuis Niamey, Algérie et la Mauritanie, débarquent leurs marchandises sans payer de taxes de douane.”
Au sujet des rapports avec le MNLA, l’interviewé considère que “Ce sont des gens qui tiennent un double langage, ils sont pour un mMali un et indivisible, tantôt, ils veulent une partition du pays. Ce qui est archi faux. Et c’est la raison pour laquelle nous les avons chassés de Gao avec 67 victimes qui ont été recensées dans leurs rangs…”
Les deux responsables du Mujao, dans leur déclaration respective se rejoignent sur les sujets relatifs au dialogue, à l’intervention militaire, des positions que le Mujao sur lesquelles il s’est déjà exprimé. Or, il est pour le moins surprenant que dans l’entretien radiophonique, le chef militaire n’est pas invité à parler des otages algériens. Est-ce en raison du fait que le message est avant tout destiné aux autorités maliennes alors que l’entretien du porte-parole du Mujao à El Akhbar, semble confirmer l’assassinat de Tahar Touati et, par ce biais, se veut une nouvelle menace sur Alger.
R. N. / lematindz.net/ Samedi, 06 Octobre 2012