Mali: Paris et l’Afrique veulent aller vite, Washington freine

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De jeunes combattants islamistes, dont deux mineurs, dans le nord du Mali, le 27 septembre 2012.

La volonté de la France et des Africains d’obtenir rapidement le feu vert de l’ONU à l’intervention d’une force internationale dans le nord du Mali aux mains d’insurgés islamistes se heurte au scepticisme de Washington, qui doute de la capacité de Bamako et de ses voisins à mener à bien l’opération, selon des diplomates. 

“Les Etats-Unis ne sont pas satisfaits des préparatifs de la Cédéao (Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest) pour cette mission, ils n’ont pas confiance dans la capacité des troupes africaines et de l’armée malienne à faire le travail”, a expliqué un diplomate occidental.

Washington, explique-t-il, “voudrait deux missions différentes: une pour soutenir l’armée malienne et faciliter le dialogue politique, et une autre pour combattre les groupes terroristes” comme Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), qui ont pris le contrô le du nord du Mali.

Bamako et la Cédéao ont soumis à l’ONU des plans pour une force internationale de 3.300 hommes et demandent au Conseil de sécurité d’autoriser rapidement son déploiement. Le Conseil doit se prononcer sur la base d’une résolution préparée par la France, qui espère son adoption avant Noël.

Pour le secrétaire d’Etat américain adjoint aux affaires africaines Johnnie Carson, qui témoignait mercredi devant une commission du Sénat, les plans de la Cédéao “ne répondent pas à plusieurs question essentielles”, dont les “capacités des forces maliennes et internationales de réaliser les objectifs de la mission” et son financement.

Lors de consultations à huis clos mercredi au Conseil, la France et les pays africains, notamment l’Afrique du sud, ont poussé à une adoption rapide de la résolution.

Le texte, qui doit être soumis par Paris à ses 14 partenaires en début de semaine prochaine, autorisera l’envoi à Bamako de la force, baptisée Mission internationale de soutien au Mali (Misma).

Des instructeurs européens s’efforceront de rebâtir l’armée malienne, en piteux état, en prévision d’une reconquête du nord qui ne pourra pas commencer avant l’automne 2013, selon le patron des opérations de maintien de la paix Hervé Ladsous.

“Poker” 

Parallèlement, la résolution appellera à un dialogue national à Bamako et à une réconciliation entre le gouvernement malien et les touaregs sécessionnistes du Nord.

Washington traite cette crise comme “un problème de terrorisme”, déplore un diplomate qui souligne cependant que tout le monde s’accorde sur la menace que fait peser la présence au Nord-Mali de groupes comme Aqmi.

Le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon a publié de son cô té un rapport où il souligne abondamment les risques de l’opération, notamment en termes de violations des droits de l’homme, ce qui a refroidi les ardeurs guerrières et fortement irrité les Africains.

Dans ces conditions, les tractations autour de la résolution risquent d’être ardues même si, souligne un diplomate occidental, il n’y a “pas d’objection fondamentale à l’approche française, en dehors des Etats-Unis”.

Au final, affirme un autre diplomate, “il y aura une résolution autorisant la force mais ça va être compliqué”. “C’est un jeu de poker, les Américains ne vont pas mettre leur veto”, ajoute-t-il.

Les autres Européens du Conseil, Royaume uni et Allemagne, sont en faveur de l’autorisation, avec des précautions comme une priorité donnée à la réconciliation politique sur le volet militaire, et Russie et Chine ne devraient pas s’y opposer.

Des questions se posent cependant sur le passage de la phase d’entraînement à la reconquête du nord, ou sur le financement d’une opération qui devrait coûter au moins 200 millions d’euros. Paris a demandé au secrétariat général de l’ONU d’estimer une éventuelle aide logistique de l’ONU à l’opération, qui serait aussi financée par l’Union européenne, les Etats-Unis et la France.

(AFP) / Vendredi 7 Décembre 2012

 

Commentaires via Facebook :

20 COMMENTAIRES

  1. Le Mali doit revoir sa diplomatie!Tout porte à croire que nos ambassadeurs acrédités aux USA et à l’ONU sont entrain d’encourager le dialogue avec je ne sais qui alorsque tout le reste du peuple malien avec nos ambassades en Europe ne voient que l’option militaire!
    Qu’attend le gouvernement CMD pour rappeler ces diplomates QUI SONT CARREMENT EN PORTE A FAUX AVEC LE RESTE DU PEUPLE et qui rapportent n’importe quoi aux américains sans se soucier même de la préocupation de notre peuple: LA LIBERATION DE NOTRE TERRITOIRE OCCUPE PAR DES DJIHADISTES! 👿 😈

  2. Les 2000 hommes du tape à l’œil de l’armée malienne.

    Après le déblocage des armes achetées en dernière minute et dans la panique par ATT puis bloquée sur ordre de la Cedeao au port de Conakry après les événements du 22 mars 2012, l’armée malienne, huit mois après, lance aussi presque dans la panique et la précipitation comme lors de l’achat des armes bloquées, une opérations de recrutement de 2000 hommes dans l’armée, au moment où certains représentants de l’Onu parlent de septembre 2013 pour une intervention militaire au nord de notre pays.

    Et pourtant les trois régions du pays sont tombées sous occupations islamistes et alliés depuis le 1 avril 2012, et les autorités transitoires ne jurent que pour l’intégrité du territoire national y compris par la force:

    – “…Nous allons les traquer jusque dans leur dernier retranchement…” dixit le Capitaine Sanogo dans un communiqué Cnrdre mars 2012;

    -“…une guerre implacable…” Dixit Dioncounda Traoré, lors de son investiture le 12 avril 2012;

    -“…la guerre qui met fin à la guerre…”
    Dixit Cheick Modibo Diarra, revue de troupes à Ségou.

    La question qui nous vient à l’esprit est comment ces trois hommes, au sommet de l’état malien, peuvent affirmer avec force et sans ambiguïté le recours à la force pour récupérer nos terres et n’avoir pas lancé depuis huit mois aucune action de recrutement au sein de nos forces armées et de sécurité s’ils savaient qu’elles avaient un déficit réel en hommes sous le drapeau?

    Ou bien en mars, avril et mai 2012, nos autorités n’avaient ils aucune idée de la capacité opérationnelle de l’armée et de ses besoins en hommes?

    Qu’est ce qui se passe dans l’armée pour qu’on n’y ait aucune évaluation claire des besoins en termes d’équipements, d’hommes de toute grade, de formation, eu égard aux menaces qui nous guettent et ce, sous ATT comme sous la transition malgré une flopée d’officiers supérieurs?

    Une chose est claire, une formation en centre d’instruction, C.I, prend normalement 6 mois de durée et un processus de recrutement massif avec les différents tests physiques, médicaux, psychologiques, et toutes leurs gestions administratives et les sélections qui y suivent peuvent prendre jusqu’à deux mois.

    Donc recrutement et formation des 2000 jeunes dans l’armée, s’ils sont faits correctement prendront minimum 8 mois.

    C’est à dire que nous ne pourrions voir les 2000 jeunes recrues, opérationnels qu’en fin juillet 2013, au plus tôt, dans le cas d’une formation bien faite.

    Le temps d’intégrer leurs unités d’affectation et de s’accommoder d’un commandement unifié d’une éventuelle opération militaire étrangère pour une contre offensive contre les islamistes du nord, nous arriverons au mois de septembre 2013 de Romano Prodi, l’envoyé spécial du secrétaire général de l’Onu pour le Sahel.

    De deux choses l’une, soit l’armée malienne manque d’hommes et la réalité est cachée aux maliens (et nous devrons prendre le temps pour nous préparer comme le disent les américains et l’ONU), soit elle ne manque pas d’hommes, et la nouvelle campagne de recrutement des 2000 hommes est une opération de communication tape à l’œil sans réelle justification militaire pour une réelle reconquête immédiate des régions nord du pays.

    Dans tous les cas, le ministre de la défense nationale et le chef d’état major général des armées doivent nous dire pourquoi ils ont mis autant de temps pour exprimer leurs besoins en hommes depuis la débâcle de l’armée malienne en avril 2012.

    La dure réalité est que, que ce soit les commandes d’armes de dernière minute d’ATT, ou les recrutements de 2000 de dernière minute de Yamoussa Camara, l’armée malienne semble manquer cruellement de tout sens de planification et d’anticipation, et nos officiers supérieurs actuels comme les généraux du “repli tactique” d’ATT ont la même stratégie de gestion de crise, celle de la fuite en avant et du tape à l’œil.

    Malheureusement cela se paie cash quand l’ennemi frappe à la porte.

    Que Dieu sauve le Mali.

  3. Hollande est pour la guerre parce qu’il est jaloux de Sarkosy .Obama lui est plus intelligent ,il veut savoir ou il va mettre les pieds et avec qui 😉 😉 😉 depuis le temps que les USA demandent que Sanogo degage et qu’il est toujours là !! alors debarrassez vous de l’ivrogne de Kati

  4. Merci Dr,
    Depuis que je suis la crise malienne-depuis le début de l’année- c’est cet article qui fait le point sur une feille de route dépassionnée de sortie de crises,car il est scientifique et contient une proposition tenant compte de la complexité des crises au Mali (defiance des jeunes vis à vis de l’ancienne classe, déconfiture de l’armé, confusion au niveau des institutions de la transition, marginalisation de touregs dont les révendications séculières ne sont pas satisfaits malgré les différents accords…).
    Ainsi expliqué, il est facile de comprendre la position tenue par Ban Ki Moon et de ce qu’il faut faire.

    • Bonjour,
      Merci de votre commentaire et merci d’avoir apprécié ma contribution.

      RELISEZ MA PROPOSITION DE SORTIE DE CRISE, pour ce faire se référer à ma lettre ouverte que j’ai adressée au Président du Mali et aux Maliens, ELLE EST BASÉE SUR UNE GUERRE STRATÉGIQUE INFORMATIONNELLE POUR ÉLIMINER LE TERRORISME.

      Ce n’est pas la première fois que j’écris un article sur ces aspects.

      Bien cordialement
      Dr ANASSER AG RHISSA
      EXPERT TIC ET GOUVERNANCE
      E-mail: Webanassane@yahoo.com

  5. En visite hier à Alger, William Burns, secrétaire d’Etat adjoint américain chargé du Moyen-Orient, a déclaré, lors d’une conférence de presse à l’ambassade américaine : «Nous appuyons les efforts de l’Algérie en faveur d’un dialogue politique entre le gouvernement malien et les Touareg.»

    Pour la sortie de crise au Mali voici la solution:

    1- équilibrer le pouvoir entre le sud et le nord : une fédération ou une large autonomie pourrait être la solution.

    2- un plan Marshall pour le nord (développement des infrastructures : routes, ponts, université etc …)

    3- une véritable paix entre les ethnies( ne pas avoir l’impression que le pays se résume au Mandé)

    4- Donner un nouveau nom au pays: je propose les états unis du sahel: EUS

    5- une nouvelle monnaie EUS

  6. Les américains n’ont pas attentu une aide extérieur pour bouter les anglais hors de leur téritoire pendant la guerre d’indépendance.

    • Le problème n’est pas là bas mon chère
      le problème qu’on personnel crédible dans l’appareil politique justement.

  7. Résumé:

    L’INDISPENSABLE SUPPORT INFORMATIONNEL, LA COORDINATION ET SYNCHRONISATION NÉCESSAIRES DE LA GUERRE STRATÉGIQUE DE RENSEIGNEMENTS SUR LE TERRORISME POURRAIENT COMMENCER A TRAVERS LA COOPÉRATION INTERNATIONALE AUTOUR DU MALI.

    IL SERAIT JUDICIEUX QUE LE MALI SOIT ASSOCIÉ TRÈS TÔT.

    Summary:

    THE INDISPENSABLE INFORMATIVE NECESSARY SUPPORT(MEDIUM), THE COORDINATION AND THE SYNCHRONIZATION OF THE STRATEGIC WAR OF INFORMATION ON THE TERRORISM COULD BEGIN THROUGH THE INTERNATIONAL COOPERATION AROUND MALI.

    IT WOULD BE SENSIBLE THAT MALI IS VERY EARLY ASSOCIATED.

    Bonjour,
    Ne pouvant pas intervenir directement au Mali, compte tenu de leur loi,les États Unis pourront aider l’Afrique surtout sur la surveillance et les informations précises, sur les terroristes au Mali, nécessaires pour une guerre informationnelle (guerre stratégique de renseignements sur le terrorisme).

    Ces informations doivent être collectées, corrélées et sécurisées sur une longue période pour garantir leur fiabilité et pour rendre efficace la guerre au Nord Mali en réduisant, voire en évitant, les dégâts collatéraux dont parlent les Américains et l’ONU.

    Cette collecte doit s’amplifier et s’étendre aux pays du champ et même au niveau international pour aider le Mali, la CEDEAO et L’UA à rendre la guerre plus précise et mieux ciblée car :

    (1) la population et les terroristes se trouvent aux mêmes endroits, souvent, sans que la population locale le sache,

    (2) les terroristes peuvent passer d’un pays à un autre et ils fonctionnent en réseau. Avec Al Quaeda et AQMI, ce réseau est régional et mondial.

    (3) la guerre s’effectuera dans une zone du sahel, il faut être habitué ou s’y adapter.

    C’est tout cela qui rend cette guerre, au Mali, difficile.

    Pour la gagner, il faut la préparer à l’avance et sérieusement avec une excellente coordination et synchronisation entre les pays et avec l’aide précieuse de la population du Mali, en particulier la population locale, des pays de la sous-région et des partenaires au niveau international.

    De ce fait, l’emploi des drones (avions sans pilote) plus précis et à grande portée de surveillance serait souhaitable.

    Étant donné, comme dit l’article que les plus précis, d’une grande portée d’attaque, se trouvent en Europe, des autorisations de vol des pays du champ (exemples, l’Algérie, le Niger, le Burkina, La Mauritanie, la Libye, le Tchad, …) doivent être cherchées longtemps à l’avance pour ne pas entraver une opération qui doit être rapide et qui ne doit pas échouer ou être retardée.

    De ce point de vue aussi, la synchronisation entre les différents pays est indispensable.

    Ainsi, il serait souhaitable que soient lancés en parallèle, l’autorisation de la guerre à délivrer par l’ONU, le support informationnel de la guerre stratégique de renseignements sur le terrorisme à travers la coopération internationale (CEDEAO, UA, France, USA, UE, ONU, …) et la négociation entre Maliens.

    En plus, de permettre une sortie durable de la crise Malienne, cette dernière doit préparer psychologiquement les Maliens à la guerre contre le terrorisme en évitant la guerre civile.

    Bien cordialement
    Dr ANASSER AG RHISSA
    Expert TIC et Gouvernance
    E-mail: Webanassane@yahoo.com

      • Bonjour,
        Merci Ditous pour votre commentaire.

        Ce que j’ai écrit interpelle tous les Maliens pour aider à sortir durablement de la crise, en collaborant à travers la fourniture de renseignements sur le terrorisme.

        Ainsi, une base d’intelligence collective sera constituée de toutes ces informations et renseignements sur le terrorisme.

        C’est ainsi que, de façon précise, on éliminera le terrorisme avec des actions ciblées.

        Bien cordialement
        Dr ANASSER AG RHISSA
        EXPERT TIC ET GOUVERNANCE

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