Mali: Kidal, dans le nord-est, objet de toutes les attentions

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Des soldats français patrouillent à Tombouctou, le 31 janvier 2013
© AFP Fred Dufour

Otages, frappes aériennes sur les combattants islamistes, discussions avec les rebelles touareg: dans l’extrême nord-est du Mali, la localité de Kidal, où des soldats maliens sont entrés jeudi après que les Français eurent pris le contrôle de l’aéroport et ses environs, focalise toutes les attentions dans le pays et à Paris.

Après Gao et Tombouctou, reprises en moins de trois jours du 26 au 29 janvier, Kidal est la dernière grande ville du nord encore aux mains des groupes d’insurgés. Mais cette fois, la France privilégie la négociation, évoquant une “situation particulière”.

Des militaires maliens sont arrivés jeudi dans la ville, a affirmé à Bamako le porte-parole de l’armée malienne, le colonel Souleymane Maïga, qui parle d’une “petite unité de reconnaissance, partie préparer le terrain au reste de la troupe”.

Longtemps tenue par le groupe islamiste Ansar Dine (Défenseurs de l’islam), allié à Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), Kidal venait de passer sous le contrôle du Mouvement islamique de l’Azawad (MIA, dissident d’Ansar Dine) et du Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA, rébellion touareg) quand les Français y sont arrivés dans la nuit de mardi à mercredi.

Le MIA a fait savoir mercredi qu’il s’opposait à la venue à Kidal, à 1.500 km au nord-est de Bamako, de soldats maliens et ouest-africains.

Le Burkina Faso, médiateur dans le conflit malien, est en contact avec le gouvernement de Bamako et les groupes armés MNLA et MIA pour de futures “négociations”, mais elle ne sont pas prévues “dans l’immédiat”, a indiqué jeudi soir à l’AFP une source proche de la médiation.

Kidal et sa région, le massif des Ifoghas, près de la frontière algérienne, sont le berceau des mouvements indépendantistes touareg. Et un lieu de détention “probable” pour les sept otages français au Sahel, selon Paris.

“Il est probable” que les otages “soient dans la région” du massif des Ifoghas au nord de Kidal, a déclaré jeudi sur la radio France-Inter Jean-Yves Le Drian, ministre français de la Défense, ajoutant: “Nous ne perdons jamais de vue, ni d’esprit, ni de sensibilité, le fait qu’il y a des otages français dans ce territoire”.

Sept Français ont été enlevés par des islamistes au Niger et au Mali en 2011 et 2012. Leurs ravisseurs ont menacé de les tuer en cas d’intervention militaire française.

Le massif des Ifoghas est aussi le dernier refuge des combattants islamistes chassés des villes du nord qu’ils occupaient depuis près de dix mois.

L’aviation française a d’ailleurs procédé ces derniers jours à des frappes aériennes “assez importantes” dans la région d’Aguelhok, à une centaine de kilomètres au nord de Kidal, selon Paris.

“Les objectifs visés étaient des centres de commandement, des dépôts logistiques, des centres d’entraînement”, a précisé le porte-parole de l’état-major français, le colonel Thierry Burkhard.

La région d’Aghelhok est, selon le colonel Burkard, “assez logiquement une zone de repli des groupes terroristes qui sont en train de remonter vers le nord”.

Un détachement d’environ 1.400 militaires tchadiens remonte par ailleurs par la route de la frontière nigérienne, où il était positionné, en direction de Kidal, selon Paris.

Que “mijote” l’adversaire?

Sur Radio France International (RFI), le président malien par intérim, Dioncounda Traoré, s’est de son côté interrogé sur la stratégie des groupes islamistes, se demandant “pourquoi il n’y a pas eu de combats, ce que l’adversaire mijote”. Les islamistes “se sont retirés des grandes villes pour ne pas se trouver coincés et ils ont dû se retirer pas très loin de ces agglomérations”, a-t-il ajouté.

Concernant le volet politique de la crise et la perspective de l’après-guerre, M. Traoré a déclaré: “le seul groupe avec lequel nous pouvons envisager des négociations c’est certainement le MNLA, à condition que le MNLA renonce à toutes ses prétentions territoriales”.

Rébellion laïque, le MNLA a renoncé à sa revendication d’indépendance du nord du Mali, d’où il avait été totalement évincé en juin 2012 par Aqmi et ses alliés, Ansar Dine et Mujao.

M. Traoré a estimé que le président burkinabé Blaise Compaoré, médiateur ouest-africain, se “trompe” en pensant pouvoir négocier avec Ansar Dine, à l’origine de l’offensive du 10 janvier vers le sud du Mali qui a déclenché l’intervention française.

“Ansar Dine s’est disqualifié, il n’est plus éligible au dialogue quel que soit par ailleurs le masque que certain d’entre eux ont décidé de porter désormais”, a affirmé M. Traoré, allusion au mouvement dissident MIA.

De son côté, le secrétaire général de l’Otan, Anders Fogh Rasmussen, a salué jeudi l’action “rapide et efficace” de la France mais a indiqué que l’Alliance n’avait pas de rôle à jouer dans la stabilisation du Sahel.

Et à Bruxelles, les ministres européens des Affaires étrangères se sont déclarés “alarmés” des “allégations de violations des droits de l’Homme” au Mali et ont demandé aux autorités de ce pays d'”enquêter immédiatement” sur d’éventuelles représailles contre les Touareg ou les autres minorités ethniques.

Les tensions sont fortes dans le nord du pays entre, d’un côté, les minorités arabe et touareg, dont les membres sont largement majoritaires dans les groupes islamistes armés, et de l’autre les Noirs majoritaires au Mali.

Commentaires via Facebook :

16 COMMENTAIRES

  1. Qu on ne s alarme pas ..il est bien dit que la negociation se fera apres la reconquete des territoires..cela veut dire que l ennemi sera desarme de force sur le territoire Malien. Donc le probleme sera regle facilement…Une base Francaise au Nord securisera le Sahel,le temps que nos pauvres armees Africaines se reconstituent.. Comme on le dit en Anglais” this is a wake up call”….

  2. En tout cas monsieur le président! fait beaucoup attention!! à ce genre de choses car tout ton peuple est contre cette négociation. Au faîte qu’est-ce que Hollande vient faire au Mali si tôt. Si c’est pour vous forcer la main pour ces négociations alors là on est sortit de l’auberge. le peuple n’acceptera jamais cela.

    • @Bijoujo:

      “…..monsieur le président! fait beaucoup attention!! à ce genre de choses car tout ton peuple est contre cette négociation….”

      Parlez pour vous: moi je suis favorable à ce genre de négociations. Et j’espère bien ne pas être la seule dans ce cas. J’espère bien que beaucoup de maliens/maliennes de bonne volonté, intelligents et à l’esprit ouvert, y sont également favorables.

  3. arretez vos conneries ,combien de soldats maliens sont morts etc…..!! Hier Amnisty International acondamné les meutres de 20 civils par des soldats maliens à Sévaré !!!……..Tellement courageux les soldats maliens qu’ils ne s’en prennent à chaque fois qu’à des civils 👿 👿 👿
    Si les soldats français rentraient aujourd’hui à Paris ,dans un mois Bamako serait aux mains des islamistes ,pas du MNLA !!! ne melangez pas tout !

  4. (2)
    Le dialogue doit être mené avec TOUTES les populations du Nord, avec des groupes non-armés et sans base ethnique (donc ni MNLA, ni Ganda Iso/Koy), par exemple le collectif des ressortissants du Nord, les assoc des ressortissants des cercles du Nord, les préfets et maires du Nord, d’autres notables comme les directeurs des hopitaux, de centres de santé, des académies et CAP, des écoles.
    Le maintien de la paix à Kidal doit être assuré par l’armée malienne, dont l’unité d’Ag Gamou (Touaregs loyalistes), et des forces étrangères, sous l’oeil d’observateurs de l’ONU.

  5. (1)
    Le MIA doit être désarmé, ses membres arrêtés le temps d’enquêter sur le massacre d’Aguelhoc et les crimes commis lors des attaques des villes ou sous couvert de charia. Le MNLA doit être désarmé et ses membres arrêtés ou placés sous surveillance le temps d’enquêter sur Aguelhoc et sur les crimes commis dans les villes qu’ils ont attaquées. En cas de refus du désarmement, ils doivent être considérés comme les autres groupes armés.
    L’égibilité au dialogue doit être basée sur des faits. Le MNLA n’est pas de fait légitime parce que composé de Maliens et avec une bonne communication. Il faut établir les responsabilités des chefs du MNLA dans les crimes commis et établir leur légitimité à défendre les Maliens touarègues (Ag Najem représente-ils les Touareg du Mali et leurs souffrances alors qu’il a fait carrière à l’étranger, comme mercenaire de Khadafi?)

  6. M. Le président, sauf votre respect, je pense que vous êtes entrain de jouer avec le FEU. Alors faites beaucoup attention car les Maliens ont toujours en mémoire les faits dont les touaregs du MNLA ont fait subir au peuple maliens – les différents accords, les militaires égorges, la création de l’état de l’AZAWAD sans oublier que ces individus avaient un moment donné publié leur drapeau et autres bricoles, le refus de voir débarquer les formes armées maliennes et ses autres allies sauf l’armée française.
    Si le président Dioncounda entame les négociations avec le MNLA, demain lorsque les sarakolés de kayes prendront les armes un jour soit disant qu’il y a du pétrole quel scénario peut se dessiner ? D e même que les senoufos de Sikasso, les Boua de SAN, le Malinkés du Manding…
    Si j’ai bonne mémoire, je pensais que l’Assemblé nationale, si elle est encore légitime, avait voté lors de L’adoption de la feuille de route du Gouvernement de Transition les députés avaient voté à l’unanimité contre toutes négociation avec le MNLA.
    ALORS
    M. le président se donne t-il le droit de mettre à la poubelle ce vote et se rangé du côté de son soutien de providence qui a intervenu de manière salutaire à Konna le 11 janvier 2013 ?
    Je voudrais aussi savoir les dessous de cette faveur qui est entrain d’être faite à ces Bandits oisifs et paresseux. Depuis l’aube de indépendance les touaregs ne reviennent pas à la raison pour admettre que le Mali est un et Indivisible. Ce n’est pas qu’ils sont de cette zone géographique qu’ils croient leur territoire.
    Les Maliens aimeraient savoir :
    I. Pourquoi le MNLA a été donné, sinon livré ses armes à la Mauritanie pas au MALI ?
    II. Pourquoi veulent-ils être du jour au lendemain des personnes fréquentables jusqu’à aller aider la France à combattre les autres avec lesquels ils ont été en Association ?
    III. Pour revenir sur les propos du Ministre Français de la Défense ‘les Touaregs sont nos amis’, qu’est-ce-que cette phrase laisse entendre en vue de ce qui se passe aujourd’hui sur le terrain ?
    IV. Pourquoi discuter avec le MNLA ?
    V. De quoi discuter avec le MNLA ?
    ATTENTION !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!! NE METTEZ PAS LE PAYS EN DANGER.

  7. Aucun critère sélectif dans la lutte contre l’impunité.De même Kidal est la 8e région du Mali qui doit voir flotter le drapeau national comme dans toutes les autres régions ensuite ceux qui veulent parler déposeront d’abord les armes, se soumettent aux règles républicaines du Mali.
    Il est grand temps que les députés maliens examinent la levée d’immunité pour les “honorables” pas ex de Kidal et Diré et que des plaintes suivent officiellement.
    Les groupes armés MNLA ANCAR DINE MIA ne sont heureusement pas l’émanation et représentation légales ni légitimes des populations Touareg et Arabes du Mali que nous connaissons depuis des siècles.

  8. COMBIEN DE FEMMES SONT DEVENUES VEUVES ET COMBIEN D ENFANTS SONT DEVENUS ORPHELINS A CAUSE DU MNLA? JAMAIS NOUS N OUBLIERONT CES CRIMES COMMIS SUR NOS MILITAIRES

  9. COURTE QUE COURTE SE PAYE PAR COURTE QUE COURTE ET NOS MILITAIRES QUI ONT ÉTÉ LÂCHEMENT ÉGORGÉS A AGUELHOC ?POURQUOI PAS D ENQUÊTES SUR CES CRIMES?

    • 😆 😆 😆 Courte queue se paie par courte queue, on dit 😆 😆 😆
      Ou dites simplement ” oeil pour oeil, dent pour dent 😆 😆 😆
      A tort celui qui a commencé 😆 😆 😆

  10. Quand le Président dit qu’il faut négocier avec le MNLA, la question à éclaircir est de savoir si négociation est synonyme d’amnistie ou d’impunité. S’il s’agit d’impunité à l’endroit du MNLA, MIA ou de tout autre groupuscule criminel, la population se fera justice. Personne n’a de doute à ce sujet. Qu’un leader du MNLA s’amuse à venir aujourd’hui à Tombouctou, Gao ou Bamako, rien ne le sauvera de la vindicte populaire. Les maliens ne sont ni amnésiques pour oublier les crimes commis par les soldats du MNLA promus à l’étranger par ses leaders, ni prophètes pour tendre l’autre joue à une gifle. C’est soit la justice nationale/internationale ou la vindicte populaire…

    • pareil pour les officier maliens qui ont massacré et pillé. S’ils se rendront au nord ce sera la vindicte populaire. Oh pardon un tireur isolé et Dieu sait qu’il y en a

        • Vous avez déjà essayé dans le passé et vs n’y êtes pas arrivé ! Ne réveillez pas le lion qui dort ! Tes nouveaux maîtres ne seront pas éternellement là !
          La prochaine révolte ne fera pas dans la dentelle ! On n’a jamais craint la révolte des serfs ! Nous, on négocie avec tes maîtres les français. Vous, on ne vous attache aucune espèce d’importance !

          • “…..pareil pour les officier maliens qui ont massacré et pillé. S’ils se rendront au nord ce sera la vindicte populaire. Oh pardon un tireur isolé et Dieu sait qu’il y en a….””

            Alors ça, je n’en doute pas.

            ……Maintenant, le problème est, je pense que la situation se complique, quand Iyad Ag Ghaly déclare que son but n’est même pas l’auto-détermination du peuple Touareg,……..mais d’étendre son genre d’Islamisme à tout le pays (il veut probablement dire: “dans un 1er temps”).

            Si le MNLA a réellement décidé de tourner définitivement le dos à ces groupes, disons-le sans ambages, TERRORISTES, des négociations s’imposent avec le même MNLA, sans la participation duquel la gangrène que représentent les narco-trafiquants ne pourra pas être éliminée.

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