NOUAKCHOTT – (AFP) – Les armées mauritanienne et malienne ont poursuivi lundi leurs opérations au Mali, trois jours après un raid de l’armée mauritanienne contre une base d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) qui, selon Nouakchott, a fait 17 morts, quinze djihadistes et deux soldats mauritaniens.
Ces opérations de ratissage, menées conjointement, ont lieu dans et autour de la forêt du Wagadou, située dans le nord-ouest du Mali, à 70 km de la frontière mauritanienne, que les deux armées ont investie, chacune en contrôlant un secteur déterminé.
Il s’agit, selon des sources mauritaniennes, de pourchasser les derniers membres d’Aqmi qui avaient établi dans cette forêt "un campement", dont l’état-major de l’armée à Nouakchott a affirmé qu’il a été "totalement détruit" lors du raid mené vendredi par les seuls soldats mauritaniens.
Lors de ce raid terrestre soutenu par l’aviation, quinze membres d’Aqmi et deux soldats mauritaniens ont été tués, cinq autres blessés, selon l’état-major mauritanien qui a indiqué que la base d’Aqmi abritait de "l’armement lourd anti-char et anti-aérien" et constituait une "menace" pour la Mauritanie.
Onze islamistes arrêtés dans cette zone ont été transférés lundi à Bamako, selon un officier de l’armée malienne. La plupart d’entre eux sont Mauritaniens et ils devraient être rapidement entendus avant qu’une décision ne soit prise les concernant.
Une grande partie de la presse mauritanienne criait victoire lundi et rendait hommage aux deux soldats tués qualifiés de "martyrs".
Le résultat positif du raid, notent les observateurs à Nouakchott, est de nature à calmer l’opposition qui avait dénoncé le manque d’informations sur les engagements en cours et le départ du président Mohamed Ould Abdel Aziz à Pretoria pour une réunion de l’Union africaine (UA) sur la Libye.
Le chef de l’opposition, Ahmed Ould Daddah, avait regretté cette absence du chef de l’Etat "alors que son pays se trouve en guerre".
Selon Isselmou Ould Salihi, journaliste spécialiste de la branche maghrébine d’Al-Qaïda, "tout semble étayer le succès de l’opération mauritanienne".
Il évoque en particulier "les véhicules et corps calcinés" frappés par les avions de l’armée mauritanienne, l’arrestation de neuf "fuyards" d’Aqmi par l’armée malienne et "le peu de dégâts côté mauritanien, à en juger par le petit nombre de parents de soldats blessés devant l’hopital militaire" de Nouakchott.
"Cependant", ajoute-t-il, "les deux armées doivent observer toute la prudence face à une possible guérilla dans la forêt" du Wagadou, une forêt dense de 80 km de long sur 40 km de large, "où la situation se compliquera" avec l’arrivée prochaine des pluies.
Le Mali et la Mauritanie sont parmi les pays les plus touchés par les activités d’Aqmi, avec le Niger et l’Algérie où cette organisation a ses racines. Elle possède des bases dans le nord du territoire malien d’où elle organise dans le Sahel des attentats et des enlèvements – essentiellement d’Occidentaux – ainsi que divers trafics.
Aqmi retient depuis la mi-septembre 2010 quatre Français enlevés à Arlit, dans le nord du Niger, ainsi qu’une Italienne enlevée le 2 février dans le sud de l’Algérie.
Face à cette situation, la Mauritanie avait déjà mené à partir de juillet 2010 et pendant plusieurs mois, avec le feu vert de Bamako, des opérations militaires contre des bases d’Aqmi.
Le conflit en Libye d’où arrivent dans le Sahel des armements de tout type, y compris des armes lourdes destinés à divers groupes, dont Aqmi, aggrave les inquiétudes des dirigeants de ces pays.
Le 12 juin, l’armée nigérienne a saisi 640 kg d’explosif, dont du Semtex tchèque, et 435 détonateurs, en provenance de Libye, selon des sources militaires.
AFP