Mali : Bouteflika est-il redevable d’une dette historique ?

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Lors de la visite de Soumeylou Boubèye Maiga, l’ex-ministre Malien des Affaires étrangères en 2011

Abdelaziz Bouteflika a-t-il trahi le Mali qui, par le soutien de l’ami de l’Algérie, Modibo Keïta, lors de la guerre de libération nationale, lui aurait permis, de Gao, d’acheminer des armes vers l’Algérie. C’est sur cette dette historique que s’appuie un article de Maliweb pour fustiger la démarche dialoguiste d’Alger.

Un édito quelque peu corsé publié aujourd’hui sur le site maliweb et intitulé “Alger manoeuvre contre Bamako“, énumère les “grandes manoeuvres” d’Adelaziz Bouteflika qui seraient dirigées contre Bamako. A commencer par une “trahison” qui porte un coup à l’aide précieuse apportée par le Mali à la guerre de libération algérienne. “Pourquoi une telle ingratitude envers un voisin qui a contribué à la lutte de libération du peuple algérien, qui accéda à l’indépendance en 1962 ?” lit-on dans l’article cité allant même jusqu’à rappeler que Abdelaziz Bouteflika a séjourné à Gao durant la guerre de libération d’où “il a fait passer des armes à la frontière, au vu et au su des dirigeants maliens” ajoutant que “Modibo Keïta et ses compagnons ont sacrifié les relations du tout nouveau Mali indépendant avec la France au profit d’Alger.” Mais, ironise l’auteur de l’article, “c’était l’Algérie de Ben Bella !” Ainsi, redevable d’une dette historique, Abdelaziz Bouteflika, en tournant le dos au drame malien, trahit les idéaux de novembre 1954.

Les autres “trahisons” énumérées relèvent de l’actualité et mettent en première ligne de mire Abdelaziz Bouteflika: il a reçu Ansar Eddine à Alger. Selon les détails apportées dans l’édito, la délégation d’Ansar Dine étaient composée de” Tena Ould Ahmed et de Hamada Ag Bibi. Le premier est un faucon, considéré comme le père spirituel d’Iyad Ag Aghaly, chef d’Ansar Dine et le second un modéré, député de la circonscription d’Abeïbara, un sous-fifre du même Iyad.

L’autre “manoeuvre” est que “C’est bien Alger qui a transporté son terrorisme sur le sol malien, avec le parti islamiste, le FIS (…) Certains éléments de cette formation politique se sont mués en Groupe Salafiste pour la Prédication et le Combat (GSPC), tueur, preneur d’Européens en otages et fortement présent au Nord du Mali. Le même groupe s’est rebaptisé Al Qaïda au Maghreb islamique (AQMI). C’est une dissidence de cette organisation qui est le Mouvement pour l’Unicité et le Jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao), qui occupe la région de Gao, Ansar Dine ayant la mainmise sur Tombouctou et Kidal.” Une note sacarstique clôt l’article: “Au lieu de négocier discrètement on ne sait quoi, avec Ansar Dine, pourquoi Alger ne négocie-t- elle pas avec ses enfants du Mujao, pour leur retour définitif au bercail? Vivement une résolution de l’ONU pour l’utilisation de la force au Nord du Mali, avec ou sans l’accord d’Alger!

L’esprit de cet écrit frondeur contre Alger trouve-t-il illustration dans la récente tournée d’Abdelkader Messahel dans les pays dits “du champ” ? En quittant ce mardi Bamako pour le Niger, Abdelkader Messahel s’est-il rendu à l’évidence qu’Alger, saluée au passage de manière condescendante pour ses efforts en vue d’une paix au Mali, est devenue, non plus une solution attendue mais un problème de plus qui s’ajoute à une situation explosive. En effet, Messahel n’a cessé de réitérer la démarche du dialogue avec les groupes terroristes d’Al Qaïda à condition que ces derniers déposent les armes ; ce que, depuis sept ans, la concorde civile n’a pas réussi à obtenir des mêmes groupes terroristes sur le sol algérien. Et les maliens ne semblent pas dupes sur ce sujet. Il ne s’agit plus d’une situation de “guerre civile“, de génocides tribaux” comme au Rwanda en 1994 mais bien d’une menace terroriste de la branche maghrébine d’Al Qaïda internationale qui tente de mailler le continent africain, à partir de l’Algérie et du Nord-Mali.

Quand bien même le président malien a reconnu, il y a quelques jours, que la guerre au Nord-Mali ne peut être que l’ultime recours mais il n’a pas du tout envisagé le recours au dialogue comme une abdication devant Al Qaïda. N’empêche: ses propos ont été vite oubliés car pour son Premier ministre, Cheick Modibo Diarra, aucune négociation n’est envisageable avec les terroristes d’Al Qaïda même si ses groupes sont composés de Maliens et de Touaregs maliens. Alger a-t-elle tenté de tirer profit de ces divergences entre le président malien par intérim qui incarne l’institution militaire et son chef du gouvernement qui défend, bec et ongle, la tolérance zéro à l’égard d’Al Qaïda ? On ne sait. Ce qui est sûr, si la délégation algérienne a été quelque confortée à Nouakchott qui reste tout de même vigilante de par son expérience dans la lutte antiterroriste contre Al Qaïda dans la région, de Bamako, pour tout dire, elle est sortie bredouille. Entre Bamako et Alger, le temps de la lune de miel à l’époque du Cemoc de 2011 n’est plus qu’un souvenir enterré du temps pas si lointain où leurs chefs d’Etats Majors respectifs s’étaient donné la main pour faire barrage à toute intervention étrangère au Sahel. Dès lors, le danger pour Alger, c’est une intervention étrangère à ses portes, notamment la France, ancienne puissance coloniale, mais pas Al Qaïda avec laquelle elle multiplie les opérations de charme via Ansar Eddine. C’est sans doute là que s’expriment les opérations manoeuvrières d’Alger dans la région du Sahel…

R. N. / lematindz.net /  Jeudi, 11 Octobre 2012

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3 COMMENTAIRES

  1. 1. Le titre même de ce ministre est évocateur : ministre des affaires africaines et maghrébines. C’est-à-dire que le Maghreb n’est pas en Afrique. C’est aux maliens de prendre leurs responsabilités…
    2. Je ne sais par quel miracle on peut distinguer un terroriste d’AQMI, d’un MNLA/ANE SARDINE complice de terroriste. Vouloir les diviser pour régner a abouti à quoi ? A la limite, à remplacer un voleur/violeur qui se prétend indépendantiste/autonomiste par un voleur/violeur qui se prétend djihadiste. Je suis sidéré par l’attitude de l’Algérie qui semble se contenter de chasser ses terroristes et son insécurité au Mali. A-t-elle réellement intérêt à cela ? Mais je suis encore plus sidéré par la société civile, religieuse, politique malienne qui jusqu’à la marche prévue jeudi (et encore sans les religieux), préférait lancer des communiqués laconiques, des foras inutiles, des marches/sittings isolés, MAIS JAMAIS DE PROTESTATION DE MASSE COORDONNEE POUR SOUTENIR LE GOUVERNEMENT, LA CEDEAO, LES NATIONS UNIES, L’ARMEE MALIENNE (très différente du CNDERRIERE). Pour 1) libérer le nord occupé depuis plus de 6 mois, avec le soutien de la CEDEAO et avec l’appui des troupes d’autodéfense et 2) organiser des élections transparentes à partir d’un fichier biométrique. En attendant le chapelet égrène implacablement : manchots, boiteux, fouettés, lapidés, orphelins, assassinés, fermetures d’usines, d’ONG, d’entreprises, amaigrissement et insolvabilité continus de l’Etat, BREF, LA DESCENTE AUX ENFERS CONTINUE SOUS L’ŒIL IMPASSIBLE DU MONDE. NON ASSISTANCE A PEUPLE EN DANGER…

    • 1/ je ne sais pas si dans tout les gouvernement africains y ce poste de ministre des affaires africaines , mais l’Algérie a créer ce poste ministériel spécialement dédié a concrétiser l’union maghrébine et aussi renforcer les relations avec les pays africains , je pense que cela démontre bien l’inverse de ce que vous avez compris de son titre .

      2/ faut pas faire les autruches les maliens du sud ont un probleme ethnique avec les maliens du nord , et d’aprés les articles et commentaire de maliens que j’ai lu ici c’est clair comme de l’eau de roche … donc selon vous faudrait tout simplement éxterminé tout les touaregues , arabes et autres ethnies maliennes qui ne sont pas d’accord sur le traitement que bamako leur reserve ?? et bien non dans tout la populations du nords y a seulement quelques centaines de vrai terroristes et criminel , certains ne sont pas d’accord d’autre collaborent par peur , d’autre se sente délaissé par bamako qui a fuit avec son armée les abandonnant a leur triste sort sans tiré une balle .. bref ceux la sont maliens et il est obligatoire de négocié avec eux …. bien sur le principe des négociation s’applique qu’on a pas la force nécessaire pour éradiquer l’autre coté ( le plus fort ne négocie pas ) , donc aussi tenir compte de la faiblesse des institutions et armées de bamako , et pour dire que le probleme ne se regle jamais par la force brute (lecon de l’afganistan iraq , Libye ect..) mais bien avec deux front un coté politique pour identifié les bon maliens et les modérés voulant la paix et les désolidarisé des fanatique et un coté militaire pour les fanatiques , faut ouvrir une porte pour ceux qui veulent deposer les armes et travaillé pour la nation malienne … l’Algérie a appliqué cette méthodes avec beaucoup de succès et il serait idiot de pas tenir compte de ces conseils sur le terrorisme

  2. L’Algerie tire les ficelles de la situation du nord Mali
    1)Le but faire de cette zone un no mam’s LAND
    2)La raison l’Algerie pense que le gisement de petrole du nord Mali
    sous terre est relie au sien; d’ou selon leur analyse en cas d’exploitation sera alors partage.
    Et en reference a leur analyse pour garder le gateau il faut destabiliser cette region ainsi il a le magot a lui seul.
    Prenons ce ci au serieux d’ou ce ci est au peuple Malien de se dresser et defendre sa souverainete.
    Recenment la prise des hotages au consulat d’Alger au nord Mali etait un montage et le corps recencenment d’hotage execute n’a jamais ete retrouve et meme l’affaire s’est etoufee donc une pur montage Reveillez vous MALIENS et laisser tomber de cote vos divergences
    et reveilleZ vous POUR VOTRE PATRIE
    Et le comble ces NAIFS d’ANACRDINE ET DU MNLA d’ailleurs tres minoritaires au nord Mali se laissent manipuler et destabilisent le pays. 👿

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