En tout cas, l’opération que les forces armées françaises ont menée dans le nord-est de notre pays en début de semaine relance le débat sur la capacité des groupes terroristes à se reconstituer. Pendant que l’intervention militaire internationale lancée le 11 janvier 2013 est toujours en cours.
Dans la nuit du mardi 4 au mercredi 5 mars dernier, si l’on en croit les autorités françaises en charge de la Défense, les forces Serval ont anéanti une dizaine d’hommes armés. «Nous avions repéré une dizaine de djihadistes qui manipulaient des lance-roquettes autour d’une cache d’armes dans l’Adrar», a expliqué le ministre de la Défense au confrère le Figaro. Avant de préciser que la mise en œuvre de moyens coordonnés a permis la «neutralisation» de dix terroristes d’Al Qaeda au Maghreb islamique (Aqmi), confirmant ainsi cette thèse qui avait été auparavant soutenue par son entourage.
Cette opération des forces armées françaises qui s’est déroulée dans la vallée d’Amettetaï, au cœur de la région de l’Adrar des Ifoghas, ce massif montagneux au nord-est du Mali, sanctuaire des djihadistes, intervient quelques jours à peine après qu’une patrouille de l’armée malienne eut essuyé des tirs dans la ville de Kidal. Si l’on peut convenir que la capacité de nuisance des groupes armés qui opéraient dans le nord du Mali a sérieusement été anéantie suite au déclenchement, en janvier 2013, d’une vaste opération militaire internationale qui a appuyé l’armée dans la guerre de libération, il y a pourtant lieu à se demander s’il ne serait pas trop tôt de crier victoire. Car, telle qu’elle a été décrite par le ministre de la défense française, cette nouvelle menace qui a contraint Serval à user des gros moyens n’a pas de commune mesure avec les actes que des individus isolés menaient jusque là dans cette partie de notre territoire. Il importe de rappeler au passage que les forces armées du pays de François Hollande ont réussi cette opération grâce à une action cordonnée des Drones basés à Niamey, au Niger, des avions de type Mirage 2000, postés à N’Djamena, au Tchad, et des hélicoptères Tigres qui ont décollé de Tessalit, au nord-est du Mali.
Dès lors, le débat se trouve relancé sur la capacité des groupes terroristes à réapparaître pendant que la mission internationale de stabilisation est toujours en cours dans le nord de notre pays. D’ailleurs, la crainte est venue d’abord de Jean-Yves Le Drian, ministre français en charge de la défense, après le déclenchement par l’armée de son pays de cette opération anti-terroriste qu’elle a menée en début de semaine.
Lui qui a souligné que les risques de “reconstitution” des groupes djihadistes qui opéraient dans la région étaient “toujours réels” et nécessitaient de maintenir une “grande vigilance” de la part des forces françaises. Les autorités maliennes préfèrent jusque là donner leur langue au chat au sujet de cette opération française. Un responsable de la Direction de l’information et des relations publiques des armées (Dirpa) que nous avons joint au téléphone, avant-hier, a laissé entendre qu’il ne leur revenait pas de commenter cette intervention des forces françaises. A la question de savoir s’il partage la crainte du ministre français de la Défense, notre interlocuteur, un colonel, a fait savoir que Jean-Yves Le Drian a émis ces inquiétudes en fonction des informations dont la France dispose. Et notre source de rappeler que la communication autour de ces questions relatives à la situation du Nord sont, depuis quelques temps, à la charge des politiques. Le rôle de la Dirpa étant, dit-il, de préparer le terrain de cette communication.
En tout cas, cette nouvelle manifestation des combattants terroristes devrait interpeller les autorités et la communauté internationale. Qu’il s’agisse là d’une poche de résistance des hors la loi qu’on croyait définitivement boutés hors de nos frontières ou d’un groupe en tentative de reconstitution, cette situation prouve à suffisance qu’il y a encore du chemin à faire pour sécuriser le Nord. Il n’y a donc qu’à redoubler d’efforts et de vigilance.
Bakary SOGODOGO