Bamako, le 17 mars 2021 – La Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) publie aujourd’hui la note trimestrielle sur les tendances des violations et abus de droits de l’homme au Mali couvrant la période du 1er octobre au 31 décembre 2020.
Cette note trimestrielle présente les violations et abus de droits de l’homme tels que documentés par la Division des droits de l’homme et de la protection (DDHP) de la MINUSMA, à travers des missions régulières d’observation, d’établissement des faits et d’enquêtes conduites par les équipes des bureaux de droits de l’homme de Gao, Kidal, Ménaka, Mopti, Tombouctou et Bamako qui couvre le district de Bamako et les régions de Kayes, Koulikoro, Ségou et Sikasso, ainsi que les unités thématiques de la Division basées à Bamako.
Entre le 1er octobre et le 31 décembre 2020, la MINUSMA a enregistré un total de 511 incidents sécuritaires dans les régions de Gao (161), Kidal (22), Ménaka (18), Mopti (177), Taoudéni (2), Tombouctou (63), Ségou (55), Sikasso (2), Koulikoro (2), Kayes (1) et District de Bamako (8). Sur les 511 incidents recensés, 111 ont eu un impact direct sur les droits de l’homme et le droit international humanitaire.
Les violations et abus rapportés dans cette note ont été commis dans un contexte sécuritaire marqué par un nombre important d’attaques des groupes tels que Al Qaeda au Maghreb Islamique (AQMI), Ansar Eddine, la Katiba Macina, Jama’at nusrat al-Islam wal Muslimin (JNIM), l’Etat Islamique dans le Grand Sahara (EIGS), Al Mourabitoune et autres groupes similaires (ci-après AQMI et autres groupes similaires) qui continuent d’accentuer leur présence dans les régions de Gao, Ménaka, Mopti et Tombouctou.
L’on a également noté des attaques de ces groupes dans le Sud du pays, en particulier dans les régions de Kayes, Koulikoro et Sikasso.
Les attaques entre groupes et milices armés communautaires dogon et peule ont aussi continué dans les régions de Mopti et Ségou en dépit de la signature des différents « accords écrits et verbaux de paix » entre les deux communautés. Ces attaques ont entraîné d’importantes pertes en vies humaines, la destruction de biens, le recrutement forcé de civils pour renforcer les rangs des groupes et milices armés communautaires et le déplacement massif des populations.
Au total, la DDHP a documenté 378 violations et abus de droits de l’homme ayant causé la mort de 96 personnes dont sept (7) enfants et huit (8) femmes. Ces données représentent une baisse de 21,74 % par rapport aux violations et abus documentés au cours du trimestre précédent (1er juillet au 30 septembre 2020), période au cours de laquelle la Division avait enregistré 483 violations et abus de droits de l’homme ayant causé la mort d’au moins 176 personnes.
Les groupes tels que AQMI et autres groupes similaires ont été responsables de 170 abus de droits de l’homme. Ce qui représente une augmentation de 132,87% par rapport au trimestre précédent au cours duquel ils avaient commis 73 abus de droits de l’homme.
Les groupes armés signataires se sont rendus responsables de 42 abus de droits de l’homme, soit une baisse de 27,59% par rapport aux 58 abus de droits de l’homme leur imputés pendant la période précédente. Quant aux milices et autres groupes armés communautaires, ils ont perpétré 124 abus de droits de l’homme contrairement au troisième trimestre de l’année 2020 avec 146 abus de droits de l’homme, soit une baisse de 15,07%.
En ce qui concerne les violations imputables aux Forces de défense et de sécurité maliennes (FDSM), elles ont été responsables de 42 violations de droits de l’homme soit une baisse de 78,69 en comparaison au trimestre précédent où l’on a documenté 197 violations qui leur étaient imputables.
La région de Mopti demeure la plus affectée avec 193 violations et abus de droits de l’homme (48,95%), suivie des régions de Ségou 78 (20,63%), Gao 42 (11,11%), Kidal 34 (8,99%), Ménaka 9 (2,38%) et Bamako 7 (1,85%).
La période en revue reste marquée par l’impunité et un déni persistant des violations de droits de l’homme, en particulier celles impliquant des membres des Forces de défense et de sécurité maliennes. A ce titre, il sied de souligner que plusieurs violations attribuées aux forces de défense et de sécurité maliennes demeurent impunies à la date de la publication de la présente note.
Par ailleurs, aucun progrès significatif n’a été observé en ce qui concerne les poursuites judiciaires contre les auteurs présumés des violations et atteintes graves aux droits de l’homme commises au cours des derniers mois.
La Division se réjouit toutefois de l’engagement du Président de la Transition pour la lutte contre l’impunité comme en témoigne sa déclaration à l’occasion du nouvel an dans laquelle, il a réaffirmé son attachement à la construction d’une armée républicaine disciplinée, respectueuse de la vie humaine et des droits de l’homme et affirmé qu’aucune violation des droits de l’homme par les soldats ne serait tolérée.
MINUSMA