Un Casque bleu blessé mercredi au Mali dans une attaque imputée aux jihadistes a succombé, portant à quatre le nombre de soldats ivoiriens tués dans les rangs de la mission de l’ONU (Minusma), a indiqué cette dernière jeudi.
La Minusma a perdu 145 de ses membres en raison d’actes hostiles depuis son déploiement en 2013, a indiqué son porte-parole Olivier Salgado, ce qui en fait la mission de paix de l’ONU la plus meurtrière au monde.
Le chef de la Minusma Mahamat Saleh Annadif a contesté une éventuelle recrudescence d’attaques liée à la libération par les autorités maliennes de quelques 200 prisonniers dans le cadre d’un échange en octobre.
Il a fait valoir auprès des journalistes que la Minusma et les forces étrangères étaient attaquées de longue date.”Nous venons d’apprendre avec tristesse que, suite à l’attaque d’hier, un quatrième Casque bleu a malheureusement succombé à ses blessures”, a dit le porte-parole de la Minusma sur les réseaux sociaux.
Ivoirien comme les trois premiers, il est décédé lors de son évacuation vers le Sénégal frontalier du Mali, a dit une source proche de l’état-major ivoirien.Ce sont les premiers Ivoiriens de la Minusma tués au combat, a dit cette source.
La Côte d’Ivoire contribue avec un bataillon de 816 hommes à la Minusma, selon la mission. Cette dernière est forte de 15.000 hommes et femmes, dont environ 12.000 militaires, très majoritairement africains, selon l’ONU.
Le détachement de Casques bleus ivoiriens a heurté un ou plusieurs engins explosifs improvisés avant d’être la cible de tirs, selon un mode opératoire courant, ont rapporté la Minusma et l’état-major ivoirien.
L’attaque a eu lieu au nord de Bambara Maoudé, sur l’axe entre Douentza (centre) et Tombouctou (nord-ouest), dans une région qui est l’un des foyers de la violence polymorphe qui ensanglante le Sahel.- “Bouffée d’oxygène” ? -Plusieurs autres Casques bleus ont été blessés.Sur les 145 membres que la Minusma a perdus dans les hostilités, 59 ont été tués par des engins explosifs, a dit M. Salgado.
Le secteur où a eu lieu l’attaque est le champ d’action du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM, Jnim en arabe), affilié à Al-Qaïda, et non de l’organisation Etat islamique (EI), active ailleurs au Mali.
Le GSIM a revendiqué l’activation d’engins explosifs improvisés qui ont causé la mort de cinq soldats de la force antijihadiste française Barkhane le 28 décembre et le 2 janvier au Mali.Parlant aux journalistes en visioconférence, le chef de la Minusma a réfuté une recrudescence récente.
“Les engins explosifs nous ont toujours causé des torts, nous ont toujours tué des Casques bleus, nous ont toujours tué des partenaires”, surtout dans cette région du centre-nord malien, a-t-il dit.
Interrogé sur l’éventualité que le GSIM puisse chercher à faire pression en vue de discussions auxquelles les autorités maliennes se sont dites favorables, ou sur un regain consécutif à la libération de plus de 200 prisonniers en échange de quatre otages occidentaux et malien, il s’est montré prudent, sans l’exclure.
La libération obtenue par le GSIM et la rançon qui l’a accompagnée selon lui ont constitué une “bouffée d’oxygène (pour les) terroristes”, a-t-il dit.Mais par ailleurs, sous l’action des forces partenaires dont Barkhane, les jihadistes “ont malgré tout subi d’énormes pertes”, dont des chefs, a-t-il dit. “Peut-être qu’ils font des barouds d’honneur – c’est possible -, peut-être qu’ils veulent discuter – c’est possible -“, a-t-il dit.