Mali : l’intervention militaire grève le budget français

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La question du coût des opérations militaires françaises au Mali, qui devrait être rendu public, se pose en temps de crise.

L’intervention militaire française au Mali pèsera lourdement sur le budget des opérations extérieures des armées (Opex) et révèle déjà des insuffisances en matière de transports, un domaine pour lequel la France est contrainte de faire appel à ses alliés. Combien ça coûte ? “Je ne peux pas l’évaluer encore. Tout cela sera public, évidemment” : une semaine après le début des opérationsJean-Yves Le Drian doit déjà répondre aux interrogations sur leur coût financier. D’autant que le ministre de la Défense a prévenu que l’engagement “sera long”.

Concrètement, les crédits dédiés aux opérations extérieures (Opex) pour 2013 s’élèvent à 630 millions d’euros. En baisse d’environ 90 millions par rapport à 2012, en raison du retrait français d’Afghanistan. Mais les économies escomptées du retrait afghan devraient être effacées par l’opération au Mali. “C’est une opération qui durera au minimum une bonne partie de 2013, sinon toute l’année 2013. Ça ne tiendra pas dans le budget”, estime Axel Poniatowski, ancien président UMP de la commission de la Défense de l’Assemblée nationale.

En 2011, année des opérations en Libye, le coût des Opex avait atteint 1,2 milliard d’euros. Il s’agissait alors d’une opération aéronavale très différente de l’intervention au Mali, avec une campagne aérienne de huit mois et le déploiement du porte-avionsCharles de Gaulle en Méditerranée. “Ça n’aura pas d’incidence sur le budget de la défense”, souligne pour sa part Jean-Louis Carrère, le président PS de la commission des Affaires étrangères et de la Défense du Sénat. Quand le budget Opex est dépassé, le gouvernement abonde habituellement les crédits, pour ne pas plomber le budget défense.

Drones en bout de course

Le coût des opérations au Mali dépendra en premier lieu de leur durée. Mais les premiers jours du conflit ont confirmé certaines insuffisances des armées, notamment en moyens de transport et de ravitaillement. Paris a dû demander l’aide de ses partenaires pour acheminer du matériel. La Grande-Bretagne, le Danemark, la Belgique ou le Canada ont accepté de fournir des avions de transport, et les États-Unis devraient également participer.

Autres conséquences financières, les opérations extérieures précipitent l’usure du matériel, en particulier dans des zones éprouvantes comme le Sahel. Les Transall utilisés pour acheminer les troupes sont à bout de souffle, et les deux drones Harfang de l’armée de l’air en bout de course après trois ans de service et 5 000 heures de vol en Afghanistan. “Les militaires disent que les équipements français qui sont déployés permettent à peu près d’assurer une opération comme celle-ci, mais qu’on est vraiment très limite”, souligne Axel Poniatowski.

Autant d’inquiétudes qui viendront alimenter le débat sur le nouveau Livre blanc de la défense, qui devra s’attacher à faire coller les nouvelles priorités stratégiques aux capacités budgétaires de la France. L’opération au Mali peut également servir de vitrine de la haute technologie française, notamment des avions Rafale, engagés dès les premiers jours. L’Inde, qui selon des sources proches des discussions pourrait en commander jusqu’à 189 à Dassault Aviation, avait annoncé son choix après que l’avion de combat français avait fait ses preuves lors de la guerre en Libye.

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