Au Mali comme dans plusieurs régions du Sahel, l’utilisation des enfants dans les groupes armés pour atteindre leur fin est un phénomène récurrent. Au cours du dernier trimestre 2020, le recrutement forcé d’enfants a constitué près de la moitié des violences contre les enfants au Mali.
Ils sont innocents. Ils n’ont rien fait pour mériter certaines maltraitances. Pourtant, c’est eux qui continuent de payer un lourd tribut des conflits au sahel. L’instrumentalisation des enfants par des acteurs au conflit est l’un des facteurs les plus inquiétants des conflits dans le sahel. « Ce que j’ai pu observer [dans le sahel ndlr] au cours de ce mandat, c’est que l’ennemi s’est durci. Il n’hésite plus à recourir à des enfants soldats. Ces derniers sont endoctrinés et entraînés au maniement des armes », déclarait le général Pascal Facon, ex-chef de la force Barkhane, en juillet 2020, lors d’une visioconférence.
Cette situation s’est beaucoup accentuée durant le dernier trimestre 2020 au Mali. Selon le dernier rapport trimestriel du secrétaire général de l’ONU sur la situation au Mali, les recrutements forcés d’enfants ont connu une hausse considérable durant le dernier trimestre 2020. La même source précise que ses partenaires humanitaires expliquent que ces recrutements forcés d’enfants « représentaient 42 % des violations graves commises contre des enfants au cours de la période considérée ».
Au total, 102 enfants, dont 79 garçons et 23 filles, âgés de 12 à 17 ans ont été recrutés dans les rangs des acteurs en conflit au Mali au cours de la période en revue. Parmi ces enfants, 47 ont été tués ou mutilés dans les régions de Mopti, de Gao, de Tombouctou, de Kidal, de Ségou et à Bamako, souligne Antonio Guterres, secrétaire général des Nations unies dans son rapport.
Plusieurs facteurs permettent de comprendre de façon générale, l’augmentation du recrutement forcé d’enfants. « Lorsque les enfants ne sont pas scolarisés, ils sont plus exposés au recrutement par des groupes armés », expliquait l’UNICEF dans un communiqué en mai 2020, à un moment où près de 12 millions d’enfants étaient privés d’éducation en raison de la fermeture des écoles pour limiter la propagation du coronavirus. En plus de la crise sanitaire et son corollaire de rupture éducative, la pauvreté, l’aggravation de la crise sécuritaire ayant forcé plus de 137 000 enfants au Mali à fuir leur localité en 2019, sont parmi tant d’autres facteurs ce qui pousse les enfants dans les mains de leurs bourreaux qui les utilisent non seulement comme combattants, mais aussi et surtout « comme espions, messagers, porteurs, cuisiniers, ou chargés du nettoyage », indiquait l’UNICEF dans un de ses rapports en 2019.
Pour le cas spécifique du dernier trimestre 2020 au Mali, la hausse du recrutement forcé des enfants pourrait bien être tributaire de l’instabilité politique combinée à la deuxième vague du coronavirus. C’est pourquoi il est important que les autorités travaillent à la protection de l’enfance surtout en cette période de crise sanitaire qui vient s’ajouter à une crise sécuritaire préexistante. Tant que les enfants ne sont pas à l’abri de ces recrutements forcés, il sera difficile d’espérer sur une quelconque victoire contre cette crise sécuritaire.
Fousseni Togola
Nous sommes dans une situation systémique dont la complexité et sa complication font que nos dirigeants ne pèsent pas les conséquences, c’est regrettable. Nous sommes dans pays qui risque de perdre sa souveraineté un jour si rien n’est fait rapidement, car il y a trop, trop, trop de fourberies et de cinémas dans la gestion du pouvoir. Nous sommes dans l’oeil du cyclone, alors que les dirigeants croient que tout est normal, c’est aberrant et inacceptable.
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