Nord Mali : Offensive de charme envers les pays voisins

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Dans le plan d’action pour la paix et la stabilité au Mali, proposé par la classe politique en 16 points (voir l’intégralité des propositions en page 4), une véritable offensive de charme a été lancée en direction des pays voisins notamment, le Niger, le Burkina Faso, l’Algérie et la Mauritanie. Et pour preuve : le point 11 indique : «d’aller à la rencontre de nos compatriotes réfugiés dans les pays voisins ». Le point suivant précise : « prendre les contacts nécessaires en vue de l’instauration d’un cessez-le-feu » et le point 13 dit ceci: « prendre attache avec les gouvernements susceptibles d’apporter leur concours à l’ouverture d’un dialogue avec les groupes rebelles ».  Comme vous le voyez, la classe politique a été bien inspirée, de penser aux pays voisins, car ne nous trompons pas, le Mali à lui seul ne pourra pas gérer cette crise ni de façon diplomatique ni de façon militaire, sans le soutien bien veillant du Niger, du Burkina Faso, de la Mauritanie et de l’Algérie.

 

 

Abdoulaziz Bouteflika, président de l'AlgérieLe pays d’Abdoul Aziz Boutéflika a la réputation de soutenir bon an, mal an, les rebellions Touareg au nord Mali. C’est en bien en Algérie que les forces militaires du MNLA s’approvisionnent en vivres et en carburant. Souvent même, l’Algérie sert de base arrière pour ces bandits armés.

La Mauritanie, dirigée de  mains de fer par  le président Mohamed Ould Abdel Aziz, est incontournable dans la résolution de cette crise puisqu’elle accueille à la fois  des milliers de réfugiés et certains responsables du MNLA.La Mauritaniesuit de près l’évolution de la situation sécuritaire au nord Mali pour la simple et bonne raison qu’elle est menacée par les terroristes d’AQMI, qui combattent auprès des rebelles maliens. Ce qui explique les nombreuses sorties par presse interposée du président mauritanien, lequel ne comprend pas l’attitude du Mali à laisser ces barbus d’une autre époque, vivre impunément sur le territoire malien. Bamako a longtemps, il faut le reconnaître, joué au laxisme vis-à-vis des tueurs et des preneurs d’otages d’AQMI. Une situation qui irrite et révolte Nouakchott, qui est dans la sous région, l’une des grandes victimes d’AQMI. Le président Mohamed Ould Abdel Aziz, face à l’immobilisme du Mali, s’est même permis de poursuivre jusque sur le territoire malien, dans la région de Tombouctou, les terroristes d’AQMI.

Le Niger accueille également un nombre important de réfugiés. Le pays de Mahamadou Issoufou partage une frontière poreuse avec le Mali, qui sert souvent de porte d’entrée  de matériels militaires. Le Niger a même eu à intervenir en détruisant d’importants armements de guerre des revenants dela Libye, en tuant au passage plusieurs personnes. Niamey est aussi inquiète parce qu’une rébellion au nord Mali a toujours des conséquences directes et indirectes sur ce voisin. C’est pourquoi, le ministre des Affaires Etrangères du Niger est venu à Koulouba pour manifester son soutien aux autorités de Bamako et son inquiétude vis—à-vis de son pays, lequel est habitué à des rebellions touarègues une année, après que les hostilités se soient déclarées au Mali. Le Niger est donc sur ses gardes.

Quant au Burkina Faso, le pays des hommes intègres, il subit toutes les luttes armées au nord Mali avec son cortège  de réfugiés dans la zone du Liptako Gourma. Le pays de Blaise Compaoré accueille à la fois, des cadres et militaires touaregs ainsi que plusieurs familles qui ont fui d’éventuelles représailles de l’armée malienne. Sans bien sûr oublier les 40 000 réfugiés selonla Croix Rouge, qui vivent dans des conditions infrahumaines, au Burkina Faso. C’est la même chose partout ailleurs.

Koulouba doit donc écouter et mettre en œuvre les propositions de la classe politique ou du moins les plus pertinentes pour une issue favorable à cette crise.  Le temps n’est plus aux accusations inutiles, aux piques contre des pays voisins. Aujourd’hui, Bamako a besoin de tous ses voisins. Elle doit donc faire table rase du passé pour se consacrer à l’essentiel. Il s’agit, encore une fois de plus, d’impliquer davantage l’Algérie,la Mauritanie, le Niger et le Burkina Faso pour trouver les voies et moyens idoines permettant de discuter avec les  rebelles (ce qui n’exclut pas les opérations militaires en cours) et d’envisager le retour prochain de nos compatriotes vivant dans ces pays voisins. En clair, il s’agit  de trouver une solution définitive à cette crise qui n’a que trop duré.

Chahana Takiou

 

Nord-Mali :

Le plan d’action pour la paix et la stabilité de la classe politique

1 ‑ Contexte

Le 4 février 2012, une délégation mandatée par les parts politiques représentés à l’Assemblée Nationale a rencontré, le président dela Républiquepour lui soumettre un projet de Forum national pour a paix et la stabilité au Mali. Le chef de l’Etat a favorablement accueilli l’initiative et encouragé la classe politique à s’investir pour faire taire les armes, oeuvrer au retour de la paix, renforcer la cohésion dela Nation. Leprojet de plan ci-dessous décline les actions dont la mise en oeuvre permettra de créer les conditions d’un retour au calme.

2‑ Propositions d’actions

1. Exposer le projet à l’ensemble de la classe politique,

2. Organiser une conférence de presse pour exposer les grandes lignes du projet, obtenir un temps d’antenne sur les radios et les télévisions pour expliquer le projet,

3. Mettre au point un plan de communication interne et externe,

4. Rencontrer les leaders religieux, les syndicats, les organisations de la société civile, les autorités coutumières de Bamako pour leur exposer le plan d’action,

5. Rencontrer les Chefs de toutes les institutions dela République,

6. Renforcer la confiance au sein des forces armées et de sécurité:

En renforçant leurs capacités,

En renforçant leur motivation,

En les assurant du soutien dela Nationtoute entière pour établir la sécurité: sur l’ensemble du territoire national en vue de créer les conditions d’un cessez le feu,

7. Contacter les personnalités qui ont quitté le Mali et qui se trouvent dans les pays voisins.

8. Envoyer une délégation à Kidal, Gao et Tombouctou pour rencontrer les chefs traditionnels et les leaders d’opinion.

9. Organiser une rencontre avec les députés et les conseillers nationaux.

10. Rencontrer à Bamako les leaders d’opinion et représentants des populations du Nord.

11. Aller à la rencontre de nos compatriotes réfugiés dans les pays voisins.

12. Prendre les contacts nécessaires en vue de l’instauration d’un cessez‑le feu.

13. Prendre attache avec les gouvernements susceptibles d’apporter leur concours à l’ouverture d’un dialogue avec les groupes rebelles.

1.4 Rencontrer à Bamako les ambassadeurs et représentants les pays et organisations susceptibles d’appuyer les initiatives de paix.

15. Tenir une réunion d’information avec l’ensemble du corps diplomatique et les représentants des organisations  internationales.

16. Organiser le Forum pour la paix et la stabilité dès que possible.

Bamako, le 07 février 2012

 

NORD-MALI : la chronologie des événements de Dioncounda Traoré

1. Introduction:

Le 17 janvier 2012, le camp militaire et l’unité méhariste de Ménaka ont été attaqués par des hommes armés se réclamant du Mouvement national de libération de lAzawad (MNLA).

Le 18 janvier, les garnisons de Tessalit et d’Aguelhok ont, à leur tour, été les cibles de groupes armés. Les 19 et 20 janvier, des combats acharnés ont opposé des membres des forces armées nationales à des combattants rebelles dans le secteur d’Aguelhok.

Le camp militaire de cette localité, a de nouveau été attaqué le 24 janvier. Des exécutions sommaires de militaires faits prisonniers ont eu lieu à la suite de cette attaque. Une centaine de victimes auraient été dénombrées.

Le 26 janvier, la garnison dAndéramboukane (cercle de Menaka), attaquée par un groupe de rebelles.

Le même jour, un autre groupe rebelle fit son entrée à Léré (cercle de Niafunké), que l’armée avait évacué la veille. Plusieurs postes militaires susceptibles d’être exposés aux coups de mains des rebelles auraient reçu des consignes de repli vers les garnisons plus sécurisées.

Le 31 janvier, au milieu de l’après‑midi, un groupe rebelle a tenté d’entrer dans la ville de Niafunké sur le fleuve Niger. Il a été repoussé par l’armée après plusieurs heures de combats.

Le 1er février, à la suite d’une manifestation d’épouses et d’enfants de militaires des violences ont été exercées à Kati sur les propriétés et domiciles de citoyens appartenant à la communauté Kel Tamasheq.

Ce même jour, des rebelles ont fait leur entrée à Ménaka que l’armée avait évacué la veille. Les positions de l’armée à Niafunké ont essuyé des tirs rebelles dans la nuit du le’ au 2 février.

Le 2 février, les manifestations commencées à Kati se sont étendues à Bamako où de groupes de jeunes ont brûlé des pneus, posé des barricades, pillé des biens privés. Plusieurs compatriotes d’origine Touareg ont reçu des menaces.

Ces menaces ont été le prélude d’un départ de nombre citoyens, cadres et personnalités touarègues et arabes vers l’intérieur et l’extérieur du pays.

Bien qu’aucun bilan précis ne soit disponible, il semble que les attaques contre les six localités et les violences qui s’en suivirent auraient laissé des dizaines de morts de part et d’autre.

Le 8 février un groupe de rebelles s’attaquent à la garnison Tinzawattene, à la frontière avec l’Algérie. Les éléments de la compagnie se replient sur Tinzawattene‑Algérie sur instruction du commandement.

Le 11 février, l’armée reprend le contrôle de Léré que les rebelles avaient quitté peu avant.

Cette brusque détérioration de la situation sécuritaire dans la partie Nord du pays a provoqué une psychose généralisée et entraîné un exode des populations civiles.

Plusieurs milliers de Maliens se sont réfugiés en Algérie, au Burkina, en Mauritanie et au Niger.

Outre ces réfugiés, des milliers de déplacés internes ont quitté leurs résidences habituelles (à Tessalit, Kidal, Anéfis, Aguelhok) par peur des combats ou des représailles. Elles vivent, comme on peut l’imaginer, dans des conditions précaires, dans un état de détresse humanitaire qui requiert une réponse urgente en termes d’assistance médicale et de nourriture.

Les attaques rebelles ont entraîné, dans la plupart des localités visées un exode des populations, des agents de l’Administration et de leurs familles.

Conséquence de la psychose généralisée, la vie économique, sociale et administrative est paralysée dans les zones concernées.

2. Action Urgente :

Cette recrudescence de la violence et de l’insécurité (dans un contexte d’insécurité alimentaire), les mouvements de populations civiles sont de graves menaces à l’unité et la cohésion nationales.

Il est apparu aux partis représentés à l’Assemblée Nationale qu’il était urgent de se concerter afin de

‑ de mettre fin aux amalgames et à la confusion,

‑ de faire taire les armes, de rassurer les populations,

‑ d’engager, sans délai, un dialogue pour la paix et la stabilité.

C’est ainsi qu’ils se sont réunis successivement les 2 et 3 février 2012 et ont décidé de dépêcher une délégation auprès du président dela République.

Reçue le 4 février 2012, cette délégation a soumis au Chef de l’Etat un projet de Forum national pour la paix et la stabilité au Mali. Celui‑ci a favorablement accueilli l’initiative et a encouragé la classe politique à s’investir pour faire taire les armes, oeuvrer au retour de la paix, renforcer la cohésion dela Nation.

A la suite de cette audience, les Partis politiques ont élaboré le Plan d’action pour la paix et la stabilité au Mali dont les grandes lignes vous seront exposées.

Ce Plan d’action a été approuvé par le président dela République, à l’issue de sa rencontre avec la délégation mandatée par les Partis politiques, le 10 février 2012.

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9 COMMENTAIRES

  1. Ce que ce journaliste oubli, c’est que le Mali sert depuis 12 ans de base arriere a ces terroristes d’AQMI qui commettent des attentats et des elevements en Mauritanie et en Algerie. Lorsqu’ils commettent leurs gaffes, c’est toujous au Mali qu’ils reviennent et negocier les rançons de leurs kidnappings avec l’accord et l’appui des autorites maliennes. Ca c’etait une erreur monumentale de la part de nos dirigeants. Voila ce qui irrite nos voisins dont la Mauritanie qui a meme militairement intervenue au Mali plusieurs fois pour aider a deloger ces AQMistes, mais a chaque operation, ils etaient deja au courant. Le manque cooperation de notre pays les a tous amene a nous traiter de “maillon faible”
    En plus de leur laxisme, ils n’ont jamais reagit a l’assissinat de 2 colonels de l’Armee a Tombouctou et d’une cinquantaire de nos militaires tues vers Araouane sans oublier les enlevements et le meurtre de touristes a Tombouctou et Hombori. Voila tout le probleme. a cela s’ajoute le laisser aller avec ces rebelles, ces alliances du Diable et la multiplication des milices, le trafic d’armes et de drogue,..tout cela fut tolere sinon avec la benediction et la complicite de Koulouba. Et aurjoud’hui, c’est tout le pays qui est pris en otage et nos militaires qui se font massacrer.
    Pour le moment unissons nous derriere eux et donnons leur le soutien qu’on peut et apres nous nous occuperons des traitres qui nous dirigent et leurs criminels complices. Il va falloir faire des sacrifices et passer par des epreuves dures, mais le Mali survivra avec l’aide et le soutien de tous ses fils du Nord au Sud, Blancs et Noirs tous Unis pour une meme destinee comme c’est pour toujours. Dieu Benisse notre pays

  2. il faut accepter l installation d une base militaire americaine a kidal si le mali n est pas en grande de controller le nord comme ca se passe dans tous les pauys civilises.

    • On ne veut aucune base militaire etrangere sur notre sol. Les americainsavec toute leur puissance ont echoue eau Vietnam, en Somalie, en Irak et son dans la merde en Afghanistan. Et 9/10 de leurs attaquent terrestres ou avec les drones font des victimes civiles. Amener les americains chez nous reviendrait a mettre du miel pour les fourmis pour les attirer. Partout ou ces gens sont, il y a des problemes. On est bien avec notre armee. Il suffit juste de bien l’equipper, la motiver et y extirper les mauvaises graines constituees par les officiers corrompus sans dignite ni honneur.Il y a des hommes capable dans le Maliba et on les connait. Il faut les motiver et les donner les moyens pour arriver.

  3. Je suis malien et je ne me reconnais pas dans ce plan d’action. On ne doit entamer aucun dialogue ni cessez-le-feu avec les rebelles…… On doit continuer à combattre jusqu’à la lutte finale. En lisant cet article, on comprend vite que le Mali (ou plutot ATT) a été pendant longtemps le maillon faible de la sécurité et de la stabilité dans le sahel et maintenant, on est réduit à aller quémander la paix avec le soutien des pays voisins…… ATT est resté sourd et aveugle malgré les appels de ces homologues voisins, de la France et des Usa, aujourd’hui, s’ils restent sourds et aveugles aux appels de ATT, il ne pourra s’en prendre qu’à lui-même, car dit-on, “le sentier de je m’en fous mène à si je savais”!!!!!!!!!

  4. Si ATT et sa clique d’irresponsables et d’incompétents sont incapable de gérer la crise, qu’ils donnent aux bandits armés ce qu’ils veulent et qu’on ne parle plus de rébellion au Mali;car de toutes les façons ce sont les militaires dont les parents sont pauvres qui feront les frais et ça va toujours réprendre à chaque fois que ces bandits et leurs complices auront bésoins d’argent. Que DIEU sauve le Mali!

  5. Pourrait on matter une bonne fois pour un bon bout de temps ou definitivement cette rebellion. C’est du pareil au meme depuis les annees 60. Donnons les moyens necessaires et suffisants a notre armee pour qu’elle finisse avec cette rebellion pour un bon bout meme si cela coutera au tresor public. Seulement il faudra que cet argent soit utilise de facon transparente. Sinon ca sera pareil dans 5ans ou 10 ans. Certes le territoire est tres vaste mais comptons sur notre armee d’abord et l’aide des pays voisins viendra apres. Mais oublions L’algerie et la Mauritanie, ces 2 pays sont a la base de tous les problemes du Nord sans oublier la Lybie par le passe.

  6. Negociation, negociation,…. Le terme en lui meme n’a rien de problematique mais le contexte dans lequel il est utilise ici est un veritable scandale. L’armee n’a jamais commence la tuerie, mais plutot les rats bandits armes du nord. Aussi pourquoi c’est toujours nous les agresses a demnader en premier une negociation avec les rebelles agresseurs du nord? Combien de fois nos gouvernements ont utilise ce mot croyant qu’ils reviendraient en de meilleurs sentiments? Que du gachis! Regardez un peu ou ca nous mene a chaque fois. Toujours le meme scenario, apres chaque rebellion ils prennent de l’argent et puis ils se taisent. Quand ils finissent l’argent, ils changent d’appellation pour encore reprendre les armes. MNLA qui ne reconnait pas les accords d’Alger, dont les signataires a leur tour avaient fait une croix sur les accords signes par le President AOK et ainsi de suite. C’est quel jeu ca? De grace si on ne veut pas en finir, pourquoi ne pas leur laisser ce qu’ils cherchent car a chaque rebellion ce sont des milliards et des milliards que l’on depense et des pauvres militaires qui meurent sans leur laisser aucune chance. Alors arretons de cauteriser une jambe de bois, faisons cette guerre qu’ils veulent nous imposer une bonne fois pour toutes et passons a autre chose. Que ce mot “negociation”, qui m’irrite d’ailleurs, sorte de notre vocabulaire et laissons aux rebelles ce soin de s’en aider. Que c’est incroyable!!!

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