Le président élu du Niger, Mohamed Bazoum, a prêté serment vendredi 2 avril dernier à Niamey. Lors de son discours d’investiture, le nouveau président nigérien s’est exprimé sur la situation que traverse notre pays.
En effet, Mohamed Bazoum a prêté serment le vendredi 2 avril dernier en présence de plusieurs chefs d’État africains, parmi lesquels, Bah N’Daw du Mali, le Burkinabè Roch Marc Christian Kaboré, Idriss Déby Itno du Tchad ou encore le Mauritanien Mohamed Ould Ghazouani et Faure Essozimna Gnassingbé. Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, représentait le président Emmanuel Macron lors de la cérémonie.
Dans son premier discours en tant que chef de l’Etat, Mohamed Bazoum a fait part de ces inquiétudes sur la crise que traverse notre pays. Aussi, il a déclaré : «La situation actuelle du Mali a un impact direct sur la sécurité intérieure de notre pays. C’est pourquoi notre agenda diplomatique sera centré sur le Mali dans le cadre d’une coordination étroite avec les pays du G5 Sahel, l’Algérie, la France, les Etats-Unis et les autres membres permanents du conseil de sécurité notamment. Nous devons aider nos frères maliens à s’entendre, à mettre en œuvre l’accord d’Alger, à le dépasser même, à reconstituer pleinement leur État en vue de lutter efficacement contre le terrorisme ».
A propos de l’EIGS ? Le nouveau président nigérien a martelé : « Ce groupe criminel dirigé par des ressortissants des pays du Magreb a ses principales bases en territoire malien, dans les régions de Menaka et de Gao. Le combat contre lui sera très difficile aussi longtemps que l’Etat malien n’aura pas exercé la plénitude de sa souveraineté sur ces régions ».
Au plan interne ? Mohamed Bazoum va être immédiatement confronté à l’immense défi des attaques djihadistes menées régulièrement dans son pays par des groupes affiliés à Al-Qaida et à l’organisation Etat islamique dans sa partie ouest, frontalière du Mali et du Burkina Faso, et par le groupe nigérian Boko Haram dans sa partie est, frontalière du Nigeria.
Les attaques contre des civils se sont multipliées depuis le début de l’année : plus de 300 personnes ont été tuées dans trois séries d’attaques contre des villages et des campements de l’ouest du pays. La dernière de ces attaques de grande ampleur a eu lieu le 21 mars dans la région de Tahoua, faisant 141 morts dans trois villages touareg et des campements alentour.
Dans un récent entretien avec RFI et France 24, M. Bazoum a écarté tout dialogue avec les djihadistes, estimant que la situation de son pays était différente de celle du Mali. « Nous ne pourrions pas envisager quelque dialogue que ce soit dans la mesure où il n’y a pas un seul chef djihadiste nigérien, une seule base de djihadistes sur notre territoire », a-t-il affirmé.
L’autre défi qui attend Mohamed Bazoum est sans doute l’amélioration des conditions de vie des Nigériens dont plus de la moitié vit sous le seuil de la pauvreté. A travers son indice du développement, les Nations Unies placent le pays parmi les plus pauvres du monde. Un contexte socioéconomique peu favorable pour le pouvoir qui devra trouver des solutions idoines au vécu quotidien de la population qui s’attend à des actes concrets. Pour ce défi, les Nigériens attendent les résultats sans délai.
Le président Bazoum devra aussi apaiser les tensions sociales qu’on signale dans certaines régions du pays pourraient déboucher sur des affrontements inter-communautaires, toutes choses que le pouvoir devra tout faire pour éviter au risque d’un embrasement. La réconciliation nationale devrait être une priorité pour le pouvoir, le pays étant sorti diviser au terme de cette élection présidentielle.
Mémé Sanogo