Nord du MALI : La partition consommée !

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Photo fournie par le Mouvement national pour la libération de l’Azawad, 2 avril 2012, montrant des combattants dans un endroit indéterminé au Mali © MNLA

Il y a de cela plus de trois mois que le nord du Mali est occupé par des groupes armés terroristes, islamistes, indépendantistes et autres forces obscures. Une occupation sur fond de tortures, viols, violations, assassinats, brimades et saccages. Chaque goupe armé s’en donne à cœur joie dans une région particulière.

Le 1er avril 2012, les goupes armés entraient à Tombouctou, qui tombait ainsi après les villes de Kidal, le 30 mars, et de Gao, le 31. Depuis, l’histoire bégaie avec un pouvoir contrôlé pendant quelques jours par la junte militaire et des desarrangements entre les putschistes et la CEDEAO pour désigner un président par intérim et un Premier Ministre de transition. S’en suivra un Gouvernement. Ils auront désormais à faire face à la partition effective du pays. Car, l’occupation des trois régions du nord et d’une grande partie de celle de Mopti consacre désormais la «somalisation» du Mali. Mais, une partition plus insidieuse et beaucoup plus difficile à endiguer du fait de la division du nord entre les différents occupants. En fait, de ces groupes armés, seuls quelques uns contrôlent effectivement le nord. Il s’agit principalement d’Ansar Eddine (armée ou pouvoir de la religion, mouvement islamiste), d’Aqmi (Al Qaëda pour le Maghreb islamique, cellules terroristes) et du Mujao (Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest, intégriste religieux, dissident d’Aqmi). La divergence d’intérêts et d’objectifs entre ces groupes consacre une autre partition, cette fois celle du nord même en différentes zones d’influence.

Quant au Mnla (Mouvement national de libération de l’Azawad, indépendantiste) ne cessant de perdre de l’influence et de se faire détester par les populations de Gao qu’il avait chosie comme capitale de son éphémère Etat indépedant, il a été définitivement été chassé du nord par les autres groupes armés, ses anciens partenaires. Sa déconfiture a été complète après sa défaite dans la bataille pour le contrôle de cette ville, face aux éléments du Mujao, le 24 juin 2012.

Gao, capitale du Mujao

Gao était devenue problématique pour les deux mouvements. Si le Mujao a été créé essentiellement par des dissidents maliens et mauritaniens d’Aqmi, il a été renforcé depuis par des Arabes implantés à Gao depuis des décennies. Ils ont excellé et prospéré dans l’enlèvement et la «vente» d’Occidentaux. Ceux-ci étaient «vendus» à Aqmi dont le Mujao assurait également la sécurisation des convois de drogue. Ils se sont dissociés d’Aqmi pour «travailler» à leur propre compte, notamment dans le narcotrafic, et faire en même temps l’économie de la redevance grâce à laquelle Aqmi, seule branche vraiment opérationnelle et rentable, finance les autres branches d’Al Qaëda.

Mais, en plus du Mujao, d’Ansar Eddine et du Mnla, existent d’autres groupes armés dont on parle peu. Il s’agit des milices locales d’autodéfense, Ganda Koy et Ganda Izo, composées des populations sédentaires. Faiblement armées et ne bénéficiant pas de grandes marges de manœuvres, elles sont pour le moment peu actives, mais pourraient être d’un apport capital et décisif pour les forces armées et de sécurité du Mali ou de la communauté internationale en cas d’intervention militaire pour libérer et reconquérir les régions du nord.

Tombouctou est une toute autre réalité. C’est Aqmi qui y fait sa loi, accentuant sa main mise sur la Cité. Au début, la branche maghrébine du réseau terroriste avait eu le soutien, ostentatoire ou secret, d’une partie de la population, très conservatrice, attachée aux valeurs fondamentales de l’islam, réfractaire à la libéralisation accrue des mœurs. Néanmoins, l’atteinte aux symboles mêmes de la «sainteté» de cette ville a conduit les conservateurs à se démarquer (passivement, il est vrai) des envahisseurs.

Là également, l’armée pourrait avoir le soutien d’un groupe armé, le Fnla. Ce front est composé essentiellement d’Arabes et de Maures, humiliés par Aqmi et Ansar Eddine qui les ont chassés de Tombouctou, leur terroir naturel. Ils sont aguerris puisque provenant pour la plupart des milices arabes créées et armées pour, officiellement protéger la région des narcotrafiquants et des terroristes, mais en réalité pour sécuriser, essentiellement, les circuits de la drogue dont profiteraient de «gros bonnets» de Bamako.

Tombouctou sous la coupe d’Ansar Eddine

Pour avoir favorisé la prise de Tombouctou et contribué à son pillage, les miliciens ont récemment été réprimandés lors d’une rencontre, en Mauritanie, entre communautés arabes. Ils pourraient se racheter en tant qu’auxiliaires de l’armée, surtout qu’ils ont également une grande expertise du terrain.

C’est dans la ville de Kidal et dans d’autres localités de la région qu’Ansar Eddine règne vraiment en maître. Laissant le reste à Aqmi. Cependant la situation est en train de changer. Notamment depuis qu’à la suite de manifestations de protestations des femmes et des jeunes contre le rigorisme d’Ansar Eddine, le vieil Aménokal des Touaregs, Intallah Ag Attaher est sorti de sa réserve pour inviter ses fils, ses coreligionaires et compatriotes à se démarquer d’Ansar Eddine, «un parti d’Aqmi». Par ailleurs, en voulant affermir son influence et son emprise sur Gao en s’appuyant sur le Mujao, Iyad Ag Ghali est de plus en plus désavoué par les différentes fractions touarègues, accusé d’avoir «laissé» le Mujao déloger le Mnla de son «territoire naturel», l’Azawad. Depuis, le chef d’Ansar Eddine serait dans une optique de négociations avec les autorités maliennes. Mais, il y aurait aussi une autre raison : il n’aurait plus de contrôle sur les hommes qui sont en train de gérer Tombouctou avec la manière qu’on sait. Il aurait d’ailleurs entrepris de prendre ses distances avec Aqmi. La démarcation serait marquée par l’adoption, en lieu et place du hideux et lugubre étendard noir des extrémistes religieux, d’un nouveau drapeau blanc avec comme effigies le Coran, le sabre et la kalach.

Avec donc une telle mosaïque, Aqmi, Mujao, Ansar Eddine, d’une part, et Ganda koy, Ganda Iso, regroupés depuis quelques jours en un front unifié comptant quatre autres mouvements, d’autre part, à Gao ; Aqmi, Ansar Eddine, d’un côté, et le Fnla et les milices arabes, d’autre côté, à Tombouctou ; Ansar Eddine qui pourrait en découdre avec Aqmi, la situation, est loin d’être claire. Et si le Mali est divisé en nord et sud, chaque région du nord pourrait également entrer en sécession contre les autres régions, contre la Nation.

C. T

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10 COMMENTAIRES

  1. On est tenté de se demander si la partion du Mali n’est pas déjà effective,car les politiciens maliens et la France(USA compris) jouent à ce jeu dangereux pour le Mali ,la preuve la communauté internationale a découragé toutes les initiatives prises à savoir celle de la CEDEAO,,celle du premier ministre Dr.Diarra,celle des jeunes ressortissants du Nord avec Me Toureh.Chaque fois c’est la France ou les USA qui trouvent que les dittérentes initiatives ne sont pas bonnes pour ll libération du Nord du Mali Mali.Il faut divertir les Maliens pour qu’ils oublient le Nord au profit d’un soit disant gouvernement d’union nationnale de transition.Entre temps les les différentes forces négatives s’implantent et, se réarment et sympathisent avec les populations des zones occupées.Les maliens doivent savoir que la cessession des USA n’a pas été négocier avec le Sécessionnites;alors pourqoi ces puissances veulent nous imposer une cessession de factoalors que nuos avons les moyens pour nous libérer.Le blocage de nos armes aux différents ports de Dakar, Abidjan et Conakry sont aussi des actions evidentes.Ce complot sera dejoué avec la grace de Dieu,le tout puissant.

  2. “Ko nI da djia tun ye kunadjia ye, ko sorofekono tun be soke mara.”( Les tauneaux vides vont trop de bruit ). Quand le MNLA a fait sa propagande disons so bluff, moi je n y ai cru car on a pas besoin de faire une ecole de guerre pour savoir que les mouvements en general n’ont jamais d’armes lourdes comme les chars et BRDMS compte tenue de leurs entretiens et leur mobilite surtout dans le desert. Quant au nombre de combatants aucun des groupes ne peut se targuer d’avoir 10000 hommes. La guerre des ondes ou guerre psychologique est une partie Integrante de la guerre. Trop de tergiversations au niveau de Bamako alors que plus on traine plus la tache sera difficile. Si non meme si certains de ces groupes ont des armes, ils n’ont pas assez d’hommes pour les manipules. Alors cessons d’exagerer les choses.

  3. La mollesse de la classe politique finira un jour pour que le mali recouvre sa dignité perdu

  4. moi-meme AZAWAD ou la mort nous vaincre 😆 😆 😆 😆 😆 😆 😆
    AZAWAD ou la honte nous tue
    AZAWAD ou la honte nous assassine
    AZAWAD ou la honte nous massacre
    AZAWAD ou la honte nous écrase
    AZAWAD ou la honte nous couvre
    AZAWAD ou la honte nous bombarde

    AZAWAD houuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuu 😛 😛 😛 😛 😛 😛 😛 😛 😛 😛 😛 😛 😛 😛 😛 😛 😛 😛 😛 😛 😛 😛 😛 😛 😛 😛 😛 😛 😛 😛 😛 😛

  5. Le MNLA aura la victoire sur l’axe du mal que sont le Mali=Mujao=aqimi=international narco-trafique. Wait and see.
    😛 😀 😆 :mrgreen: 😉 😉 😉 😉

    • tu crois qu’en jouant les guerriers du clavier tu va arriver a cet resultat pour ton zazaland?

      tu me fais marrer!!!

      :mrgreen: :mrgreen: :mrgreen:

  6. SORTIE, HONORABLE POUR TOUS, DE LA CRISE MALIENNE A TRAVERS LA NÉGOCIATION ET UNE GUERRE INFORMATIONNELLE

    Bonjour

    Il est vrai, que le peuple Malien mais aussi le monde entier sont aux pieds du mur à cause de la crise Malienne, et beaucoup de gens pensent à la guerre pour libérer le Nord Mali, mais une guerre non préparée et qui s’effectuera surtout dans les villes, générera une hécatombe, c’est-à-dire l’extermination ou le massacre de personnes, pouvant être innocentes, des fois sans atteindre la cible (les terroristes, …).

    C’est un déshonneur pour tous d’arriver à cette hécatombe car on se demande s’il n’y a pas une autre solution pour une sortie honorable pour tous de la crise.

    Comment éviter ce déshonneur tout en libérant les régions nord du Mali ?

    Dans le contexte du Nord Mali, vous savez les populations locales, en ville tout comme dans les campagnes ou brousses, sont aux mêmes endroits que les personnes non désirées (terroristes, …), souvent, d’ailleurs, sans le savoir.

    Ainsi, se pose le problème sérieux d’identification de ces personnes non désirées afin de les arrêter et de les empêcher de nuire ou de les tuer.

    C’est pourquoi, dans ces conditions, seule la guerre informationnelle est efficace et évite ce déshonneur.

    La seule chance de SORTIE, HONORABLE POUR TOUS, de cette crise sans trop de dégâts, c’est à travers une négociation entre communautés et entre Maliens non terroristes et une guerre informationnelle via une base stratégique, d’informations et de renseignements, vérifiés et sécurisés, d’intelligence collective.

    Cette base contiendra les renseignements fournis par la population et les partenaires (pays voisins de la zone sahel et au niveau international).

    L’intérêt de la guerre informationnelle, c’est que les actions seront ciblées, donc moins de dégâts collatéraux et moins de morts d’innocents, par rapport à une guerre classique qui est l’option militaire, si la négociation échoue, du gouvernement Malien, de la CEDEAO, de l’UA, de l’UE, en particulier de la France, des États Unies et de l’ONU.

    La guerre classique peut générer des conséquences imprévisibles, d’énormes dégâts collatéraux et d’énormes effets de bord (contagion de la sous-région ou de la région ou du monde).

    A travers une participation active de toutes les communautés Maliennes et une collaboration sérieuse avec tous les partenaires de la sous-région et au niveau international, cette crise sera résorbée en utilisant une solution négociée basée sur des conférences de compromis étendues aux régions du Mali et sur une guerre informationnelle.

    POUR UNE SORTIE, HONORABLE POUR TOUS, DE LA CRISE MALIENNE, IL SERAIT JUDICIEUX D’ASSOCIER A L’OPTION NÉGOCIATION DU GOUVERNEMENT MALIEN POUR LA RECONQUÊTE DES RÉGIONS DU NORD, UNE EXTENSION POUR L’IMPLICATION DES COMMUNAUTÉS VIVANT DANS TOUTES LES RÉGIONS DU MALI (PAS SEULEMENT AU NORD COMME LE PROPOSE LE GOUVERNEMENT DE TRANSITION) ET CELLE DES POPULATIONS LOCALES ET ÉLIMINATION DU TERRORISME PAR UNE GUERRE INFORMATIONNELLE TELS QUE JE LES PROPOSE DANS MA SOLUTION DE SORTIE DE CRISE.

    Bien cordialement
    Dr ANASSER AG RHISSA
    EXPERT TIC ET GOUVERNANCE
    E-mail: Anasser_AgRhissa@yahoo.fr

  7. un titre bidon si tu comprend le français il faut te taire au lieu de donner des titres qui ne collent pas a ton article.et puis sache que tu n’a rien a nous dire sur le nord. alors tait toi !

  8. Merci C.T pour cette belle analyse.Pendant que notre pays est dans cet état pitoyable, certains de nos politiques (notamment ceux du FDR)
    SONGENT PLUTÔT A UN REMANIEMENT POUR REVENIR AUX AFFAIRES POUR LES PLUS CLEMENTS, SINON D’AUTRES PREFERENT QUE LE PAYS SOIT ENTIEREMENT OCCUPE PAR LES BANDITS DE MOUDJAHIDINES.Mais ce pays a la bénédiction de dieu!Je demeure convaincu que nous rebondirons malgré le complot orchestré par les énnemis du peuple du Mali.Cependant ne comptons jamais sur ce machin qu’est la CEDEAO pour nous aider à liberer notre pays.Nous l’avons déjà vue à l’oeuvre incapable de faire taire les armes en RCI quand Laurent Babo massacrait son peuple.:wink:

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