Mali : Le fatidique choix du dialogue avec les groupes rebelles armés

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Un combattant des séparatistes du MNLA
Un combattant des séparatistes du MNLA

Le gouvernement malien s’est engagé à parler avec les groupes rebelles armés du Nord le langage du dialogue. Une posture fidèle avec celle affichée par les différents régimes ayant eu à affronter des rebellions. Mais les régimes d’IBK veut avant tout passer aux cribles les accords de paix passés afin d’éviter une fâcheuse rechute.

 

Voilà quatre mois que les négociations entre le gouvernement malien et les groupes rebelles armés du Nord sont à l’arrêt. C’est pour préparer la reprise du dialogue que le gouvernement, avec l’accompagnement de la MINUSMA, a tenu jeudi et vendredi derniers, des rencontres pour traiter de la question du cantonnement, du processus de démobilisation, du désarmement et réinsertion, la réinstallation de l’administration et des services sociaux dans les trois régions du Nord Tombouctou, Gao, Kidal. Ensuite viendront le temps pour les pourparlers inclusifs qui réuniront les groupes rebelles, le gouvernement et la société civile.

 

 

Il n’y a indéniablement pas lieu de s’étonner ou de s’offusquer, on n’avait pas besoin d’être sorcier pour savoir que la solution aux rebellions armées sortira des tables des négociations. Comme dans un récent passé, les différents gouvernements ont privilégié le dialogue. Et d’ailleurs, une sagesse bien connue de chez nous est claire : « la guerre est inefficace là ou le dialogue échoue. » Tout comme il est clair que plusieurs facteurs dépossèdent le gouvernement d’autre choix que le dialogue, dont le plus important est le fait que les communautés touareg et arabes – dont sont issus les groupes armés- sont aussi fondatrices de l’état républicain du Mali ayant vu le jour le 22 septembre 1960. Ensuite, parce que la méthode musclée employée, d’abord par la première république, n’a pas été efficace pour mettre au garage la machine des rebellions récurrentes au Nord du Mali; une zone déjà bien instable à cause des affrontements entre tribus touareg : Ifoghas, Oulimidaines, Kel Antassar, Kel Air, Kel Ahagars, Regueibats, Imghads… Des affrontements auxquels la première république s’est assigné l’objectif d’apporter une solution, laquelle passerait par, d’abord et avant tout, l’élimination de « la féodalité en généralisant l’éducation universelle et républicaine », l’introduction d’un « mode électoral démocratique comme seul et unique moyen de désignation des chefs de tribus et de fractions. » Ces propositions sont contenues dans un programme politique que le régime de Modibo Keita n’a pas pu conduire à terme.

 

 

Mais cela n’est pas anodin, et prouve à qui veut comprendre que les gouvernements m liens ont été toujours des partisans de la solution politique. Ce qui a d’ailleurs conduit à des accords de paix qui n’ont jamais atténué la souffrance des populations, et régler les difficultés qui ont toujours créé des mouvements de violences dans cette partie du pays. C’est-à-dire que les vrais déterminants des rebellions n’ont jamais été traité comme il se devait : affaiblissement du pouvoir central politique, aggravation des conditions économiques des populations ; ce sont là les véritables raisons de ces rebellions qui, à force de manipulations, reprennent à leur compte des revendication d’indépendance vieille de plus de 60 ans, qui remontent à l’époque de l’Organisation Commune des Régions Sahariennes (OCRS), que la France avait créée « pour récupérer les régions sahariennes de plusieurs pays ( Niger, Mali, Algérie, Soudan) afin de maintenir son contrôle sur les ressources qu’elles abritent » (1) C’est dans cette logique que s’inscrit la démarche de la rébellion du Mouvement National de Libération de l’Azawad (MNLA) qui, comme toutes les autres rebellions, a aussi à n’en plus finir l’argument facile de la, marginalisation du Nord  du Mali.

 

 

En décidant de s’engager dans les négociations avec les groupes rebelles armés, le gouvernement malien relance aussi les débats sur les différents accords passés qui se sont avérés infructueux.

 

 

Les défectueux accords de paix du passé

Lorsque Iyad Ag Ghali, membre de la puissante tribu des Ifoghas, a pris le chemin des maquis à la tête du Mouvement Unifié de l’Azawad (MUA), en 1990, avec d’autres groupes tels que Front Populaire de Libération de l’Azawad ( des tribus Chamen et Amas), l’Armée révolutionnaire de Libération de l’Azawad ( des Imrads), le Front Islamique Arabe de l’Azawad ( des Arabes Kounta et Maures), le gouvernement, ne cherchant que la cessation des hostilités, a signé le 11 avril 1992 « le Pacte National ». Un accord qui fait le black-out sur les veritables causes du manque de développement économique et social : manque d’éducation, féodalité, mauvaise gestion des ressources de l’Etat, absence de projet politique de développement. La mise en place de « fonds spéciaux », le « changement des missions dévolues à l’armée », stipulés par l’accord, ont achevé d’entériner un transfert des responsabilités de l’Etat aux groupes rebelles, créant une poignée des privilégiés, laissant les populations dans la pauvreté et la désespérance.

 

 

Le même scenario s’est produit avec les « Accords d’Alger » que le gouvernement à l’époque a signés lorsque les officiers supérieurs Ibrahim Ag Bahanga et Hassan Fagaga ont allumé la mèche d’une rébellion.

 

 

Les leçons tirées du « Pacte National » et des « Accords d’Alger » ont été que pour faire partie de la catégorie des privilégiés, il faut prendre le chemin de la rébellion.

 

 

C’est pourquoi, le régime d’IBK en préférant encore une fois le dialogue au choix intuitif de la guerre, doit faire preuve de prudence extrême. Il doit placer au centre des négociations les principales préoccupations des populations du Nord : multiplication des points d’accès à l’éducation, à la santé, la protection des populations, la présence de l’armée, promotion de la formation professionnelle…

Boubacar Sangaré 

 

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2 COMMENTAIRES

  1. ” une sagesse bien connue de chez nous est claire : « la guerre est inefficace là ou le dialogue échoue.”

    Je n’y crois pas à cette sagesse car là où le dialogue échoue il faudrait passer par la guerre pour rendre justice surtout en pareille occurrence où nous avons à faire avec des gens borné.Et en plus si la négociation va d’échec en échec c’est parce que les acteurs de négociations sont les instigateurs.

  2. Création du G5 du Sahel
    Les Etats du “sahel” se sont réunis la semaine passée à Nouakchott dans la capitale Mauritanienne afin de procéder à la mise en place d’un Groupe visant à promouvoir la sécurité et le développement au Sahel.

    Pour les plus avisés d’entre nous cela nous rappelle la mise en place du Comité d’Etat-major opérationnel conjoint qui avait été mis en place par l’Algérie, la Mauritanie, le Niger et le Mali. Mis à part une réunion, des bombardements mauritaniens sur des villages maliens et une incursion des forces spéciales françaises à partir du Niger au Mali (Encore) ce projet est un flop total. Les algériens rechignant à collaborer amplement, alors que les 3 autres pays posent des armées plutôt faibles et incapables de mener une guerre correcte contre le terrorisme.

    Alors comme vous êtes bon en géographie vous savez que le Sahel va du Sénégal à l’Érythrée et un pays important comme l’Algérie est exclu de cet organisation, de plus il existe déjà des organisations transsahariennes comme le Cilss, alors on se demande bien quel est l’objectif de ce G5?

    Le président Issoufou déclarait « Quand nous aurons liquidé la pauvreté, nous aurons créé les conditions pour affaiblir le terrorisme et le crime organisé. Pour cela, il est heureux que nous ayons décidé de mutualiser nos efforts pour faire face à ces défis » On comprend alors qu’il s’agit d’une organisation plus économique que militaire et cela ne peut qu’être salutaire, dans la mesure ou la pauvreté est le terreau fertile de l’insécurité et de la criminalité transfrontalière.

    Une large part est donnée aux populations locales, très souvent abandonnées par les Etats, il est prévu « un programme prioritaire d’investissements et un portefeuille de projets structurants accordant une large priorité à la sécurité, à l’ancrage de la démocratie et à la participation des populations à la promotion des zones les moins développées » selon le communiqué final.

    Les pays du G5 ont également demandé un assouplissement de la dette et une aide financière des pays du Golfe, ainsi que des autres partenaires dans le développement des projets.

    J’avoue avoir été sceptique, je le suis un peu moins, juste un peu, mais je pense que cela marque une certaine maturité acquise par nos Etats face au fléau du sous-développement et de la criminalité transfrontalière. Très longtemps les populations de ces zones ont souffert d’un manque d’Etat, de perspectives, la crise au Mali a fini de montrer à quel point il est important de promouvoir la démocratie locale, les projets de développement afin que les populations éloignées des centres de décisions se sentent citoyens à part entière.

    La présence du Tchad, marque la volonté de ce pays après sont intervention au Mali, de rester dans le jeu Sahélien, d’être un moteur, un patron dans la région. L’absence de l’Algérie, marque à mon sens un ras le bol des pays de la région face au géant qui avait tendance à ne jamais vouloir trop s’impliquer dans le Cemoc par exemple, tout en essayant d’imposer ses points.

    Globalement ces pays ont à faire face aux mêmes difficultés dans ces régions et une coordination des efforts, peut en effet être plus efficace que des initiatives isolées.

    En définitive si le G5 prospère nous ne verrons pas d’Operations sécuritaires, mais plus de mesures de lutte contre la pauvreté, il s’agit plus d’un organe de développement du sahel, que d’un outil sécuritaire. Au cumulé la communauté internationale prévoit d’investir près de 8 milliards dans ces 5 pays, coordonner des politiques dans des régions ou il n’y a pas de frontière ne peut pas faire de mal.

    Il est vrai que nous avons l’habitude” des coquilles vides, des organisations aux noms ronflants dépourvus d’un quelconque effet sur le terrain, cependant si le G5 axe sa politique sur le développement du Sahel, il est possible de coordonner et de mener à bien des projets, cependant je suis beaucoup plus sceptique sur le plan sécuritaire. Cependant comme l’a précisé le président Nigérien, liquider la pauvreté c’est aussi liquider le terrorisme.

    Le G5 du Sahel envisage de développer “des infrastructures (dans des domaines) comme le transport, l’énergie, les télécommunications et l’hydraulique ainsi que la sécurité alimentaire, l’élevage, le développement humain et l’adaptation aux changements climatiques”. Sans oublier de prendre en compte les spécificités des peuples nomades qui eux ignorent les frontières.

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