Nord du Mali: Kidal, où ont été tués deux journalistes, zone de non-droit (PAPIER D’ANGLE)

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 Ibrahim Boubacar Keita, Président de la République du Mali
Ibrahim Boubacar Keita, Président de la République du Mali

DAKAR – La ville de Kidal, dans le nord-est du Mali, fief des Touareg et de leur rébellion où ont été assassinés samedi deux journalistes françaos de RFI, est une zone de non-droit, plus encore que le reste du nord du Mali, malgré la présence de soldats maliens et étrangers.

 

“Kidal est la seule région (du Mali) pour le moment où la souveraineté de l’Etat n’est pas effective”, a reconnu dimanche le ministre malien de la Défense, Soumeilou Boubèye Maïga, sur la chaîne de télévision française France 24.

 
Les soldats français, maliens et de la force de l’ONU au Mali, la Minusma, y sont moins de 500 en tout. Le gros des troupes est basé à l’aéroport situé en dehors de la ville, à l’intérieur de laquelle elles patrouillent peu.

 
Selon M. Maïga, “nos forces qui y sont déployées n’ont pas une marge d’action qui leur permette d’être en permanence présentes sur les différents axes, le contingent de la Minusma qui est là-bas est plus ou moins cantonné, et Serval ne dispose pas des effectifs pour sécuriser la ville.”

 

Les forces maliennes et étrangères sont nettement plus présentes dans les deux autres grandes villes du nord du Mali, Gao et Tombouctou, où l’instabilité demeure néanmoins et où des groupes jihadistes ont récemment commis plusieurs attentats et attaques meurtrières.

 

Kidal, également visée par une attaque islamiste meurtrière contre des soldats tchadiens de la Minusma il y a dix jours, est régulièrement sillonnée par des pick up chargés d’hommes armés et enturbannés, dont des membres de la rébellion touareg du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), mais aussi d’autres groupes armés.

 

Les hommes du MNLA auraient en théorie dû être cantonnés en vertu d’un accord signé avec Bamako le 18 juin à Ouagadougou pour permettre l’arrivée de quelque 150 soldats maliens dans la ville, pour que la présidentielle de juillet-août puisse s’y tenir comme dans le reste du Mali.

 

Le ministre malien de la Défense admet que “la situation de Kidal est telle que toutes les infiltrations sont possibles”, dont celle d’islamistes armés radicaux de groupes liés à Al-Qaïda qui avaient occupé la ville et tout le nord du Mali pendant plusieurs mois en 2012, avant de fuir l’arrivée de l’armée française en janvier 2013.

 

“C’est l’anarchie”

Selon André Bourgeot, anthropologue français spécialiste des sociétés touareg, “plus personne ne contrôle Kidal, c’est l’anarchie”. “Autrefois on pouvait dire que le MNLA contrôlait Kidal, ce n’est plus le cas”, ajoute-t-il.

 

Depuis le retour du MNLA, la ville a été le théâtre de nombreuses violences, d’enlèvements, d’attaques islamistes, de vives tensions entre les communautés noires et celles à la peau claires, Toaureg et Arabe essentiellement.

 

Le MNLA avait repris le contrôle de Kidal, berceau des Tourareg – plus spécifiquement de la tribu des Ifoghas – à la faveur de l’arrivée des soldats français dans la ville, ce qui avait valu à Paris des accusations de “passivité”, voire de “complicité” avec les rebelles de la part d’hommes politiques maliens.

 

Kidal est située au sud du massif des Ifoghas ,où s’étaient retranchés et où ont été traqués pendant plusieurs mois par des soldats tchadiens et français les islamistes d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), mais aussi d’un autre groupe allié, Ansar Dine (Défenseurs de l’islam).

 

Iyad Ag Ghaly, dirigeant d’Ansar Dine, un ex-rebelle touareg des années 1990, est originaire de la région de Kidal.

 

Il n’a plus été vu au Mali depuis le début de l’intervention armée française, mais son nom est réapparu à l’occasion de la libération le 29 octobre au sud de Kidal de quatre otages français détenus trois ans par Aqmi: la question de son avenir et de son impunité aurait compté dans les négociations pour la libération des otages.

 
En marge du dernier sommet des chefs d’Etat ouest-africains, le 25 octobre à Dakar, le président malien Ibrahim Boubacar Keïte avait jugé la situation à
Kidal “inadmissible, insoutenable, intolérable et qui ne saurait prospérer”.

bur-stb/jmc

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4 COMMENTAIRES

  1. Aucun voyou armé n’est toléré dans les rues de Bamako ou Kayes et pourquoi cela est possible à Kidal ?
    Qui a arraché les armes lourdes des véhicules de l’armée malienne allant à Kidal ?
    Qui surveille l’armée malienne au point de ne plus voir les djihadistes qui rentrent avec des colonnes de véhicules et du gros matériels de guerre ?
    Un ami est un ami et ne fait rien pour te faire sombrer.
    Le ton de cet article de l’AFP, pour la première fois, en dit long.

  2. J’AI ADORé LES COMMENTAIRES SUR YAHOO,QUAND LES COMMENTATEURS CRIAIENT LA NAIVETE ET L’HYPOCRISIE DE LEUR DIRIGEANTS…

  3. Le SERVAL doit etre mis en cause d'avoir confier la securite' de la ville de KIDAL a une armee terroriste a l'interieur d'un pays souverain.

    Les oiseaux de mauvaise augure ont crie’ sur tout les toits en denoncant le fait qu’IBK ai prononce’ que « LA SITUATION A KIDAL EST INACCEPTABLE ET NE POURRA DURER » et voila qu’a moins d’une semaine que l’histoire lui donne raison car il savait exactement de quoi il parlait,toute situation semblable a celle de KIDAL,si elle n’est pas resolu le plus vite possible est appellee a explose’ un jour de la facon la plus choquante possible.
    Dans tout les cas le monde entier est temoin de la volonte’ et de la determination du president IBK et le people Malien a aller a la paix.

    Une chose est sure et certaine on ne pourra jamais reprocher a l’armee MALIENNE de ne pas jouer son role d’armee republicaine dans la ville de Kidal puisqu’elle est CANTONNEE et surveillee de pres par le SERVAL,puisque le gouverneur est prisonnier chez lui meme aussi.

    Toutes nos condoleances a la maison RFI et aux familles des disparus et que ce double meurtre soit le depart de la vrai liberation de la ville de KIDAL

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