Va-t-on vers une guerre communautaire dans la région de Mopti ? Tout laisse croire que le vivre ensemble entre communautés devient de plus en plus difficile. Entre les accusations de terrorisme et l’amalgame, tout le monde se perd en conjectures. Et au stade actuel, il est difficile de compter le nombre de morts en si peu de temps. Des sources parlent d’au moins 25 civils tués en une semaine, des armes de guerres circulent, des attaques de présumés jihadistes sont signalées dans plusieurs localités de la région.
Dans cette aventure douloureuse où les communautés commencent à se regarder en chiens de faïence, l’Etat se cherche et les solutions préconisées par la communauté internationale n’ont pas permis d’avoir de l’accalmie.
Cette fois-ci, il ne s’agit pas d’un conflit “classique” d’agriculteurs dogons contre des éleveurs peuls. Il s’agit d’un groupe d’autodéfense qui s’appelle, selon la presse malienne, “Da Na Amassagou”. Il pourchasse de présumés jihadistes peuls dans le Centre du Mali.
Pour le président de l’association Tabital Pulaaku, principale association de la communauté peule du Mali, il y a un amalgame, ce sont essentiellement des civils peuls qui sont attaqués. “Les Dogons se sont déguisés en gendarmes. Les personnes isolées en brousse sont systématiquement tuées. En une semaine, nous pensons qu’il y a eu entre 25 et 27 personnes tuées. Nous pensons que les Dogons ont des armes modernes. Les armes qu’on retrouve au sein de l’armée, c’est des Kalach”, croit savoir Abdoul Aziz Diallo sur RFI.
Des armes qu’on retrouve au sein des armées régulières. Côté gouvernement, on dément catégoriquement avoir armé un groupe de Maliens contre un autre. Et face à la situation, le ministre de la Sécurité et de la Protection civile affirme que l’Etat ne restera pas les bras croisés. Le général Salif Traoré est formel : “Nous cherchons déjà à enlever les armes à ceux qui les détiennent”, explique-t-il sur RFI. “Nous avons entendu certains dénoncer l’insuffisance des effectifs de sécurité sur place, confie le général Salif Traoré, nous allons y remédier.
Les FAMa restaurent la confiance
Pour avoir la caution de la population locale, les Forces armées maliennes (FAMa) procèdent à la distribution de denrées alimentaires. C’est le cas du village de Togrékoumbé. Le dimanche 11 mars 2018, les FAMa ont menée des actions civilo-militaires pour venir en aide aux habitants.
Un geste de haute portée que l’association Kisal salue. “En plus des distributions de ce type, les soldats pourront désormais transporter individuellement des céréales à distribuer aux civils rencontrés. Nous espérons que ceci est un premier pas dans la réconciliation entre armée et civils. Le chemin reste pourtant long, et la justice est nécessaire pour permettre de créer la résilience nationale permettant de défaire les groupes armés terrorisant le Mali”.
Pour dénoncer la lenteur dans la gestion de la crise, des appels ont été lancés par plusieurs associations de communauté peule pour une marche ce matin dont l’itinéraire est fixé entre le monument de l’Indépendance à la Primature.
En attendant une solution concertée, la tension reste très vive dans la région.
Alpha Mahamane Cissé