Les autorités maliennes sont sorties de leur silence jeudi sur des évènements survenus dimanche, pour assurer que des frappes menées par l’aviation française visaient bien des jihadistes alors que des villageois ont rapporté des victimes civiles au même moment dans le même secteur.
Les faits qui se sont produits dans le secteur de Douentza/Hombori suscitent depuis des jours les interrogations sur l’éventualité d’une bavure dans le centre du Mali, l’un des principaux foyers de la violence qui ensanglante le Sahel.
Des villageois et une association de défense de l’ethnie peule ont fait état d’une frappe aérienne ayant atteint une fête de mariage et ayant fait une vingtaine de morts dans le village de Bounti. Décrit par plusieurs villageois comme un hélicoptère, l’appareil qui aurait tiré ne pourrait a priori appartenir qu’aux armées malienne ou française, les seules à frapper du ciel malien.
L’armée française a indiqué qu’une patrouille d’avions de chasse français avait frappé un rassemblement de jihadistes et “neutralisé” plusieurs dizaines d’entre eux à l’ouest d’Hombori (donc dans le même secteur). Il n’y a aucun doute sur la nature du rassemblement ni sur le fait qu’il ne s’agissait pas d’un mariage, a dit un responsable militaire. Aucun hélicoptère n’a été engagé, a-t-il dit.
Les autorités maliennes dominées par les militaires depuis le putsch du 18 août 2020 ont livré jeudi une version cohérente avec celle de l’armée française.Un regroupement d’une cinquantaine d’individus, présentés comme membres de la katiba Serma, a été repéré dimanche en fin de matinée, a affirmé le ministère de la Défense dans un communiqué publié sur les réseaux sociaux.”
L’environnement observé n’a montré ni scène de mariage, ni enfants ou femmes. Tous les renseignements recueillis en direct justifiaient que les cibles neutralisées étaient des objectifs militaires confirmés”, a-t-il souligné.La katiba Serma est affiliée au Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans, alliance jihadiste elle-même affiliée à Al-Qaïda.
Des images d’une mission d’observation montrent qu’une trentaine de jihadistes ont été “neutralisés” par les frappes d’un Mirage 2000, selon le ministère. Ces frappes s’inscrivent dans une opération conjointe appelée Eclipse et menée par les forces maliennes, françaises et du G5 Sahel dans cette vaste zone dite des Trois frontières (Mali, Burkina Faso, Niger).
Le ministère a annoncé l’ouverture d’une enquête “pour mieux comprendre ce qui s’est passé”.
Le silence observé par les autorités maliennes jusqu’alors a laissé le champ libre aux spéculations, favorisées par les difficultés d’accès à l’information dans une zone dangereuse et éloignée.
Aucune image n’est remontée de Bounti. Les versions des armées et des villageois divergent au point que la concomitance de deux évènements distincts n’a pu être catégoriquement écartée. Le communiqué du ministère ne mentionne pas Bounti et ne situe pas précisément les faits qu’il évoque.