Mardi 17 septembre, le gouvernement, soudain actif, a cru avoir une lumineuse idée en invitant à la table de négociations des groupes touareg et arabes. Pendant deux jours les deux (ou trois) parties ont discuté de paix et de développement dans le nord du Mali. Discussions qui ont abouti à la signature d’un mémorandum.
Le geste serait assez louable et à encourager si le Mouvement national de libération de l’Azawad (Mnla) et le Haut conseil pour l’unité de l’Azawad n’avaient pas tenu à mettre les choses au clair, à savoir que ceux qui étaient censés les représenter à cette table n’avaient aucune légitimité pour ce faire.
De fait, ces « représentants » ne sont effectivement pas connus pour être des combattants du Mnla et du Hcua. Ce sont certes des cadres et ressortissants du nord, dont certains ont occupé des fonctions importantes, comme ce chef d’un projet intégré de développement de la région de Kidal, mais ce sont surtout des gens qui ont dû fuir comme beaucoup la répression des groupes rebelles terroristes. Ce sont des gens qui, pendant des années, se sont accaparés de tout ce qui a été fait (dons, subventions et aides diverses) en faveur du nord. Et tous, ils ont fui le nord à l’arrivée des rebelles et terroristes pour se réfugier dans le sud, notamment à Bamako où certains d’entre eux se sont montrés très, très discrets jusqu’au moment où le gouvernement les a sortis de leur cachette pour la farce télévisée.
Le Mnla et le Hcua ont raison : ces gens ne peuvent pas, ne doivent pas parler en leur nom. Le gouvernement doit donc s’y prendre autrement pour trouver une solution définitive et finale à la question du nord. Il ne s’agit pas de négocier un cessez-le-feu avec de faux combattants couards et fuyards car cela signifie que de l’autre côté on a toujours des armes et qu’on cesse juste d’en user ; il s’agit de parvenir à la neutralisation, à la mise hors d’état de nuire des vrais combattants où qu’ils se trouvent.
l s’agit d’une neutralisation et non d’un cessez-le-feu. Et pour cela, les forces armées et de sécurité doivent faire fi des scrupules politiques et prendre d’assaut le gouvernorat et la station régionale ORTM de Kidal toujours occupés par les vrais combattants du Mnla, de déloger ceux-ci et de les traduire devant la justice.
Cheick TANDINA
Kidal occupée
IBK fait la fête
Un mois avant le premier tour de l’élection présidentielle tenu le 28 juillet 2013, le candidat Ibrahim Boubacar Kéita avait déclaré à nos confrères du journal panafricain Jeune Afrique qu’il ne participera à aucun scrutin tant que la région de Kidal sera entre les mains de forces d’occupation. Or, malgré l’opération française Serval qui a contribué à libérer le reste du pays, on sait que la ville de Kidal est toujours entre les mains des groupes armés rebelles terroristes, mouvement national de libération de l’Azawad et Mouvement islamiste de l’Azawad. Le Mnla notamment continue d’occuper les symboles de souveraineté de l’Etat, le gouvernorat de la région et la station régionale de la chaine publique Office de radiotélévision du Mali (Ortm). Récemment, une mission gouvernementale forte de trois ministres a été prise à partie par des combattants de ces deux mouvements toujours favorables à l’indépendance de leur Azawad, signe que les indépendantistes terroristes sont toujours les véritables maîtres de cette région et même de tous le nord puisqu’ils se sont arrogés le droit, contrairement à l’accord de Ouagadougou, d’occuper des zones dans d’autres régions, notamment à Tombouctou, pour le cantonnement de leurs bandits armés.
Sécurisation du nord :
Quel avenir pour la Minusma ?
On le sait depuis le début, c’est la France, avec son opération Serval, qui libéré le nord malien de la présence des groupes armés terroristes jihadistes. Commencée par des frappes aériennes à Konna qu’Iyad Ag Ghaly et ses bandits se proposaient de dépasser pour descendre vers le sud, notamment Bamako, l’opération Serval est ensuite intervenue au sol, déployant environ 3500 hommes qui sont parvenus à prendre le contrôle des trois régions du nord du Mali, avec l’aide efficace et redoutable des troupes tchadiennes. Bien qu’intervenant avec la bénédiction des Nations Unies, la France et le Tchad devaient pouvoir compter sur les forces de la Minusma (Mission des nations unies pour la stabilisation du Mali). Mais sur les 12 000 soldats prévus, à peine 5500 sont arrivés au Mali, la Force en attente se faisant toujours attendre, les pays africains peu enclins à honorer leurs engagements. Or la France a prévu d’alléger son dispositif, ne laissant plus qu’un millier de soldats à la fin de l’année. Quant à ses plus efficaces auxiliaires, les Tchadiens, plus de 160 parmi eux auraient décidé de déserter faute de primes et de vacances. Ils ont quitté Tessalit et rejoint Gao avec armes et bagages, et auraient décidé de se venger sur la bête.
Les jihadistes, déjà contents de savoir par leurs relais locaux que les autres soldats de la Minusma passent plus de temps à courir les jupons et à faire la causette aux jeunes filles qu’à réviser leurs manuels de commandos, le seraient encore plus lorsque la force onusienne sera réduite à sa portion la plus congrue.
C.T