Mali : une solution politique sans exclure la voie militaire

4

Au fil des réunions et des sommets, africains ou européens, la perspective d’une intervention militaire au Nord Mali se précise patiemment tout en s’éloignant doucement. D’Alger à Bruxelles (notre photo, le conseil européen des Affaires étrangères-Défense lundi 19), en passant par New York, la volonté de trouver une solution politique, de “négocier avec les groupes armés non terroristes qui reconnaissent l’intégrité du territoire malien ” se développe. La stratégie paraît claire. Il s’agit d’isoler Al Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) et le Mouvement pour l’unification du jihad en Afrique de l’ouest (MUJAO) au profit d’un dialogue avec les Touareg du MNLA (Mouvement national de libération de l’Azawad) et d’Ansar Eddine. Bamako doit aussi entendre leurs revendications.

 

Le conseil européen des Affaires étrangères-Défense, qui s’est tenu lundi 19 à Bruxelles, propose quatre conditions au Mali pour qu’il puisse bénéficier d’un soutien financier et logistique : une feuille de route crédible et graduelle (la reprise définitive du pouvoir du politique sur les militaires), l’organisation d’élections au plus vite, un cadre de dialogue national ouvert (discuter avec le MNLA et Ansar Eddine), des enquêtes sur les exactions commises au nord comme au sud.

L’Union européenne a approuvé le concept d’opération mis sur pied par la Cédéao (Communauté économique des Etats d’Afrique de l’ouest) lors du sommet d’Abuja le 11 novembre. Tout est à peu près réuni, avant une nouvelle résolution de l’ONU début décembre, pour que la mission de formation et de remise à niveau de l’armée malienne commence au début de 2013 (sans oublier la constitution d’une force de 3 300 hommes de la Cédéao).

Sur le modèle de l’EUTM (European Union Training Mission) pour la Somalie (formation de l’armée somalienne en Ouganda), la mission, dirigée par la France, représenterait 250 officiers et leur soutien. A des degrés divers (mais la position de la France sera dominante), l’Espagne, l’Allemagne, la Suède, la Pologne, le Royaume-Uni, la Finlande, la Pologne et peut-être le Canada sont susceptibles d’intégrer le programme de formation. Cette EUTM Mali aurait pour but de former quatre bataillons pour un total de 2 600 soldats maliens dans le camp de l’école interarmes de formation des officiers de Koulikoro (60 km au nord de Bamako, au bord du fleuve Niger).

Il s’agira de former des soldats mais aussi de… payer les soldes (de quoi les remettre en confiance !), d’approvisionner l’armée malienne en matériel moderne, en munitions, en carburant…

Pour l’ancien président du conseil italien, Romano Prodi, nommé par Ban Ki-Moon envoyé spécial de l’ONU pour le Sahel, une opération militaire ne peut être imminente. ” Tous les experts sont d’accord pour dire qu’une intervention ne pourrait avoir lieu avant septembre 2013 “, a-t-il déclaré mardi à Rabat. Eviter de lancer une offensive durant la saison la plus chaude et remettre sur pied durant six bons mois l’armée malienne semblent être des objectifs plus sages… Tiens, on n’entend plus l’impatience française qui évoquait encore récemment une opération en mars.

Parallèlement ces dernières semaines, la voie de la négociation politique progresse. A Alger la semaine dernière, l’Italien Mario Monti a résumé l’enjeu d’une phrase : ” Une solution politique sans exclure la voie militaire. ” Le poids considérable de l’Algérie dans cette affaire se confirme.

Seulement, la situation à Bamako semble plus complexe, sur fond de rivalités entre le président par intérim, Dioncounda Traoré, le Premier ministre Cheick Modibo Diarra, les putschistes de mars… Or il faut d’abord consolider le pouvoir politique central, ” présenter un front malien contre le terrorisme “, envisager sérieusement les revendications touarègues avant de partir chasser les groupes islamistes irréductibles qui sèment la terreur et la charia à Bamako, Gao et Kidal.

OL. B. / lavoixdunord.fr/

Commentaires via Facebook :

4 COMMENTAIRES

  1. Dr ANASSER AG RHISSA, Je suis convaincu de votre bonne foi… mais j’aimerais vous poser une question dont la reponse, je pense, a la cle du probleme actuel malien: est ce qu’ on peut et doit negocier avec les gens du MNLA qui haissent le MALI et qui ont un desir ardent et insatiable de le detruire pour diverses raisons(racisme, jalousie, mepris, vengeance etc..)? Tout montre que le MNLA est dirige par des personnes extremement haineux vis a vis du Mali.Cette haine est tellement disproportionnee qu’on est tente de se demander si le Mali n’avait pas construit des chambres a gaz pour les touaregs au nord. Et, toute cette haine pour un pays qui a autant apaise ses populations touaregs dans les derniere 20 annees (integrations massives des touaregs sans merite dans toutes les couches de l’administration civile et militaire). Meme Ag Bahanga qui a ete brave et toujours nationaliste a compris les limites de choses…il n’a jamais cru a la scission du Mali….

    Cest l’ardeur de cette haine qui a pousse le MNLA a execute pres 200 jeunes soldats maliens a auguelhoc, qui a pousse le MNLA a travailler avec tout diable pourvu que le Mali soit compromis, qui a pousse le MNLA a diffamer le Mali dans tous les media du monde…et qui a culmine a la declaration de “l’independance de l’azawad” dont meme les plus fous savent que cest irrealisable.

    Sans repondre a la question relative a cette haine inedite du Mali de la part des apatrides du MNLA on aboutira a rien par le dialogue ou negociation.

    • Bonjour,
      Merci Vision2013 pour votre contribution.

      Le problème de racisme invoqué par le MNLA n’est pas exact et n’est pas permis au Mali seulement compte-tenu de l’aspect cyclique de la rébellion Touareg, certains Maliens commencent à en avoir marre, ce qui peut expliquer le sentiment de rejet des Touaregs par ces derniers et la haine induite chez certains Touaregs.

      Ce n’est qu’un sentiment, en vérité le Mali est vraiment un pays multiethnique sans racisme.

      Certains disent que cette haine est amplifiée par l’accès inégal au travail et par des problèmes non résolus liés au sous-développement malgré les programmes mis en œuvre dans les zones du Nord Mali dans le cadre du pacte national. Ce dernier n’a pas bénéficié à tous.

      Or, ces problèmes sont communs à d’autres communautés vivant dans d’autres zones ou régions du Mali.

      Alors, faut-il pour autant que les autres communautés touchées par le même problème se rebellent ?

      NON, il y a d’autres façons de revendiquer (à travers la démocratie, la citoyenneté et la gouvernance participative) autres que la rébellion ou la force.

      Pour apporter une solution durable et pour éviter de nouvelles révoltes, les concertations nationales et les négociations à travers des conférences de compromis sont incontournables.

      Voir ma proposition de sortie de la crise, se référer à la lettre ouverte au président du Mali et aux Maliens que j’ai publiée sur maliweb.

      Ces concertations nationales et ces négociations permettront de faire le bilan du futur souhaité par toutes les parties prenantes (tous les maliens n’acceptant pas le terrorisme, TOUTES LES COMMUNAUTÉS Maliennes, les groupes armés MNLA et Ansar Dine acceptant les principes et conditions à fixer (voir ci-dessous)).

      Pour être admis à négocier, des principes (refus du terrorisme, non impunité, respect des droits de l’homme, coexistence pacifique) et des conditions (pour les groupes armés MNLA et Ansar Dine, dépôt des armes, indivisibilité du Mali et laïcité) sont à accepter par tous les groupes (MNLA, Ansar Dine, Gandakoye, …) intégrant des Maliens. Il faut donc avoir une plateforme de concertations nationales et de négociation pour une sortie durable d e la crise.

      J’ai proposé un cadre et une plateforme de ce type au président et aux Maliens à travers la lettre ouverte dont j’ai parlé.

      Sachez que les négociations sont incontournables pour que les différentes parties prenantes, comme elles doivent toutes accepter la condition d’indivisibilité du Mali, puissent comprendre leurs différends, réfléchir au futur souhaité et s’entendre sur les problématiques consensuelles et éventuellement les grandes lignes des solutions à y apporter.

      Par exemple, comme développé dans ma proposition de sortie de crise, pourront être consensuelles des problématiques liées à la bonne gouvernance de la décentralisation, au développement équitable et l’intégration équitable des communautés dans un environnement démocratique, décentralisé et sécurisé.

      En fait, lors de la négociation portant sur le devenir du Mali, il s’agit pour les parties prenantes de s’offrir mutuellement ce consensus sur des problématiques à traiter et plus tard disposer de mécanismes de contrôle de ce sur quoi elles se seront entendues.

      Les Maliens doivent ensemble réfléchir sur le futur souhaité et construire durablement le pays dans l’unité en négociant l’organisation de ce processus de construction.

      Bien cordialement
      Dr ANASSER AG RHISSA
      EXPERT TIC ET GOUVERNANCE
      E-mail: [email protected]

  2. IL N YA PAS DE petrol comme en Libye ou on a pu galvanise une guerre reelle en quelques semaine. Jusqu’a sept 2013 entre temps la prise d’otages continue… Le Mali doit trouver une alternative hors de ce plan occidental.

  3. SE CONNAITRE POUR VIVRE, MIEUX, ENSEMBLE

    Bonjour,
    Merci pour vos contributions pour sortir le Mali de la crise.

    Certains se posent des questions sur moi, telles que :
    qui est ce Monsieur ? Pourquoi, n’intervient-il que maintenant ? Est-il opportuniste ? N’a-t-il pas de connexion avec le MNLA ou Ansar Dine ou autre ?

    Je suis Touareg, de père Malien et de mère Nigérienne, Habitant en France.

    En tant que Touareg, mes parents, pratiquant le nomadisme, ont habité alternativement au Mali et au Niger (région de Tillabery). Une partie de mes parents habite dans la région de Gao (côté père) et une autre dans la région de Tillabery (côté mère).

    J’ai effectué mes études jusqu’au Bac au Mali et les études supérieures, y compris le doctorat sur l’informatique et les TIC, en France.

    Plusieurs de mes promotionnaires, frères et amis, travaillent actuellement dans l’administration du Mali.

    Je ne suis pas un opportuniste. Ma bonne foi, c’est l’honnêteté que j’ai en moi et le courage de ma conviction.

    Je n’ai aucune connexion avec le MNLA ni Ansar Dine ni aucun groupe islamiste ou terroriste.

    Je suis un Touareg qui est convaincu de son choix et qui souhaite attirer l’attention sur les différents amalgames à éviter et les moyens pour sortir de la crise Malienne et sur le fait que la seule route d’espoir pour le Mali, c’est l’unité et la réconciliation nationales dans un climat de paix et sécurité durables sans terrorisme.

    Comme vous le savez, j’écris beaucoup et je publie sur internet sur le développement durable et équitable, les TIC mais aussi sur des sujets divers.

    J’étais, en 2011/12, l’expert NTIC du forum international FIJEV et conférencier invité au forum de Saint-Étienne sur l’information et la gouvernance pour le développement durable, préparatoires à la conférence internationale RIO+20. Ces forums étaient co-présidés par le Secrétaire Général de l’organisation internationale de la francophonie et le Président du Niger.

    Je mets en avant la négociation comme solution de sortie de crise la plus honorable pour tous en garantissant l’unité et la réconciliation entre Maliens.

    Vous savez depuis 2010/2011, j’avais écrit aux chefs d’États de la zone Sahel pour leur proposer un programme communautaire pour le développement durable de cette zone et pour la lutte contre l’insécurité et le terrorisme.

    J’ai rencontré le Président ATT, en juillet 2011, concernant ce programme, il m’avait promis qu’il allait l’appliquer au Mali et le soumettre aux pays de la zone sahel. Ce qu’il n’a pas du tout fait.

    Dommage, s’il avait appliqué ce programme, au Mali, peut être que le Mali ne connaitrait pas cette crise.

    Depuis juin 2012, j’ai envoyé à la CEDEAO, au médiateur, au Président et au Premier Ministre du Mali ma proposition de sortie de crise.

    J’ai écrit une lettre ouverte au MNLA pour leur demander d’éviter leurs dérives et de rejoindre la famille Malienne.

    Je viens d’écrire une lettre ouverte, à son excellence Monsieur le Président du Mali, au médiateur, au gouvernement du Mali, à la commission nationale des concertations nationales et aux Maliens, pour leur PROPOSER :

    UN GUIDE ET UNE PLATEFORME DE CONCERTATIONS NATIONALES ET DE NÉGOCIATION POUR UNE SORTIE DURABLE ET HONORABLE DE LA CRISE AU MALIENNE.

    Ce n’est qu’ensemble, à travers la participation, que les Maliens devront inventer et créer le futur qu’ils souhaitent pour eux et pour leurs enfants.

    Bien cordialement
    Dr ANASSER AG RHISSA
    Expert TIC ET GOUVERNANCE
    E-mail: [email protected]

Comments are closed.