Mondoro sous blocus : Le ras-le-bol des habitants

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Des engins explosifs improvisés posés partout pour bloquer le village. C’est un blocus total qui sévit sur les habitants du village de Mondoro depuis le 1er octobre 2019. L’Association des jeunes pour le Développement de Mondoro (AJDM) tire la sonnette d’alarme et interpelle le Président de la Transition, Assimi Goïta.

Le village de Mondoro, chef-lieu d’arrondissement et de commune du même nom dans la région de Douentza est sous embargo des groupes terroristes, qui contrôlent, en permanence, toutes les entrées et sorties du village, depuis plus de 7 mois. Face aux conséquences désastreuses sur les populations restées sur place, l’AJDM lance un cri de cœur.

Selon une note parvenue à notre rédaction, les conséquences de ce blocus sont, entre autres, une détérioration progressive de l’état sanitaire et nutritionnel de la population. Des cas de malnutrition font leur apparition dans le village.

A entendre les ressortissants de Mondoro, « chaque jour, il y a des pertes en vies humaines. Tout le bétail est enlevé, les greniers sont vides ». Toutefois, les ressortissants de Mondoro n’entendent pas rester les bras croisés. Ils ont mobilisé des fonds qu’ils ont par la suite acheminés à Sevaré. Une cinquantaine de tonnes de produits de premières nécessités a été achetée et stockée dans un magasin à Sevaré.

« Sollicitées pour l’acheminement de ces tonnes à Mondoro, les autorités en place n’ont toujours pas répondu alors que le village est au bord de la famine », regrette l’AJDM. L’association signale qu’une vingtaine de tonnes avait été préalablement acheminée par les FAMa, mais cette quantité, loin de couvrir les besoins des habitants, a été déjà consommée. En effet, le calvaire des habitants remonte à septembre 2019. Les assassinats et les enlèvements des individus et des animaux sont monnaie courante. Revenant de la foire hebdomadaire de Boni, en septembre 2019, un commerçant également élu communal (Yaya Morba), avec son petit frère, et trois de ses enfants, sont pris en otage par des groupes armés non identifiés.  Depuis lors, leurs parents n’ont aucune nouvelle d’eux. Quelques jours après, sur la route de Kikoly (hameau agricole), deux femmes avec leurs enfants, en charrette, montent sur une mine artisanale, déposée sur leur passage. Ces femmes ne survivront pas. Leurs enfants blessés.

En mars 2021, un vieux de plus de 70 ans (Boucari Morba), trouve la mort à moins de 3 km de Mondoro. Il a été criblé par balle à la lisière du village par deux individus en moto, selon les villageois.

Au lendemain de l’investiture du président de la Transition Assimi Goïta, le mardi 8 juin, des jeunes partis à la recherche d’herbes secs, à quelques encablures du village, sont tombés sur un groupe d’individus armés, qui tirent à balles réelles sur eux. Bilan : 2 morts, 3 blessés, des charrettes et des motos brûlées.

Une énième fois attaqué, le 18 novembre 2021, par des individus armés qui opèrent dans cette partie du Mali et du Burkina Faso, le village a été endeuillé. Malgré la résistance opposée par les villageois, les assaillants venus très nombreux sont parvenus à commettre un mort (Housseini Atem Ongoïba) et un blessé grave (Madou Dedaga), du côté des villageois. Aussi, plus récemment, le 27 janvier 2022, une autre attaque perpétrée a coûté la vie à deux personnes : un militaire et un civil. Ensuite, 5 autres blessés, évacués par hélicoptère à Sevaré.

A cela il faut ajouter les enlèvements des animaux (ânes, moutons, vaches, chameaux…). La pratique semble continuer toujours. Selon les habitants, l’objectif visé par ces individus armés, qui ont juré d’asphyxier les populations sur place, est clair : appauvrir les villageois.

Devenu village martyr des groupes armés, les habitants de Mondoro paraissent, aujourd’hui, animés par un sentiment d’abandon de la part de l’État. La non-assistance des forces armées maliennes, sur place, à leur endroit, commence à délier les langues et les esprits. Tant, toutes les atrocités dont ils sont victimes se font au nez et à la barbe des militaires chargés de les sécuriser et de les protéger contre les ennemis de la nation.

Quoi de plus normal pour la jeunesse de cette localité, réunie au sein d’une Association d’interpeller le Président de la Transition Assimi Goïta, pour voler au secours des habitants de Mondoro.

 

Ibrahima Ndiaye

 

 

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