En l’absence d’autorité de l’Etat, les communautés gèrent malheureusement leurs différends par la violence. Dans le Nord, le Centre et l’Ouest du pays, on déplore au moins une centaine de morts en un temps record.
Les scènes de violences se multiplient chaque jour dans notre pays. Et les affrontements entre communautés sont les signes de la démission de l’Etat. Il y a quelques semaines, nous vous parlions de tensions entre populations à Afia, cercle de Kéniéba. Quelques jours après, des violences ont éclaté entre des communautés peul et malinké avec morts d’homme.
Pourtant, les autorités locales étaient bien imprégnées de la tension, mais n’ont rien fait pour empêcher l’embrasement. Il a fallu que des jeunes Peuls et Malinkés s’affrontent à l’arme blanche pour voir l’Etat intervenir dans le dossier. Ce conflit, né de l’installation d’un chef de village, est passé sans que la classe politique ou le gouvernement n’en fasse un souci, car il se déroule dans l’Ouest du pays.
Au même moment dans le Centre du pays, à Ténenkou, région de Mopti, des communautés peules et bambara s’entredéchiraient au vu et au su des autorités locales qui ont observé un silence de mort. Et même l’alerte lancée par une association locale n’a pu faire prendre conscience à l’Etat sur l’issue de ce conflit meurtrier.
Auparavant, à la frontière Mali-Niger, des Peuls et Touaregs ont passé des mois à s’entretuer sans que les autorités ne lèvent le petit doigt.
Que ce soit dans le Nord, le Centre ou l’Ouest du Mali, l’Etat, à travers ses représentants locaux, manquent d’anticipation et d’autorité pour faire régner la paix et la quiétude entre communautés condamnées à vivre ensemble. C’est dans le contexte tendu que Human Rights Watch a exprimé sa profonde inquiétude au sujet d’informations concernant des incidents intercommunautaires au Mali.
Pour le cas de Ténenkou, l’organisation des droits de l’Homme appelle les autorités maliennes àintervenir sans délaipour protéger les membres de toutes les communautés, sans distinction et enquêter rapidement sur ces meurtres en vue de traduire en justice les coupables.
Le plus grave dans ces tensions, c’est que les autorités coutumières, religieuses et surtout la classe politique ont brillé par leur inaction.
Alpha Mahamane Cissé