La brusque montée de tension (à Kati où des soldats ont mutiné lundi matin, à Kidal où un attentat suivi d’affrontements entre les militaires maliens et rebelles du Mnla ont eu lieu, et à Tombouctou où un attentat-suicide contre le camp militaire a tué 2 civils et quatre terroristes et blessé 6 soldats maliens) a amené le président Ibrahim Boubacar Keïta à écourter sa visite en France pour rentrer au pays. Il était attendu hier soir à Bamako. Selon son entourage, “la situation exige sa présence et n’eut été l’audience de mardi (avec M. Hollande), il serait déjà rentré” au Mali.
Le programme initial de la visite de IBK en France était du dimanche 29 septembre au jeudi 3 octobre. Après son entretien pendant plus d’une heure de temps avec le président François Hollande, IBK a choisi d’écourter son séjour parisien pour regagner le pays où des urgences le réclament.
Un mois à peine après sa prise de fonction comme président de la République du Mali, M. Ibrahim Boubacar Keïta a véritablement sur la table de nombreux dossiers brûlants qu’il doit résoudre incessamment. Ces défis ont pour noms: la crise du nord où les rebelles et les terroristes ont repris les armes avec des séries d’attaques à la grenade et autres actions Kamikazes; l’indiscipline militaire à Kati, sur fond de tiraillements entre les soldats du camp Soundjata d’où est parti le putsch militaire du 22 mars 2012.
Selon des sources concordantes, les affrontements à Kati ont opposé les partisans de l’ex-chef putschiste, le Capitaine Amadou Haya Sanogo, promu au grade de général 4 étoiles, à certains de leurs camarades putschistes. La raison avancée: les “camarades putschistes” se sentent trahis, puisque n’ayant pas bénéficié de nouveaux gradex à titre promotionnel. Cet énième affrontement entre militaires maliens depuis le coup d’État du 22 mars 2012 est commenté par les compatriotes comme un déchirement fratricide dont la résolution n’a que trop tardé.
En fait, depuis la vague des promotions aux grades supérieurs accordées au chef des putschistes, Amadou Haya Sanogo et à d’autres militaires ayant pris part au coup d’Etat, plusieurs regroupements, associations de la société civile malienne, à travers des actes de protestation et des menaces d’attaquer les décisions concernées devant la justice, ont dit leur désaccord avec cette façon de gérer la carrière des militaires.
Jusque là, les militaires mécontents des promotions accordées ne s’étaient pas exprimés, du moins publiquement. C’est désormais chose faite depuis avant-hier lundi 30 septembre avec l’initiative malheureuse prise par des ex-soldats putschistes de faire parler les armes à leur place, pour réclamer leur part de promotion exceptionnelle.
C’est dire qu’au moment où les groupes armés du nord du pays jouent la surenchère, après une brève période de trêve, le camp de Kati a choisi de faire des siennes.
LA GESTION DE LA CRISE DU NORD
Nous l’avons dit un peu plus haut, les groupes armés jouent la surenchère en posant des actes terroristes et en provoquant les forces armées maliennes présentes au nord du pays. En décidant de suspendre toute négociation avec les autorités maliennes et en adoptant des actions de violence contre les forces armés maliennes, les rebelles font dos à la main tendue par l’Administration d’IBK en empruntant la voie de la force pour se faire entendre. Ce, au moment où le nouveau pouvoir s’apprête à s’engager dans la résolution de la crise du nord à travers des pourparlers de paix avec les groupes rebelles comme indiqué dans l’Accord préliminaire du 18 juin 2013 signé à Ouagadougou.
Les Maliens attendent impatiemment de voir comment le nouveau président traitera ce problème du nord, lui qui a été présenté aux yeux des populations comme celui qui dispose du remède le mieux approprié à cette crise à répétition.
Le président IBK doit gérer ce dossier du nord et la situation inacceptable qui a cours au camp de Kati, avec la plus grande fermeté. L’un des critères du choix que les Maliens ont porté sur lui, en votant massivement pour son élection les 28 juillet et 11 août 2013. Une fermeté qui doit aller au-delà des mots, et se traduire par des décisions rigoureuses et sans complaisance.
Modibo KONÉ