Nord-Mali : L’urgence

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Dans un nord confronté aux pires difficultés socio-économiques, la donne est en train de changer pendant que le gouvernement tergiverse et se dépense dans des efforts inutiles.

Le Premier ministre vient de boucler une série de concertations avec les autorités algériennes, françaises, mauritaniennes et burkinabé. Le but évident de ce débordement d’énergie est d’agir, parallèlement à l’aile dure des Etats de la Cédéao, pour imposer des négociations plutôt que l’intervention militaire pour régler la crise sécuritaire dans le nord du Mali. N’ayant jamais fait mystère du choix de l’option négociation, le médiateur dans la crise malienne, tout autant parallèlement, a reçu succesivement le Mnla et Ansar Eddine. Même si, selon plusieurs observateurs, Ibrahim Ag Mohamed Assaleh (indépendantiste) et Alghabass Ag Intallah (jihadiste) ont actionné leurs réseaux personnels pour prendre langue avec le médiateur sans avoir formellement reçu l’aval ou le mandat de leurs chefs respectifs, on peut croire qu’il y a bel et bien un double jeu mené par les occupants, d’une part, et la communauté internationale, d’autre part.

Les Etats de la Cédéao, dont beaucoup de dirigeants préfèrent faire l’économie de négociations longues et laborieuses, sont toujours en train d’étudier la meilleur stratégie acceptable par l’ONU pour intervenir militairement au Mali. Dans la région de Mopti où l’armée aurait déjà bénéficié d’importants moyens pour lancer une offensive victorieuse et n’attendrait plus que le feu vert des autorités politiques, les mouvements d’autodéfense, composés essentiellement de sédentaires, se forment. Ganda Izo et Ganda Koy se disent prêts à intervenir aux côtés des forces armées et de sécurité, même s’ils n’ont pas encore résolu la querelle de leadership qui handicape leur fusion ou union.

Mais pendant ce temps, les occupants mettent la pression et passent à la vitesse supérieure. A Gao, aprsè avoir composé, investi et installé le Comité transitoire de l’Etat de l’Azawad (CTEA) et son gouvernement, le Mouvement national de libération de l’Azawad (Mnla), dont le vice-président (et théoriquement le N°2) est un Songhay, ancien responsable de Gandakoy est en train de recruter des cadres locaux pour constituer les cabinets ministériels. Pour preuve, l’auteur de ces lignes a été contacté par téléphone le mercredi 20 juin, à 13h09, pour se voir offrir le poste de secrétaire général du ministère de l’éducation nationale de l’Azawad. L’offre a été déclinée.

A Tombouctou, Ansar Eddine n’est pas en reste. Ce sont des autochtones qui sont recrutés quotidiennement pour l’application de la charia qui a effectivement commencé depuis quelques temps, avec un pic dramatique enregistré au cours de la semaine dernière. De jeunes en font les frais pour des « délits » comme la consommation de tabac, le concubinage, etc.

Dans les deux régions, chaque Targui recherche à rapprocher de lui son Songhay, et à le rallier à sa cause.

Si la tactique d’Ansar Eddine pour séduire les populations passe par l’application d’une justice équitable envers les auteurs avérés de vols, viols, brigandages, etc., et par la facilitation du passage des caravanes humanitaires et la distribution gratuites de denrées alimentaires, celle du Mnla consiste à offrir du travail aux locaux. Les deux tactiques pourraient marcher.

Notamment, le Mnla, accusé à juste raison d’être à la base de toutes les brimades et dérives, a besoin d’avoir une légitimité et de se constituer un capital de sympathie. Or, c’est un secret de Polichinelle, la plupart des habitants du nord sont au chômage ou estiment mériter mieux que ce que l’administration malienne leur offrait. Ils pourraient donc facilement céder au désir pressant d’occuper des strapontins, d’autant plus que les postes proposés sont attrayants (secrétaire général, directeur de cabinet, directeur national, directeur général, etc.)

D’autant plus, également, que les activités économiques sont totalement arrêtées ou ralenties dans les villes du nord. Vivant déjà dans des conditions précaires, même avant l’occupation, les populations sont aujourd’hui confrontées aux problèmes d’approvisionnement en produits divers, surtout de nécessité. La centrale électrique de Tombouctou est arrêtée depuis avant-hier samedi, pour manque de carburant ; celle de Gao, tournant pour l’instant au ralenti, connaitra très bientôt le même sort pour la même raison.

Dans un tel contexte, ces cadres qui sont en train d’être nommés vont eux-aussi nommer d’autres cadres du nord. Jusqu’où iront-ils, tous ces cadres, pour garder leurs nouveaux postes et privilèges ? Il est sûr qu’à l’heure actuelle, ils se soucient peu de savoir s’ils sont sous gouvernement malien ou administration azawadi, l’important étant pour eux d’être en activité et d’avoir des revenus. Surtout que les indépendantistes du Mnla, pour beaucoup, ont des liens sociaux très tissés et très forts avec les communautés noires sédentaires.

C’est cette nouvelle situation que les autorités maliennes et la communauté internationale doivent désormais prendre en compte. En se posant cette question : le besoin pressant d’emploi poussera-t-il ces cadres jusqu’à prendre les armes aux côtés du Mnla contre les forces armées et de sécurité loyalistes ?

Cheick Tandina

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6 COMMENTAIRES

  1. Ces commentaires vont a l endroit de Behanzin.
    Quote” Nous ne sommes pas ennemis mais amis! Nous ne devons pas etre ennemis. Meme si la passion nous dechire, elle ne doit pas briser l’affection qui nous lie. Les cordes sensibles de la memoire vibreront des qu’on les touchera, elle raisonneront au contact avec ce qu’il ya de meilleur en nous.” A LINCOLN
    Pour la premiere fois la notion “nord du Mali” a eu une conotation regionaliste et cela a cause des 2/3 du territoire malien occupes. s en prendre a Tandina qui loins de vouloir encourager ce se passe au Nord, essaye de tirer la sonnette d alarme, ne va pas dans le sens de l unite nationale. Le mali va mal dans sont ensemble et comme tu l as dit le Mali n est que le Mali bien qu il soit le Maliba. Est ce pour autant enfoncer le couteau dans la plaie en parlant des postes dispo au sud …..
    Etre assis sur le net et s exprimer librement est un luxe dont aucun resident actuel au nord ne peut se permettre. Bon nombre de familles n ont que pour source de revenu la vente de l eau glacee qui de surcroit est entrain de tarir car l electricite sera bientot coupe dans les villes du nord.
    S il ya kk 1 a blamer ce n est Tandina, mais plutot nos dirigeants politiques et probablement notre armee nationale.

    • Salu Hassane,
      Je te demande de bien lire mon post avant de réagir comme tu l’as fait. Je ne me prends pas a Tandina. Je lui ai simplement fait savoir que ce n’est pas le moment de faire du chantage comme il le fait dans son article. Il a le droit de décider librement de s’intégrer ou non dans le Mlna comme cadre. Lorsque tu me dis “Etre assis sur le net et s’exprimer librement est un luxe dont aucun resident actuel au nord ne peut se permettre”, je te reponds en disant que j’ai passé 11 ans de ma vie au nord. J’étais au nord jusqu’en janvier 2012. Avant cette barbarie de certains enfants du nord, il y avait le net et tous les autres moyens modernes de communications dans les principales villes du nord comme partout ailleurs. Acceptez la vérité ne fait rien a un homme. Personnellement, je comprends les rebellions comme une réaction au mal vivre. Je ne suis pas sur que cela soit le cas des rebelles touaregs du nord. Je serais heureux d’etre dementi. Si c’est a cause du mal vivre, mon cher Hassane, au Mali, le mal vivre n’est pas une panacée du nord. Je viens d’une région aussi difficile que celles du nord pourtant on y extrait de l’or pendant plus de 15 ans. En bon malien, nous devons reconnaitre que nous sommes pauvres et nous battre avec les idées pour s’en sortir. Lorsque des groupes s’opposent de facon intempestive par les armes, cela peut avoir d’autres connotations. Hélas.

  2. Mr Tandina, ces genres de commentaires constituent du chantage. Si des cadres du nord veulent se faire embauchés par qui que ce soit, qu’ils le fassent. Ce qui est sur ils ne peuvent pas etre cadres du Mnla ou d’Ansardine et garder leur poste dans l’administration malienne, donc une possibilité d’emploi pour des nombreux cadres du sud en chomage. Le chomage ne frappe pas seulement les jeunes du nord. Tous ceux qui croient au Mali doivent agir dans le sens de l’unité. Nous avons tous intéret à se dire la verité. Le Mali n’a aucune loi ou pratique qui segregue nordistes et sudistes. Nous sommes dans un pays pauvre ou certains responsables (du nord du sud comme du nord) ont mal geré les biens publics. Tout le pays ressent les méfaits de cette mauvaise gouvernance à des degrés differents bien sur. Arretez de jouer à la victimisation. Les sudistes aussi souffrent mais font violence sur eux au prix de la solidarite et de la république. La dislocation du pays ne profite à personne mais si vous voulez qu’il en soit ainsi, on en meurt pas non plus au sud. On est fatigué.

  3. Objet : hymne de l’AZAWAD

    A ton appel Azamerde
    Pour ton Imbécilité
    Fidèle a tes baratins
    Tu sera bientôt détruit
    Un troupeau sans but ni foi
    … Pour une confiance en ruine
    Si le barbu découvre son menton
    Au-dedans ou au dehors
    Debout sur ton cadavre
    Nous sommes résolus d’en finir
    Contre Azamerde et ses rats
    Azamerde
    Ton faux drapeau usurpateur sera pour te torcher
    Contre Azamerde et ses rats
    Azamerde
    Vos affronts seront bien laves

    Ô Azamerde des Viols
    Ô Azamerde des pillages
    Les canons fument à distance
    Bientôt pour le Mali un et indivisible viendra la délivrance!!

    ECRIT PAR M.WAGUE ABDOULAYE

  4. AU LIEU DE PARLER BEAUCOUP LE PM DOIT DIRE AUX BIDASE DE REGAGNER LES CASERNE IMMEDIATEMENT ET ALLER AU NORD
    SINOM CES NORDISTE FORME UN GOUVERNEMENT APRES IL PRENDRONT LE SUD POUR APPLIQUER LA CHARIA DANS TOUTE LETENDUE DU MALI
    TANT QUIL AURAIT PAS FAIT DEGAGERLES BIDASE PERSONNE NE DONNERAIT UN SOUS AU MALI PERSONE

  5. Oh, militaires du Mali, n’avez-vous pas ecoute les paroles de nos griots pendant ce Telethon? Eh bien je vais vous le rappeler. Par exemple, Bako Dagno dit que de sa maison a la salle du spectacle, elle n’a pas rencontre d’hommes. Elle dit qu’il n’y a plus d’homme au Mali. Ce qu’elle lui reste a faire, c’est de humer la terre pour sentir l’odeur des vrais hommes qui sont morts. Et Tata bambo de celebrer des hommes hommes qui ont disparus tel Kissima Doukara…
    Ce qui est commun a tous ces artistes, ils constatent que l’armee malienne n’a plus d’homme. Bako Dagno elle suggere que les militaires leur donnent (aux griottes) leurs tenues militaires pour qu’elles aillent au combat. Et si elles meurent toutes, suivront leur maris.
    Je ne suis pas friand des “grioteries”(je m’excuse , mais je veux parler de cette culture de mandiant qui s’est installer a la place du nyamakalaya), mais en ecoutant ces chanteuses, j’ai eu honte a la place des militaires.
    Aurotn-ils raison ces artistes? Qu’avons nous fait pour meriter un tel sort. Pourquoi, ce sont les autres (CEDEAO UA President Nigerien, Yayi Boni,etcc) qui veulent faire la guerre, et nous nos soit-disant dirigeants, nous vouyllons negocier? Qu allons nous negocier? Notre honneur, notre dignite? Qu’elle sera l’objet de notre negociation? Un morceau de territoire contre la paix? Oh Malheur , Oh malediction!!! Maudit soit tous ceux qui refusent la guerre d’honneur, la guerre de dignite. Maudits soient tous ceux qui nous ont amene cette situation. Maudit soit le 22 Mars et ses perpetreurs qui pensaient resoudrent une crise en en crenant un autre!

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