Selon certains maires de la région, à cause de l’insécurité toutes, les activités sont à l’arrêt. Conséquences : pertes de revenue, aggravation de famine, absence des services déconcentrés de l’Etat et même les services de santé sont menacés par les attaques répétitives des groupes armés. Pour les mairies, c’est la gestion à distance. Beaucoup d’entre elles sont gérés depuis Douentza où résident certains maires pour échapper à la folie meurtrière des groupes armés.
ALOU ISSABÉRÉ, MAIRE DE WALLOU
« Chez nous, rien ne rentre, rien ne sort »
HAMIDOU AROU, MAIRE DE PÉTAKA
« Nous sommes bloqués à Douentza à cause de l’insécurité »
« Notre commune est vraiment minée par l’insécurité. Impossible pour nous de travailler dans la quiétude. Nous avons notre bureau à Douentza et c’est là-bas qu’on travaille.
Malheureusement, nous les élus, sommes les plus ciblés par les hommes armés. Ils n’ont rien contre les populations civiles mais nous, ils nous voient comme des ennemis et nous menacent à chaque fois. La mairie n’a plus rien comme ressource et il y a beaucoup de défis actuellement. Souvent nous obtenons l’accompagnement des autorités et les partenaires. Aujourd’hui, notre souhait est que la paix puisse revenir dans notre pays », commente Hamidou Arou, maire de Petaka, dans la Commune de Douentza.
MAMADOU GOURO, COMMUNE RURALE DE DINAGOUROU
« Ma commune est à l’arrêt »
« Dinagourou est une localité qui était en insécurité totale. Mais bientôt une année avec l’intervention de la collectivité, des leaders religieux, des chefs de village ; on a pu initier une négociation avec les hommes armés. On a pu conclure une paix avec ces hommes armés et présentement, les populations sont à mesure de vaquer à leurs occupations bien que la paix n’est pas totalement revenue.
Les hommes ne voient pas d’un très bon œil l’administration et les collectivités raison pour laquelle je réside présentement à Koro. J’ai peur pour ma sécurité parce que le trajet n’est pas sûr. Toutefois, les populations civiles peuvent vaquer librement à leurs occupations, mais les autorités, les maires et les conseillers, n’ont pas la liberté de se déplacer. Nous sommes obligés de venir à chaque fois dans le cercle et c’est le déplacement qui nous pose problème. On ne peut que lancer un appel à l’Etat de venir vraiment sécuriser la zone pour que la paix puisse revenir. Avec l’insécurité, toutes les ressources que la commune pouvait réunir sont carrément arrêtées. Alors que la mairie fonctionne grâce aux impôts et taxes, mais avec l’insécurité, on peut plus parler de taxe. Pratiquement, c’est des communes qui n’ont aucune ressource à part l’ANICT et quelques ONG qui interviennent dans le domaine de la sécurité alimentaire », explique Mamadou Goro, le maire.
ALBASSA MAHAMANE, MAIRE DELEGUE DE LA COMMUNE URBAINE DE MOPTI
« La mairie de Mopti se porte bien »
Cependant, l’attaque récente du poste de la gendarmerie de San est venue changer la donne. Elle a suscité une crainte chez les populations car San est à 2 heures de Mopti. Donc cette attaque explique que la crise n’est pas seulement dans Mopti. Je pensais que le problème était uniquement entre Mopti, Bandiagara, Bankas et Koro, car cette route est minée. Même si vous-vous rendez dans ces localités, vous aurez beaucoup de soucis. Et une fois sur place, les gens vous appellent dans le souci de savoir si vous êtes bien arrivés. Au regard de cette situation, nous demandons aux autorités de s’atteler encore plus pour résoudre cette situation sécuritaire, car un pays ne pourra pas se développer sans sécurité. Et il faut aussi une véritable collaboration des populations pour palier », Albassa Mahamane.
Propos recueillis par
Ibrahima Ndiaye
(Envoyé spécial à Mopti)