La ville de Bamako est en proie en une insécurité galopante. Crimes crapuleux, attaques et braquages deviennent le lot quotidien des populations de la capitale. La ville devient de plus en plus un Far-West où règne quotidiennement le flot de sang des règlements de compte et des crimes violents.
De mémoire de Bamakois, jamais le niveau du banditisme n’a atteint un tel seuil dans la capitale. Plus un jour ne passe sans que des pauvres citoyens ne fassent les frais de cette insécurité galopante. Meurtres, vols, braquages, viols et autres actes odieux sont devenus le quotidien des Bamakois. Ces actes, perpétrés aussi bien la nuit qu’en pleine journée, sont très souvent accompagnés de mort d’hommes. Aujourd’hui, pour ces populations, c’est une lapalissade de dire qu’elles sont à la merci des bandits. Ces derniers opèrent quand et comme ils veulent. Pas plus tard que le vendredi 17 juillet dernier, la pharmacie ‘’Mariam Hady Belco’, situé au quartier de Kalaban coura ACI, a fait l’objet d’une attaque par plusieurs hommes armés. Le propriétaire des lieux, Dr. Kodio a été tué par des braqueurs qui ont vidé la caisse. Cette énième agression n’est que l’épilogue d’un phénomène qui ne cesse de prendre de l’ampleur.
En effet, les plaintes courent sur toutes les langues dans les communes de Bamako. Le phénomène d’insécurité gagne du terrain sur les deux rives de la ville, avec la recrudescence des agressions à mains armée au centre même de la ville de Bamako. Des bandits armés sèment la terreur dans les différents .quartiers . Le drame est à telle enseigne que personne ne peut se targuer d’être en sécurité. Cela, où que l’on soit, centre-ville ou quartiers périphériques. Des usagers de la circulation pris pour cible sont victimes des attaques de bandits armés, à des heures tardives ou moins. Rien que pour voler leurs motos Djakarta, téléphones, argents, voitures…
Ces bandes de jeunes gens, armés de fusils, opèrent, comme dans des films hollywoodiens, en dépouillant des honnêtes et paisibles citoyens de leurs biens qu’ils rencontrent sur leur chemin. Ils effectuent des descentes musclées en commettant des opérations sanglantes dans les quartiers commerciaux et résidentiels des Communes du District de Bamako
La mode actuellement chez ces gangs est de tirer dans les pieds de leurs proies. Donc, voilà le drame quotidien auquel les habitants font face à Bamako. Ces fameux voleurs de motos KTM marque «Jakarta» n’hésitent pas à verser le sang des motocyclistes qui ont la malchance de les croiser sur leur chemin. Ils circulent en groupes ou bandes, armés jusqu’aux dents, sillonnant les principales artères de Bamako en cortèges mêmes. Ils opèrent aisément, en terrain conquis, au nez et à la barbe des forces de l’ordre.Cette recrudescence de l’insécurité est, selon bon nombre d’analystes, due à des problèmes d’ordre économique et sécuritaire.
L’insécurité, conséquence de la pauvreté ?
La situation économique du pays ne cesse de se dégrader depuis 2012. Conséquence : paupérisation générale, conflits sociaux, déstabilisation des foyers, banditisme, déperdition des enfants. Ce qui explique, selon certains analystes, la hausse de la criminalité En effet, le manque d’emploi et de perspective pousseraitainsi une frange de la jeunesse à s’adonner à la recherche du gain facile.
Pour Baba Dakono, chercheur à l’Institut d’Etudes de Sécurité (ISS) de Bamako, la pauvreté, couplée à un chômage persistant et à une forte démographie dans la capitale, permet d’expliquer en partie la hausse de la criminalité. Mais il faut aussi, selon lui, la relativiser.
« Je ne pense pas qu’elle ait atteint la proportion que les gens sont en train de lui donner. On en parle plus car, contrairement à avant, dès qu’il y a une attaque ou un braquage, l’information est relayée en direct. Les actes criminels ne sont pas forcément plus nombreux, mais ils sont beaucoup plus graves. L’accès facile aux armes et la crise de 2012 ont entraîné une banalisation de la violence. »
Ni la police, ni les ministères de la sécurité et de la justice ne disent disposer de chiffres sur la criminalité à Bamako. Mais la police parle, dans plusieurs communiqués publiés ces derniers mois, de « prolifération des armes légères » et de « recrudescence du banditisme » dans la capitale. Les 28 et 29 janvier 2020, une opération coup de poing a été lancée. Selon la police, 162 personnes ont été interpellées, une quarantaine d’armes à feu saisies et une usine clandestine de fabrication d’armes démantelée. Les enquêtes sont en cours.
« De toute façon, il n’y a pas de justice. Des agresseurs sont arrêtés mais le lendemain, ils seront dehors. C’est ça, le fond du problème : l’impunité », s’emporte un commerçant du grand marché. Lui pense que l’application de la peine de mort est la seule solution pour avoir la paix et la sécurité.
Le dangereux basculement du centre de gravité de l’insécurité jusqu’au cœur de la capitale doit inquiéter et interpeller les autorités en charge de la sécurité sur le rapport entre tous les efforts déployés par l’Etat pour équiper et mettre à niveau ses éléments et leur efficacité à prévenir et à enrayer le crime ainsi qu’à assurer une meilleure protection de nos populations.
Tout doit-il être mis au compte de l’ère des règlements de compte ou des crimes crapuleux ? Autrement dit, de pas de chance ? Quelle est la part de responsabilité de ceux qui sont chargés de veiller sur la sécurité à Bamako, singulièrement leur tutelle ?
En attendant, nul n’est à l’abri ! Face à ce désastre, les autorités en charge de la sécurité continuent de discourir. C’est toujours à peu près la même rengaine : les bandits attaquent et tuent de pauvres citoyens, ensuite les autorités de tutelle viennent s’exhiber devant les caméras… Dans la foulée, ils annoncent également l’ouverture d’une enquête. Que nenni ! Qu’ils disent la suite des supposées enquêtes ouvertes déjà suite à des crimes similaires enregistrés à Ségou, Mopti, Tombouctou, Gao… Bref, les crimes sont prégnants partout au Mali.
Mémé Sanogo