A cette occasion, le président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta, a rendu un hommage mérité au Tchad dont l’engagement aux côtés de notre pays dans sa lutte contre le terrorisme et la barbarie est constant.
Une cérémonie funéraire a été organisée, hier au mémorial de la Base de la MINUSMA à Sénou, en hommage aux 10 soldats tchadiens tués, le 20 janvier dernier, lors d’une attaque terroriste à Aguelhoc. C’était en présence du chef de l’Etat, Ibrahim Boubacar Keïta. Par cet acte fort de reconnaissance et de solidarité, le président de la République, en ces moments de deuil, a tenu à rendre un hommage appuyé à ces dignes fils d’Afrique, venus combattre auprès du Mali, pour sa souveraineté nationale, la paix, la stabilité, la sécurité, la lutte contre le terrorisme. Oraison et honneur funèbres, décorations à titre posthume et dépôt de gerbe de fleurs sur chaque cercueil des 10 soldats tombés ont été les instants forts de cette cérémonie.
Pour témoigner la compassion du peuple malien à l’endroit du Tchad et de l’ensemble de l’Humanité très éprouvés et marqués par la perte prématurée de jeunes vies tchadiennes dans leur combat pour la paix au Mali, le président Keita a déclaré : «comment venir en ce lieu, et nous en retourner sans témoigner, sans dire le mot de réconfort, tenter de le faire en tout cas. Il est triste ce chemin qui nous a conduit ici aujourd’hui, comme il fut triste celui qui nous conduisit également en les invalides pour accompagner de jeunes soldats de Barkhane tombés au champ d’honneur, comme leurs frères tchadiens que nous célébrons ce matin».
Pour le chef de l’Etat, nos pays ont affaire désormais à une guerre asymétrique, une guerre d’intégristes, une guerre menée au nom de l’obscur, où la mort n’est pas un accident, n’est même pas un sacrifice suprême, mais un but ultime au nom de quelle foi ? «Ce combat que vous menez au nom de l’Humanité entière, nous vaut aujourd’hui de perdre de jeunes vies, fauchées dans la fleur de l’âge ; à peine arrivées sur le sol malien où elles devaient servir la cause de la paix», a déploré le chef de l’Etat, visiblement ému. S’adressant au représentant spécial du secrétaire général des Nations unies, le président Kéïta dira : «on nous observe, on est parmi nous, on nous sait, on nous épie, on s’insinue dans les failles possibles». Avant d’ajouter que cela appelle tous à plus de vigilance, mais aussi à des reconsidérations souvent douloureuses auxquelles nous ne pourrons pas échapper, des vérités par rapport aux postures des uns et des autres.
Ibrahim Boubacar Keïta a, ensuite, rendu un hommage mérité au Tchad dont l’engagement est constant. Pour étayer ses propos, il a rappelé que le tiers des noms inscrits au mémorial de la MINUSMA, est tchadien, estimant que cela a un sens. «Le président Déby, grand Africain, a pris conscience parmi les tout premiers de notre communauté de destin, c’est pour cela qu’ensemble, nous avons convenu qu’il nous fallait mutualiser nos efforts et nos capacités en une force commune, pouvant être projetée et nous servir de bouclier par rapport à cette menace asymétrique ; c’est cela la force conjointe du G5-Sahel», a rappelé le président Kéïta. Selon lui, le fait qu’il n’y ait pas eu de victimes civiles lors de l’attaque à Aguelhoc est à l’honneur des soldats onusiens dont le respect des règles d’engagement a été total. «Je viens donc, au nom de la République du Mali, m’incliner devant les dépouilles de ces héros trop tôt partis. Mais, c’est également une leçon, une belle leçon de courage, d’abnégation, de sacrifice, toujours renouvelés auxquels nous sommes tous appelés. Dormez en paix soldats de la paix, que votre belle terre du Tchad vous soit légère, vous avez servi la cause de l’Humanité. Dormez en paix», a-t-il conclu.
SOLIDARITÉ ET DE COMPASSION – Auparavant, le représentant spécial du secrétaire général des Nations unies, et chef de la MINUSMA, Mahamat Saleh Annadif, s’était exprimé devant les dépouilles mortelles de ses compatriotes venus combattre au Mali, il y a seulement 10 jours et dont les âges étaient compris entre 20 et 36 ans. «C’est avec une tristesse partagée que nous nous trouvons ce matin pour saluer nos dignes camarades Casques bleus tchadiens tombés au combat le dimanche 20 janvier 2019 lors de l’attaque du camp d’Aguelhoc», a-t-il dit. Au nom des Nations unies et particulièrement de ses collègues de la MINUSMA, M. Annadif a remercié le président de la République pour cette marque de solidarité et de compassion dont il a fait preuve depuis une semaine.
Pour le diplomate onusien, les cérémonies de ce genre sont familières pour eux, même s’il a reconnu que cette fois-ci, le bilan est lourd. «Certains nous diront que ce bilan lourd est une preuve supplémentaire que la MINUSMA évolue dans un environnement difficile, et qu’elle est toujours dans une position défensive, oubliant les réussites, les améliorations opérées pour plus de performance, et pour une meilleure protection de nos Casques bleus. Ils ont sûrement raison, mais les choses sont plus compliquées», a-t-il expliqué, ajoutant que ce qui s’est passé à Aguelhoc est une vraie bataille qui a été minutieusement préparée par des assaillants venus avec l’idée tout au moins d’occuper le terrain. Selon Mahamat Saleh Annadif, leur nombre, le type du matériel, le lieu et le moment choisis, à savoir 10 jours exactement après le déploiement des Casques bleus, le prouvent. Il a saisi l’occasion pour rendre un vibrant hommage au courage de ces jeunes Casques bleus.
Avant de terminer son intervention, le représentant spécial du secrétaire général de l’ONU a souligné la mobilisation de l’ensemble de la composante de la MINUSMA, ainsi que celle de la force Barkhane. «A mes compatriotes tombés au combat, je voulais leur dire simplement qu’ils resteront un exemple pour nous tous, que leur sacrifice nous inspire à nous mobiliser encore plus pour contribuer à la sortie de la crise au Mali, crise qui, malheureusement, est imposée par d’autres agendas. Je leur demande également qu’ils vont nous servir d’exemples pour la stabilisation du Sahel dont leur pays fait partie intégrante. Que leurs âmes reposent en paix!», a prié le patron de la MINUSMA. Un autre moment de compassion de la cérémonie a été la lecture de l’oraison funèbre par le commandant des forces, le général Dennis Gyllensporre, chef d’Etat-major de la MINUSMA.
La cérémonie a pris fin avec la sonnerie aux morts, la présentation de condoléances au contingent tchadien, les adieux et le départ des dépouilles mortelles pour leur rapatriement à N’Djamena, au Tchad. Le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, son collègue de la Défense et des Anciens combattants composent la délégation qui va accompagner les corps et représenter le président de la République et le peuple malien aux obsèques. La cérémonie a mobilisé autour du président de la République, le Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga, des membres du gouvernement et plusieurs autres personnalités.
Massa SIDIBÉ