Pour la énième fois les postes militaires situés à Mondoro et Boulkessi ont été les cibles de deux attaques simultanées dans la nuit du 30 septembre au 01 octobre.Le bilan du côté de l’armée est extrêmement lourd : des morts et des soldats portés disparus. Au-delà de la colère et de l’émotion, des questions sont posées.
Ce qui s’est passé à Mondoro et Boulkessi ont tristement rappelé aux maliens le carnage que nos FAMa avaient subi à Dioura, le 17 mars dernier. Cette attaque, faisant une vingtaine de morts dans le rang des soldats, avaient fait l’objet de plusieurs réactions comme des limogeages au sein du commandement militaire. Personne n’aurait imaginé qu’un assaut de ces individus sans foi ni loi aurait pu encore atteindre conséquemment nos forces avec un bilan aussi sanglant. Les FAMas ont été mises en déroute par la force de frappe de l’ennemi à Boulkessi, tout comme à Mondoro entre lundi et mardi derniers.
Selon certaines sources, ce sont des éléments du groupe terroriste, Ansaroul Islam, qui ont lancé l’assaut à Boulkessi contre les FAMas. Le détachement des soldats (déployés il y a juste deux semaines) occupant cette ville sont de la force conjointe G5-Sahel. Après des violents combats durant plusieurs heures, les assaillants ont pris le contrôle du camp. Au même moment, à Mondoro, situé à une centaine de kilomètre de Boulkessi, une autre attaque a étélancée par un autre détachement des mêmes terroristes. Les deux côtés ont mené des combats d’une rare violence à l’issu desquels les soldats n’ont su tenir tête. Il faut attendre plusieurs heures pour qu’un renfort des FAMas, soutenu par l’armée burkinabè et les forces Barkhanes, arrive à reprendre le contrôle des camps tombés entre les mains des assaillants.
Le bilan provisoire des deux attaques, pour les FAMas, fait état de 25 morts, 78 disparus, une trentaine de véhicules emportés ou détruits avec plusieurs armes et munitions. Le ministère de la défense a annoncé la mort de 15 assaillants pour sa part. La zone est actuellement sous contrôle des FAMas qui ont déclenché une opération de ratissage avec le soutien aérien de Barkhane.
Place aux interrogations !
Après les attaques de Dioura et de Nampala, les Maliens assistent à un énième massacre de ses braves soldats engagés dans une guerre qui ne dit pas son nom. Des questions sont posées:Comment ces deux camps régulièrement attaqués sont tombés ?Au-delà des discours, quel est l’état actuel de nos forces armées et sécurité ?Comment les assaillants avaient-ils pu accéder à ces deux camps sans attirer l’attention ?
Le président de la République, dans son discours tenu au SNJ, après l’attaque de Dioura, avait martelé que la recréation était terminée. IBK a aussi annoncé la montée en puissance des FAMasdans son adresse à la nation du 22 septembre dernier. Plusieurs autres ministres et membres de la majorité présidentielle, dans un élan de propagande, font l’éloge des « efforts fournis » dans l’équipement de l’armée qui est, selon eux, l’une des plus puissantes d’Afrique actuellement. Une loi de programmation militaire a été votée depuis 2015 et consacre près de 1300 milliards de FCFA pour la réorganisation de l’armée jusqu’en 2020.
Cependant, il suffit de regarder la réalité sur le terrain et de constater les faits pour se rendre compte de la propagande politique dont fait l’objet notre situation sécuritaire. La corruption, la mauvaise gestion, l’inadéquation entre la politique sécuritaire et la réalité sont, entre autres, des maux qui minent les forces de défense et de sécurité aujourd’hui.
Les récentes révélations scandaleuses sur les hélicoptères cloués au sol en sont la parfaite illustration. L’armée à la charge de défendre les 2/3 tiers du territoire national souffre d’un manque conséquent d’hommes et de matériels. Les forces d’appui que sont Barkhane et G5-Sahel peinent à prouver leur raisond’être. La MINUSMA se déclare ne pas avoir mandat de lutter contre le terrorisme mais de simplement accompagner l’Etat malien pour le retour de la paix. Si l’opération Barkhane se dit plus engagée au Nord du pays que le Centre, le G5-Sahel ne parvient même pas à mobiliser ses ressources nécessaires à son opérationnalisation concrète. Plus le temps file, plus la situation se dégrade mettant à nue la vraie réalité contredisant les déclarations politiques du régime. Avec actuellement plus d’un millier de morts (civils et militaires), depuis le début de l’année, le bilan ne fait qu’augmenter. Hélas !
Ousmane Dembélé