Les Maliens dans leur grande majorité sont foncièrement contre les négociations sans fin qui se tiennent présentement à Ouagadougou entre leurs autorités et les bandits armés qui occupent toujours, avec la complaisance de la France, Kidal. Ils tiennent à l’exprimer à travers les tentatives de marches malgré l’état d’urgence. Hier, ce sont 21 membres du Forum national de la société civile dont son président, Mamoutou Diabaté, qui ont été arrêtés suite à une tentative de marche sur la Primature.
La marche a été dispersée et 21 personnes, membres de l’organisation, ont été arrêtées. Les marcheurs voulaient dénoncer les pourparlers de Ouaga qu’ils jugent trop favorables aux rebelles touaregs. Le président du Forum des organisations de la société civile, Mamoutou Diabaté, est parmi les personnes interpellées.
La marche devait quitter la Bourse du travail pour la Primature. Malheureusement pour les marcheurs, la police ne leur a pas laissé le temps. Elle s’est ruée sur eux comme le fait le chat d’une souris. Les personnes interpellées ont été conduites, dit-on, au commissariat du 2e arrondissement. Les autorités du pays ont estimé que les marcheurs voulaient défier l’état d’urgence en vigueur, alors que les marcheurs pensaient que c’était leur droit de manifester contre le complot de la communauté internationale visant à assujettir notre pays.
D’ailleurs ce n’est pas la première fois que ces genres d’incidents arrivent en cette période. Le 8 juin, ce sont les militants du MP-22 (un mouvement pro-putschistes) qui ont été arrêtés pour les mêmes causes. Beaucoup d’entre eux, dont le secrétaire à la communication, Mohamed Tabouré, ont même été déférés.
Le vendredi 14 juin 2013, ce sont les femmes du Mali qui ont dit à travers une conférence de presse “Non à l’impunité des crimes commis à Aguelhok !”, “Non à l’impunité des violences sexuelles subies par les femmes pendant l’occupation du Nord par le MLNA !”, “Nous soutenons la position actuelle du médiateur en chef et le gouvernement malien devant les négociations qui se tiennent à Ouagadougou”. Le message était adressé à la France, aux autorités maliennes et à la communauté internationale présente à Ouagadougou.
Les femmes montent au créneau
La présidente de l’APDEF, Mme Diakité Fatoumata Siré, lors de son intervention a rappelé les atrocités commise par le MNLA, les cas de viols sur les enfants et les femmes, les mariages forcés faisant des femmes d’appartenance ethnique songhaï ou Bella des objets sexuels.
Pour la présidente de l’APDEF, s’il est opportun dans notre situation actuelle de procéder à une négociation pouvant mettre fin à cette crise qui perdure, il ne faut pas que les crimes restent impunis, “Nous voudrons que justice soit rendue, ce n’est pas parce qu’on est en négociation que les crimes doivent être ignorés”, a-t-elle ajouté.
Selon Mme Diakité, il est difficile de comprendre le chantage exercé par la communauté internationale en vue d’organiser le plutôt possible des élections au Mali et leur réticence de voir l’armée malienne faire son entrée dans la ville de Kidal. Elle demandera aux amis du Mali de clarifier leur position.
Pour la première responsable de l’APDEF, la communauté internationale est en train de se contredire, selon l’accord du G8 de mars 2013, les agresseurs devraient être traduits en justice pour répondre de leurs crimes. Aussi il devient difficile de comprendre que les négociations de Ouagadougou veuillent amnistier le MNLA. Le 7 avril 2013 le chef de la délégation de l’Union européenne avait dans sa déclaration banni toute éventualité d’amnistier les auteurs de viols
En effet, la réticence qu’aurait le gouvernement du Mali pour ces négociations serait relative à des points insuffisamment clairs tels que le désarmement des combattants touaregs, les poursuites judiciaires engagées contre les chefs rebelles, l’usage du mot “Azawad”.
Une position que partagent pleinement les femmes, “la communauté internationale veut forcer la main du Mali. Si nos autorités ne changent pas de position, nous leur disons que l’ensemble des femmes sont mobilisées derrière elles pour défendre l’intérêt du Mali”, dira la présidente de l’APDEF.
Abdoulaye Diakité