Mali: Le double jeu des touareg et des islamistes

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S’ils affichent leur disposition à dialoguer les indépendantistes touareg et les islamistes armés du Nord-Mali font preuve d’intransigeance, dans le même temps. A quoi sert-il encore de discuter?

Miliciens d'Ansar Dine en patrouille dans le nord-Mali, 20 juin 2012, REUTERS

En dépit des efforts de la médiation, l’on semble tendre vers une confrontation armée dans les jours et semaines à venir au Nord-Mali. En effet, le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) a pris sur lui de créer une république séparatiste avec de nouvelles institutions.

De son côté, le groupe islamiste Ansar Dine, reste attaché tant à la charia qu’à Al Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). Les deux groupes rebelles se disent pourtant prêts à négocier.

En fait, il ne reste plus à la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) que l’aval de Bamakopour intervenir. Mais, y dénicher un interlocuteur fiable semble relever d’un parcours du combattant. Engager les discussions inter-maliennes ne sera pas tâche facile. Pourtant, le Burkina mise toujours sur les négociations.

Aussi, Blaise Compaoré, président du Faso et médiateur de la Cédéao, a-t-il reçu lundi dernier, à Ouagadougou, six membres de la délégation du groupe islamiste Ansar Dine. Officiellement, la rencontre du lundi 18 juin 2012 était une prise de contact. La médiation s’attelle donc, en ce moment, à prendre langue avec les groupes rebelles du Nord-Mali.

Rompre ou ne pas rompre avec Aqmi?

Déjà, le 9 juin 2012, le président Blaise Compaoré avait rencontré une délégation du MNLA qui s’était déclarée «disponible» pour des négociations de paix. Les deux principaux groupes armés du Nord-Mali se disent donc favorables à la négociation. Mais faut-il vraiment continuer de dialoguer avec des gens dont les accointances avec le terrorisme international par Aqmi interposé sont avérées?

Ansar Dine doit rompre avec «les terroristes» d’Al Qaida au Maghreb islamique, a tenu à préciser le ministre burkinabè des Affaires étrangères. Pour lui, il faut que le groupe d’Iyad Ag Ghaly«inscrive son action dans la revendication touareg, (…) bien sûr, à l’exclusion de toute alliance opérationnelle avec des groupes terroristes.»

Ansar Dine qui est loin de nier son attachement à Aqmi, sait donc que tant que ce dernier aura des otages occidentaux entre ses mains, lui, pourra jouer un rôle déterminant dans les négociations en vue de les libérer.

En échange, il aura de fortes chances de figurer à la table des négociations sur l’avenir du Mali, pour y défendre ses prétentions. A Ouagadougou, on ne désespère pas de voir les salafistestouareg se désolidariser de leurs alliés d’Aqmi.

Si Ansar Dine hésite à prendre ses distances avec Aqmi, c’est que pour avoir pris goût aux financements occultes, il deviendra périlleux pour lui de tourner dos à son principal bailleur.

Des interlocuteurs trop intransigeants

Reste également posée la question de la charia sur laquelle Ansar Dine n’entend pas transiger. Ses ambitions sont claires: la charia sur l’ensemble du territoire malien. De quoi faire frémir même ceux qui se réfugiaient derrière la religion musulmane pour refuser à la femme malienne un minimum de droits, à l’occasion des débats relatifs à l’adoption d’un code de la famille et de la personne. Côté burkinabè, face à la charia, on fait valoir la diversité des composantes culturelles du Nord Mali.

Voilà donc deux groupes rebelles irréductibles. En apparence sûrs de leurs arrières, ils n’hésitent point à narguer la communauté internationale. Par leurs actes, ils pourraient même confondre la médiation face à l’opinion. L’avenir nous dira si l’on a eu tort ou raison de leur avoir consacré tout ce temps.

Aiment-ils vraiment les peuples du Sahel dont ils se réclament? Veulent-ils vraiment les voir vivre en paix? A eux de le montrer lors des négociations. L’optimisme, mais aussi la prudence… diplomatiques du ministre Bassolé sont bien compréhensibles. Tant qu’il y aura quelque part dans le vaste Sahel des otages occidentaux…

Il reste l’option militaire

En tout cas, les portes du dialogue restent ouvertes. A défaut d’entente bien négociée, il y a de fortes chances de voir la Cédéao intervenir militairement dans la région, avec notamment l’envoi d’une force militaire de près de 3 300 soldats au Mali.

Il faudra alors se résoudre à bouter hors du Nord-Mali les deux mouvements rebelles qui maintiennent fermes leurs ambitions sécessionnistes et terroristes. Les peuples ouest- africains n’auront pas d’autre choix que celui de s’aligner derrière la Cédéao et l’Union africaine, à l’image des chefs d’Etat béninois et nigérien, qui militent activement pour une intervention militaire rapide dans le nord du Mali. A l’origine de l’invitation au dialogue, le médiateur aura jusque-là joué le rôle qui lui revient.

Mais vu la rapide évolution de la situation, le dialogue entamé prévaudra-t-il longtemps? Il est certes compréhensible de voir le médiateur poursuivre sa mission, tant que la Cédéao ne l’en a pas officiellement désaisi. Mais les jeux sont clairs désormais.

En effet, dans le Nord Mali, vis-à-vis des populations, le groupe d’Ansar Dine qui reste affilié à Aqmi, ne se montre point différent des terroristes dans ses pratiques quotidiennes.

Le MNLA, lui, a pris sur lui la responsabilité unilatérale de proclamer «sa république» sur le même ressort territorial. Reste à savoir comment il entend gérer ce nouveau «bantoustan» sahélien dont, à l’évidence, personne ne voudra en Afrique de l’Ouest. Les deux groupes rebelles dont les éléments se sont affrontés il y a à peine quelques jours, vont donc devoir se réajuster dans la nouvelle entité.

Trouveront-ils un consensus? Sinon, qui s’imposera à qui? De leur double jeu troublant, qui sera l’interlocuteur privilégié de la communauté internationale? Plaise à Dieu que le peuple malien sorte rapidement vainqueur de ce jeu sordide aux intérêts multiples et multiformes.

Source: Le Pays, Burkina Faso (21 juin 2012)

 

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10 COMMENTAIRES

  1. Le problème avec le burkina est que blaise tente de se venger de ce que les maliens lui avaient infligé par le passé,lors de la guerre Mali-burkina.
    A mon Humble avis, je crois que pour résoudre le problème malien nous devons d’abord commencer par remettre un peu d’ordre c est a dire; renvoyer diarra de la primature car j’ai l’intime conviction que nous avons à faire à un escros.
    Faire disparaitre Moussa Traoré puisque ce que nous vivons actuellement sent son odeur.
    Faire revenir Att pour qu’il continue la transition sans cela nous ne pourront jamais nous debarrasser de la honte que les militaires nous ont fait subir.
    Choisir comme futur président un ressortissant du nord en guise de pardon à cette communauté que nous avons hélas trahie

  2. Le probleme du nord malien n,aura jamais sa solution tant que la mediation sera BLAISE ! la plus grosse erreur qu,a commise le MALI etait de choisir un ennemi juré comme mediateur .Je donne ma tete à couper que la situation debloquera en 24h si on choisit le NIGERIA comme MEDIATEUR .
    les maliens doivent savoir que parmi tous les pays frontaliers ,il n,ya que le NIGER et l,ALGERIE qui sont francs pour une solution à la crise .Le souhait ardent du BURKINA ,de la GUINEE ; du SENEGAL est que le MALI devienne une SOMALIE .Les maliens doivent ouvrir grand les yeux et ils verront qu,il y,a quatre grands ennemis qui sont les POLITICIENS MALIENS ,LES REBELS DU NORD ; l,ARMEE MALIENNE ET LES MEDIATEURS .
    Pour conclure je dirai qu,en tant que malien j,ai aujourdhui honte de mon pays à cause des POLITICIENS et l,ARMEE MALIENNE le MALI est aujourdhui plus bas que terre !

  3. SI L,ARMEE NE FAIT PAS LA GUERRE NOUS PEUPLE MALIEN NOUS ALLONS FAIRE LA GUERRE.CES QUOI CA CES UNE HONTE POUR LA NATION,ILS ONT LE COURAGE DE BOUGER QUAND ON PARLE DE CORRUPTION … 😈 😈 😈 😈 😈 JE SUIS REELLEMENT FACHE CHER COMPATRIOTE QUELLE HONTE POUR NOTRE PAYS.VIVE LE MALI,VIVE LES TOUAREG ABBAS LE MNLA ,ANSARDINE

  4. Tu as raison Dogonfama, AQMI=Ançardine! Ce groupe terroriste change de nom en fonction des positions géographiques.On a rien à discuter ni à négocier.ILs sont venus de Libye et d’Algérie avec des armes,ils vont etre chassé par des armes. Sinon,moi aussi je demanderai l’indépendance de ma région(ethnie majoritaire de la région) avec des armes

  5. Les gars sa dix ans que att vous suce le sang et vous l’applaudisez en même temp le malien ne sait pas que ce qu’il veu un pay avec 98pour cent d’iletre et 100pour cent ignorant on va droit dans le mur

  6. Dogonfama a parfaitement raison. On n`a pas besoin de reflechir de midi a quatorze heures pour comprendre que AQMI=MNLA=ANSAR DINE. Alors negocier quoi et avec qui ? Ne perdons pas de temps davantage, je souhaite aue l`armee malienne attaque ces envahisseurs et athees pour liberer totale du nord du Mali. Qu`elle netoye notre pays de ces dechets toxiques !

  7. Moi je me pose la question de savoir quelle type de négociation vous voulez mener avec des gens sans fois ni lois. Le terrorisme a été de tout temps décrié même par les animaux comme les singes par exemple.
    Vous négociez quoi?Passez à la guerre ouverte je vous dis sans quoi nous maliens sommes deçus de l’armée , de la cedeao, des nations unies. En plus, ATT n’est qu’au Sénégal, allez le chercher et jugez-le au vu et au su du monde entier.

  8. basolé,compaoré,boni,issoufou,etc…ne savent pa ce qu’ils font.ils se foute de l’armée et du mali.ils font comme si l’etat et l’armée n’existent pas.et c’est inacceptable ils veule favorisé leurs soldats mal payés dans leurs pays.c’est pour sa cedeao et ua courent deriere l’onu.là bas sa paye bien.l’armée dit qu’elle peut combattre et on a confiance, laissez la faire.mais c’est quoi?blaise ne peut rien negocié il le sait.

  9. “Ansar Dine doit rompre avec «les terroristes» d’Al Qaida au Maghreb islamique, a tenu à préciser le ministre burkinabè…”. Vraiment ca ne va pas. Au point ou nous en sommes, Mr Bassole n’a toujours pas compris que AQMI = Ansar Dine, et que leurs noms ne font que changer en fonction de leurs positions geographiques. Mais cela ne m’etonne guere venant de quelqu’un qui a negocie pour que l’on accorde le statut d’ancien chef d’etat avant d’etre chef d’etat au scelerat de Katiland. On est vraiment dans la merde 😥 😥 😥 .
    Quelle honte!!!

    • Entièrement d’accord avec ce que tu dis! A force de vouloir faire de la diplomatie, Bassolé nous fait surtout perdre un temps fou et de plus, il en arrive à des compromis lamentables. C’est à cause de sa Diplomatie-à-tout-prix, que le bouffon de Kati a pu rouler les mécaniques si longtemps!

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